Culture

«Les colectionneurs ne sont pas des spéculateurs»

Quelle est l’histoire de cette exposition, dont vous êtes le commissaire ?
Werner Spies : Le projet lui-même avait été décidé par Jean-Jacques Aillagon, président du Centre Pompidou, et moi-même au moment de ma nomination à la direction du Musée national d’art moderne, en 1997. Mais je pourrais aussi bien dire que cette exposition a commencé en 1966, lors de ma rencontre avec Max Ernst. Le Frankfurter Allgemeine Zeitung m’avait demandé un papier sur lui pour son 75e anniversaire. Je l’ai appelé sans hésiter.
Il m’a répondu qu’il se fichait de son anniversaire et de mon journal. Mais qu’il acceptait de me recevoir, par curiosité. Rapidement, nous sommes devenus amis et j’ai commencé mon premier livre, consacré à ses frottages. C’est ainsi que j’ai découvert le surréalisme.
Avez-vous rencontré des difficultés pour réunir un tel ensemble d’oeuvres?
Bien moins que je ne le craignais après les événements du 11 septembre. Des prêts auraient pu être refusés, les assurances augmentées… Or je dois dire qu’il ne manque à l’exposition aucune des pièces essentielles auxquelles je tenais. J’ai bénéficié du soutien exceptionnel du Museum of Modern Art de New York et du Museo Reina-Sofia de Madrid, qui ont accepté de se dessaisir d’oeuvres capitales ; et aussi de celui des collectionneurs privés.
Les collectionneurs d’oeuvres surréalistes ne sont pas des spéculateurs ni des mondains : ce sont des fanatiques, des fétichistes et, pour faire partager leur passion, ils sont capables d’une générosité rare. Près de la moitié de l’exposition vient donc de chez eux.
Quelle peut être la place du surréalisme dans l’art actuel ?
Le surréalisme m’a permis de prendre définitivement mes distances par rapport à ce qui dominait alors à Paris, dans ces années 1960 : la religion de l’informel. Il n’a cessé depuis de donner des idées de liberté. Pas à ceux qui se voudraient des héritiers ou des vestales du surréalisme historique, évidemment. Ceux-là s’enferment dans des poses. Je pense plutôt à des artistes dont j’aime profondément le travail, tel Christian Boltanski. Chez lui, je sens la surréalité à l’oeuvre.

• D’après Le Monde

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