Culture

Les bonnes affaires de la fin d’année

© D.R

Le Nouvel An est célébré par les Casablancais comme une grande fête. Beaucoup de commerces fleurissent en ce jour-là. Les grands hôtels, les restaurants, les nights-clubs, les pâtisseries… diversifient leurs produits et services pour faire plus de chiffre d’affaires. Ils sont servis par la fièvre de ceux qui se font un point d’honneur et de prestige à acheter des produits de luxe et à passer la soirée du Nouvel An dans des lieux chics.
Il en faut pour tous les goûts, y compris certaines traditions d’origine occidentale qui créent une ruée sur des produits particuliers. Parmi ceux-là, il y a, bien entendu, l’huître qui demeure le produit phare de cette période de fêtes, Noël et Nouvel An. Consommées à la maison ou au restaurant, tout dépend des goûts et du pouvoir d’achat. Beaucoup de restaurants ont fait leur spécialité. La gérante d’un restaurant associé à un parc aux huîtres au port de Casablanca témoigne : «La demande augmente pendant les fêtes de Noël et du Nouvel An. Pour le restaurant, nous commençons à recevoir les commandes de réservation de tables depuis le mois de septembre. Pour le prochain réveillon, le dîner sera sur carte de restauration : un choix de crustacés et des huîtres. L’animation sera assurée par un Disc Jockey». Et d’ajouter : «Le fait que nous disposons en plus de notre restaurant d’un parc aux huîtres, nous permet d’approvisionner les grands restaurants et les hôtels de Casablanca. Il y a aussi ce que nous appelons les ventes d’huîtres à emporter pour les particuliers». Bonne nouvelle : «Les prix n’ont pas évolué depuis quatre ans», souligne cette commerçante.
L’animation touche aussi les agences de voyages pour lesquelles c’est la haute saison. Ce qui signifie que les tarifs sont également hauts : «En période de haute saison, la demande est traditionnellement plus forte. Les prix suivent la loi de l’offre et de la demande. Nous ne pouvons pas baisser nos tarifs, du fait que nos fournisseurs ont tendance à augmenter leurs prix. Il faut savoir que les hôteliers imposent des repas couplés avec des réservations de chambres. Généralement, nous n’accordons pas de réductions de tarifs en haute saison comme c’est le cas en période creuse».
Les roses et les fleurs sont parmi les produits les plus demandés en ces périodes de fête. Partout, les fleuristes se frottent les mains. A Casablanca, ceux du marché central et leurs collègues du jardin situé près de l’hôpital Ibn Rochd ne savent plus où donner la tête. Mais, pour cette année, les fleuristes sont très pessimistes concernant leur chiffre d’affaires dans la mesure où les fêtes de fin d’année coïncident cette fois-ci avec l’Aïd Al Adha. Abdelwahid est grand amateur de roses.  Il pratique ce commerce depuis 1987 au marché central de Casablanca : «Ce commerce rapportait beaucoup à l’époque où Casablanca comptait un grand nombre de chrétiens. Les alentours du marché étaient pleins de sapins. Ces derniers temps, les gens achètent de moins en moins de roses. Une seule rose nous revient à près de cinq dirhams. Et les gens ne peuvent admettre qu’une rose puisse coûter dix dirhams», dit-il sans parvenir à cacher son amertume. Un autre fleuriste rapporte que : «l’arrivée des pèlerins et la période estivale connaîssent une forte demande de roses. Les deux jours où l’on célèbre généralement les fêtes de mariage, connaissent une hausse des ventes. Le jour du réveillon, je gagne jusqu’à 1000 dirhams. Alors que les jours ordinaires, je fais entre 400 à 500 dirhams. Mais il m’arrive de ne pas vendre une seule rose».
La majorité des établissements hôteliers n’ont pas un programme spécial pour le prochain réveillon : «Puisque la consommation d’alcool est interdite pendant les fêtes de ce Nouvel An, nous avons choisi de ne pas organiser de dîner de gala comme c’était le cas pour les années précédentes », nous confie un responsable du service marketing dans un grand hôtel au centre ville.
De même de grands artistes qui avaient l’habitude de donner des spectacles la nuit du réveillon ont choisi de se produire quelques jours avant ou après. C’est le cas de la célèbre artiste libanaise Hayfa Wahbi qui a choisi la soirée de 27 décembre pour donner son spectacle au cours d’un dîner de gala à l’hôtel Sheraton : «Nous n’avons pas programmé ce spectacle la nuit du réveillon de peur qu’il n’attire pas assez de public», nous confie l’un des organisateurs de cette soirée. C’est le contraire pour un grand établissement hôtelier qui a choisi de faire plaisir à ses clients. Surtout ceux qui viennent de pays lointains pour fêter le réveillon dans cet hôtel, dont les responsables ont programmé un dîner de gala de six plats au choix à 1000 dirhams avec une animation latino : «Comme d’habitude, la fête commence chez-nous à 20 heures. Nos clients sont de différentes nationalités, dont des Marocains qui tiennent à fréquenter tous les ans notre établissement. Les tarifs des chambres ne changent pas puisque c’est la période haute saison. Bien sûr, notre chiffre augmente au cours de cette période de fête», nous explique un chef de restauration dans un grand hôtel à Casablanca. Le même son de cloche retentit chez les gérants de nights-clubs, qui ont décidé de ne pas ouvrir la veille du Nouvel An : «Généralement, nous recevons plein de monde le jour de réveillon. Nous présentons un menu spécial pour cette soirée : surtout les huîtres dans toutes ses variétés. Le disco commence d’habitude à 11 heures avec un gâteau d’anniversaire préparer spécialement pour fêter le Nouvel An».
Beaucoup de commerces attendent les fêtes du nouvel an pour réaliser des gains consistants. C’est le cas des pâtissiers et des chocolatiers dont les ventes augmentent en flèche pendant cette période : «Généralement, nous faisons jusqu’à 40 000 DH de chiffre d’affaires ce jour-là. Nous avons une grande demande notamment pour les bûches et les autres gâteaux de fin d’année comme les Forêts Noires et le Nougat… », nous confie une vendeuse dans une grande pâtisserie de Casablanca avant d’ajouter que : «Puisque le réveillon coïncide avec la fête du sacrifice, la maison nous a accordé toute la matinée et nous ne reprenons le travail qu’à 14 heures. Mais nous sommes confiants que nous gagnerons beaucoup comme pour les années précédentes». Pour Hasna, propriétaire d’un magasin de chocolat, ses clients ne font pas attention au prix lorsqu’il s’agit de leurs achats des fêtes de fin d’année. «Le chocolat est un produit raffiné et symbole de chaleur et de convivialité. Les Marocains commencent grandement à s’y adonner. Comme tous les commerçants des produits secondaires, je vois mes marges de bénéfice augmenter pendant ces périodes de fêtes», nous déclare-t-elle.
Les gérants de boutiques de prêt-à-porter, de parfums et autres articles plus ou moins festifs déclarent également qu’ils n’ont pas à se plaindre : «Les gens craquent pour tout, les parfums, les coffrets à bijoux et même les peluches dont nous agrémentons notre décoration».
Quant à ceux qui n’ont vraiment pas les moyens, il reste la solution magique: acheter une carte de vœux de bonne année ou un simple objet à moins de 20 dirhams, l’envelopper dans un joli papier cadeau, lui associer un mot d’amour, d’amitié ou de fraternité et faire ainsi le bonheur de son destinataire.

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