Culture

Les jeux populaires : Héritage ancestral toujours attirant

© D.R

Aujourd’hui comme par le passé, les jeux populaires constituaient l’une des distractions préférées des Sahraouis, qui passent le plus clair de leur temps libre en les pratiquant. Parmi ces jeux, il y a ceux des hommes, jeunes et moins jeunes, ceux des jeunes filles et ceux des dames.  « Malgré la révolution technologique et les changements intervenus dans le mode de vie local, les Sahraouis  continuent d’initier leurs enfants à ces jeux, qui  contribuent,  selon eux, à la formation de la conscience de , l’enfant et à la détermination de son identité sahraouie »,  explique à  ALM Ali Tari, un connaisseur de la culture sahraouie. Ces jeux qui trouvent leurs racines dans le mode de vie local, sont pratiqués dans une ambiance gaie et enfantine. Pour se rendre compte de leur importance dans cette société, il faut juste se rendre aux quartiers populaires des villes des provinces du sud, comme  c’est le cas du quartier Khrsitou ou Kolmina à Laâyoune, dans lesquelles hommes et femmes  se réunissent chez un ami à tour de rôle ou simplement en plein air. Ces jeux peuvent se diviser en deux catégories ; intellectuels et physiques. La première catégorie améliore les capacités intellectuelles du joueur, qui ne doit compter que sur ses talents personnels pour essayer de vaincre son adversaire, comme le célèbre jeu dénommé localement  Dama, ce jeu nécessite beaucoup d’intelligence, et est en partie assimilé à celui des échecs. La seconde catégorie, elle, nécessite un effort physique de la part des deux joueurs, comme le jeu Ardouk, qui est sous forme Catch, dans lequel chaque joueur doit faire tomber l’autre pour pouvoir gagner. A savoir que ce jeu est très pratiqué lors des moussem. Néanmoins le jeu le plus  admiré  par les sahraouis, et qui suscite la passion des personnes, quels que soient leurs âges et  leurs sexes, est bel et bien  le jeu du Sig, qui se déroule généralement sur un amas de sable d’une hauteur de 60 centimètres et ayant la forme d’une bosse présentant deux versants opposés. Le Sig se joue au moyen de Sigat, bâtonnets de 30 à 40 centimètres de longueur, au nombre de 8 et aux facettes colorées différemment  et avec des parties arrières lices et monocolores, ainsi que des cailloux, le tout sur fond de joutes orales entre les deux équipes en compétition. Au moyen des Sigat, chaque équipe se déplace en haut de l’amas de sable en direction de l’équipe adverse pour tenter de faire sortir l’adversaire de la compétition. Le Sig est divisé en deux parties parallèles et égales, qui sont subdivisées elles aussi en deux lignes en pointillés et de petits trous indiquant la zone vers laquelle les bâtons doivent être déplacés. Le jeu possède certaines règles qui interdisent à tout membre de l’une des équipes de se rapprocher de l’amas de sable tant qu’un membre n’a pas réussi un lancer qui retourne le bâton soit en position pile, soit en position face. Un tel mouvement réussi permet au joueur de se déplacer le long des trous en haut du tas de sable en direction de l’équipe adverse et ce, selon le nombre de points marqués.
Le score est déterminé en fonction de la position prise par les bâtons au cours du jeu qui peut durer des heures. Les éléments de jeu, ses outils et l’essence même du jeu établit la similarité entre le jeu et le contexte géographique large du désert, ce qui lui confère une plus grande popularité. En ce qui concerne les enfants sahraouis, ceux-ci optent pour le jeu  du Kabyaba. Celui-ci qui revêt une importance majeure pour eux. Selon les Sahraouis, ce jeu est une sorte d’entraînement à monter les chevaux ou les dromadaires, et les règles sont simples. Le Kabyaba nécessite quatre joueurs dans chaque équipe. Il est ici question d’un jeu collectif où chaque joueur doit monter sur les épaules de  son adversaire et devient, donc, un cavalier temporaire devant faire des passes de balles avec ses adversaires. Ces balles prennent le nom de Lkbab. Parmi les jeux qui subsistent encore, il y a Khmaysa. Jeu très pratiqué par les filles sahraouies  notamment en plein désert et sous les tentes. Ce jeu est le moyen de distraction des filles qui se changent les idées de la routine de la vie quotidienne. Le Khmaysa se joue avec cinq petites pierres. La joueuse doit jeter l’une des petites pierres, et par la suite la récupérer sans faire tomber les autres restantes dans ses mains. « Je pratiquais ce jeu depuis mon enfance, pour me distraire. Il nécessite de l’habileté, d’ailleurs, j’y ai initié mes filles », relève à ALM Raghiya, une jeune sahraouie. Quant au Dama pratiqué  pour les personnes relativement âgées, et qui se  joue durant la matinée, après la prière d’Alâsr , et d’Alichâa, par deux personnes, qui dessinent un carreau de 80 cases  sur une feuille de carton ou tout simplement sur le sable ,chacun d’eux doit conquérir la partie, réservée à son adversaire .
Cette abondance de jeux populaires est source de joie pour les Sahraouis, qui sont fiers de voir leurs descendants conserver et préserver cet héritage, malgré la sédentarisation de la population nomade, et les changements intervenus au niveau de son mode de vie.

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