Culture

Le traitement du tadelakte

L’histoire du tadelakte est très étroitement liée à Marrakech. En effet, le tadelakte servait naguère à revêtir les murs des hammams de cette ville. Sa résistance à l’humidité le rend particulièrement approprié aux bains chauds. Et si l’usage du tadelakte a été élargi à d’autres domaines, l’achat de la matière première ainsi que le savoir-faire qui peut conduire cette matière à son expression la plus accomplie appartiennent encore aujourd’hui à Marrakech. L’artisan tadelakteur qui travaille aux ateliers «Terra Mia» est marrakchi, son apprenti aussi. L’artisan commence par éteindre les pierres à chaux dans l’eau. Il patiente jusqu’à ce que ces pierres se désagrègent complètement pour former des grains. Le résultat obtenu ressemble à un épais monticule de poudre. Cette poudre est ensuite vannée de façon à obtenir une matière très fine. Puis, l’artisan l’imprègne d’eau dans une bassine pendant 24 heures, une durée indispensable pour que la fermentation de ce qui ressemble à une pâte soit achevée. La deuxième phase dans le traitement du tadelakte commence par l’adjonction à la chaux d’un pigment naturel. La tâche consiste d’abord à recouvrir de cette pâte épaisse à base de chaux pigmentée la surface d’un objet. L’artisan se sert uniquement de ses mains pour mener à terme cette opération. Il prend à deux mains la pâte et en enduit, par des gestes amples, toute la surface externe de l’objet. L’artisan tadelakteur s’arme ensuite d’une truelle sous forme d’un bois à bout arrondi, lorsqu’il s’agit de traiter des surfaces courbes (jarres, vases et bols), ou d’un morceau de bois large et rectiligne lorsqu’il s’agit d’étendre le tadelakte sur la surface plane d’une table. Cette truelle en bois est dite le «fartasse». Et c’est par son entremise que débute le lissage du tadelakte. Travailler le tadelakte par le moyen du fartasse est une besogne longue et pénible. La gageure consiste à rendre lisse une surface tout en lui gardant une épaisseur uniforme. Ce qui oblige le tadelakteur à ajouter de la matière par-ci et à en retrancher par-là. Cette opération dure le temps que le bon vouloir de la matière impose. Lorsque l’argile absorbe vite l’eau de la chaux, le tadelakteur mène un train d’enfer de crainte que le tadelakte ne sèche complètement, ce qui rendrait périlleux son traitement. Mais lorsque la matière tarde à sécher, et c’est ce qui arrive fréquemment, elle oblige le tadelakteur à des moments de pause. Le savoir-faire de l’artisan tadelakteur est indissociable de la patience et de l’humilité dont il sait faire preuve lorsque la matière lui commande le temps de son traitement. La dernière étape dans le polissage du tadelakte s’effectue au moyen d’un galet, pas plus grand que la paume de la main d’un enfant. Ce caillou est de la plus haute importance dans le traitement du tadelakte. «Le secret du tadelakte tient dans un galet », dit maalem Abdelatif, l’artisan tadelakteur des ateliers «Terra Mia». C’est à proprement parler la pierre de touche dans le traitement du tadelakte. Muni de ce galet, le tadelakteur s’attache à frotter dans tous les sens la matière. Ainsi poncé, le tadelakte devient lisse et présente un état voisin de son aspect définitif. Une fois satisfait du résultat de son action avec le galet, le tadelakteur dilue du savon noir dans de l’eau et en imbibe toute la surface recouverte de tadelakte. Cette opération vise à fermer les minuscules gerçures qui apparaissent sur la texture du tadelakte. Telles peuvent apparaître à l’oeil profane les différentes étapes qui transforment, aux ateliers «Terra Mia », un objet informe en une oeuvre en tadelakte. Le reste, c’est-à-dire ce qui amène cette noble matière qu’est le tadelakte à sa naissance, est affaire de doigté, de patience et d’humilité, et seuls ceux qui ont été confrontés au traitement de cette matière peuvent se prévaloir de posséder ce savoir quasi alchimique.

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