Chaque année, une maison d’édition publie en moyenne 13 nouveaux titres sur une période qui s’étale sur 6 mois. Avec une moyenne de tirage de 2000 exemplaires par titre. Une réédition intervient généralement 6 voire 8 mois après la première impression. Sans oublier bien sûr qu’une partie des publications est diffusée à l’étranger. C’est grosso modo le rythme de production d’une maison d’édition au Maroc. Une moyenne respectable pour un marché comme le nôtre. Mais, qui reste insignifiante par rapport à la taille des marchés du livre dans d’autres pays arabes et européens. Et pour cause. Le nombre des maisons d’édition est limité. Ils sont seulement quelque dizaines à investir ce créneau. Conséquence : il n’existe pas de concurrence dans ce domaine. Entre éditeurs, on parle plus de complémentarité que concurrence. La tendance est même de réaliser des co-éditions. Les avantages de cette technique sont multiples : diminution du coût de production et par conséquent du prix du livre, diffusion plus large… Qui fait la concurrence alors ? Ce sont les structures « occasionnelles » de l’édition, comme les imprimeries, qui détiennent des parts conséquentes du marché. Un marché qui se caractérise en outre par sa dualité linguistique. Il existe en effet deux marchés du livre au Maroc : celui du livre arabophone et un autre pour le livre francophone. La cible n’est pas la même. Le lectorat aussi. Les publications francophones sont destinées essentiellement à un lectorat aisé et généralement exigeant côté qualité. Et les publications arabophones ? « ça dépend », estime un éditeur. Car ce marché est instable, à cause notamment des pratiques de certains éditeurs (occasionnels) qui inondent le marché de livres bon marché et de mauvaise qualité imprimés en orient. Tout dépend au fait si le livre est in ou hors circuit. Car au-delà des problèmes de la langue d’édition, c’est une véritable course vers l’instauration de labels de qualité littéraire qui s’annonce. Certaines maisons d’édition cherchent en effet à se positionner comme un label de référence sur le marché marocain. Le dispositif de « certification » est le même dans toutes les maisons d’éditions : un comité de lecture et de sélection des manuscrits. Les critères d’un livre à éditer varient, mais jamais précis: « Un bon livre » ou encore « un livre de qualité » et «juger comme excellent », expliquent plusieurs éditeurs. En dehors de ce schéma, certains auteurs choisissent d’éditer eux-mêmes leurs livres. Ce sont les fameux comptes d’auteurs qu’on retrouve un peu partout dans les librairies. Ces écrits se présentent souvent sous forme de poèmes ou d’autobiographies. La tendance est très mal perçue par les éditeurs professionnels : une nouvelle forme de concurrence, mais aussi beaucoup de mauvaises publications. Malgré tout, ce marché représente quand même 20% du marché de production du livre littéraire. Les ventes restent cependant très limitées : « 5% au meilleur des cas » explique un libraire à Casablanca.