Culture

Les éditions Tarik primées à Dakar

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Il appartient à un salon, doté de l’aura du nom d’un éditeur légendaire en Afrique, de récompenser une maison d’édition révolutionnaire. Le prix d’édition du salon de Dakar doit son nom à Alioune Diop. Ce dernier est très célèbre dans la littérature francophone pour avoir créé une revue, taillée dans l’étoffe de celles qui donnent un coup d’accélérateur à la marche d’une société. “Présence africaine” est riche de textes si vigoureux qu’ils forcent les portes des dictionnaires à s’incliner à leur passage. Senghor et Césaire, qui y collaboraient régulièrement, ont augmenté le vocabulaire de la langue française par la notion de négritude. Le grand André Breton y trouvait la nourriture de sa conscience critique, assoiffé de pensées sauvages. L’héritage de Diop est maintenu vivant dans le salon de Dakar. À preuve, une maison d’édition marocaine est distinguée, alors qu’elle est âgée à peine de 4 ans. Depuis 1999, ses publications ont eu largement le temps de faire parler d’elle. Et les organisateurs du Prix Diop ne sont pas restés insensibles à leur teneur. Le prix Alioune Diop est doté de 1,5 million francs CFA (près 30 000 DH). Ce prix est ouvert à tous les éditeurs francophones. 25 candidatures provenant de 9 pays ont été enregistrées par la Direction du livre du Sénégal, qui organise ce prix en partenariat avec l’Agence intergouvernementale de la Francophonie (AIF). À l’initiative de Marie Louise Bellarbi et Bichr Bennani, les éditions Tarik ont publié 50 titres depuis leur création. Elles sont nées “de la volonté d’enrichir le panorama éditorial local et de contribuer au débat littéraire et intellectuel dans le pays“, selon les termes de Bichr Bennani, directeur des éditions Tarik. Le débat en question a été fortement marqué par des publications qui font la lumière sur la période dite des années de plomb. “Tazmamart, cellule 10“ d’Ahmed Marzouki est le best-seller des éditions Tarik. Près de 45 mille exemplaires ont été vendus en deux ans. Deuxième meilleure vente : «Héros sans gloire» de Mehdi Benouna. Ce livre n’est pas également tendre avec l’Histoire du Maroc. Les publications participant de cet esprit ont valu à Tarik la réputation de maison d’édition carcérale. Bichr Bennani s’en défend : “Quand on étudie le catalogue en entier, la littérature carcérale tient 15% du volume de nos parutions“. Il est particulièrement fier de citer d’autres titres dont le très précieux “Maroc, régions, pays, territoires“ sous la direction de Jean-François Troin. Autre publication diamétralement opposée à la littérature des prisons : les mémoires de Henri Dubois-Roquebert intitulés “Mohammed V et Hassan II, tels que je les ai connus”. Sans compter la collection «Enjeux Planète» qui regroupe douze éditeurs francophones, établis dans autant de pays. Deux titres de cette collection se vendent déjà dans les librairies : « Le mythe du développement » d’Oswaldo de Rivero et « Les mirages de l’aide internationale » de David Sogge. Ils s’adressent à un public de militants, d’étudiants, d’universitaires, de citoyens refusant d’assister, passifs, aux grandes évolutions du monde contemporain. Quand il souligne la diversité des publications de Tarik, Bichr Bennani ne cherche pas toutefois à maquiller la réputation sulfureuse de cette maison d’édition. Il y tient même : “la mémoire fait la force des peuples“.

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