Le théâtre a réuni quatre metteurs en scène samedi 21 janvier à la cathédrale du Sacré- Cœur à Casablanca. Les intervenants, Mohamed Zouheir, William Mesguish, Samia Akariou, Yassine Ahjam ont parlé chacun de leurs expériences dans le domaine théâtral et ont partagé leurs préoccupations communes. Le sociologue Jamal Khalil a, lui aussi, pris part à cette manifestation. Son rôle, modérer le débat et l’orienter. Ainsi, plusieurs sujets ont été évoqués et passés en revue. Comment faire aimer le théâtre aux gens ? Le théâtre peut-il rapprocher les peuples et les cultures ? Le comédien et le metteur en scène a-t-il pour rôle d’aller vers le public ou est-ce le spectateur qui doit faire l’effort d’aller le voir ? La télévision en tant que médias de masse porte-t-elle préjudice au théâtre? Toutes ces questions ont été au centre des discussions.
Pour Mohamed Zouheir, auteur de «Dar Lamane» adaptée de la Casa de Bernarda Alba de Federico Garcia Lorca, «il faut dégager le théâtre des tréteaux et l’ouvrir au grand public, tout en restant vigilant». En fait, ce metteur en scène parle ici du rôle de la Halqua en tant que manifestation populaire dans l’imaginaire collectif au Maroc.
La notion de théâtre est en effet différente de celle qui existe en France. «Chez nous, le théâtre n’est pas lié au concept de boîte à l’italienne, l’histoire de cet art au Maroc a toujours eu une relation commune avec la Halqua où le conteur qui détient le rôle de comédien, devient le protagoniste n°1» déclare le même Zouheir. . Une réflexion qui n’a pas été réfuté, par William Mesguich. Ce metteur en scène français a parlé, de sa part, de la responsabilité des hommes de théâtre qui est celle de développer les valeurs de tout un chacun, d’éduquer et surtout de pousser au rêve. Un rôle que tous les intervenants ont évoqué, mais qui ne serait malheureusement pas très encouragé. «Très peu sont les intéressés qui viennent au théâtre pour nous voir», souligne Samia Akariou, une nouvelle venue dans l’univers de la mise en scène. La raison à ce manque d’intérêt manifesté à l’égard du théâtre serait, selon cette comédienne, une question d’éducation. «Il faudrait inclure le théâtre dans le programme scolaire et en faire peut-être une obligation pour que par la suite les enfants prennent l’habitude de se rendre au théâtre et de s’y intéresser». L’auteur de Dar Lamane voit, par contre, le problème d’un autre angle: «c’est une question politique car c’est aux dirigeants que revient le premier rôle de favoriser l’accès à la culture». El Mesguish de renchérir : «il faut traiter le mal aux racines». Une façon de montrer son accord avec Mohamed Zouheir. «Le pouvoir a peur des artistes car le théâtre dérange, mais il faut résister», déclare le metteur en scène français.
Cette rencontre a révélé à l’assistance la vision que chacun des intervenants se fait du théâtre.












