Culture

Les livres de la semaine

« Au service de l’État », récit et témoignage
« Au service de l’État » est un récit autobiographique qui débute avec un hommage tacite, rendu par l’auteur à une région qui lui est chère; le Tafilalet, sa région natale où il a, également, vécu les plus tendres moments de sa vie. Mohamed Boufous procède, tout d’abord, par une description géographique, avant d’aborder le volet historique de cette région, dont le paysage désertique n’est qu’une succession de sable et de pierres. Un désert où l’on ne peut trouver que « chih ou rih », pour utiliser la formule de l’auteur, qui relate, par la suite, le passé illustre de sa région, celui de la résistance des siens à l’occupation. Une épopée qui se solda par la prestigieuse bataille de Boughafer. L’auteur procèdera ultérieurement à un rappel de l’Histoire du Maroc, des prémisses de l’occupation, les conspirations et les faux prétextes qui ont précédé cette sombre époque, jusqu’au bombardement de Casablanca et la signature du traité du protectorat en 1912 à Fès. Mohamed Boufous aborde alors un moment qui a marqué sa vie. Une situation qu’il qualifie de première chance dans sa vie, celle d’avoir accédé, à l’âge de neuf ans, à l’enseignement moderne. « L’enseignement à Goulmima a été notre bouée de sauvetage. Pourtant certains parents ne voulaient pas laisser leurs enfants à l’école. Il a fallu que les autorités emploient la manière forte pour qu’un garçon au moins par famille soit scolarisé », se souvient l’auteur. Les chapitres suivants traiteront du passage au collège, jusqu’à l’engagement dans la fonction publique. Au lendemain de l’indépendance, il rejoindra la sphère de la justice en tant que greffier, il était âgé de près de vingt ans. Une année qui l’a fortement marqué, non pas à cause de ses premières fonctions, mais par des bouleversements largués inopinément dans sa vie. Natif de Goulmima en 1937, Mohamed Boufous exerça le métier de juge jusqu’en 1971, où il fut détaché au ministère de l’Intérieur pour occuper le poste de gouverneur dans la province d’Errachidia, puis Figuig, Ouarzazate et Oujda. Un parcours qui s’acheva en 1994 où il revêtit la robe d’Avocat.
« La diaspora marocaine », une chance ou un handicap ?
Sociologue, expert en gestion des ressources humaines et auteur de plusieurs ouvrages, notamment sur la communication et les migrations internationales, Mohamed Hamadi Bekouchi s’attelle, cette fois-ci, à livrer une vision sur l’émigration dans sa dimension marocaine, depuis ses préludes. Le livre relève que là où elle vit, la diaspora marocaine se constitue en minorité active et s’adapte au mode de vie local et à ses exigences, créant un monde culturellement composite, sans pour autant perdre son authenticité et son identité. Au tout début, l’auteur entame son ouvrage en rappelant l’évolution palpable, sur les plans sociologique et culturel, que la diaspora marocaine a connue durant une trentaine d’années caractérisées par des transformations profondes. Des transformations inhérentes aussi bien aux qualités dont recèlent les nouvelles générations d’émigrants, que du contexte dont ils sont issus et celui de leurs destinations. « Incontestablement, le passage d’une émigration de main-d’oeuvre provisoire quasiment masculine et analphabète à une émigration familiale, de commerçants et de travailleurs intellectuels constitue sa (la diaspora) principale caractéristique. Durant les années 1960 et 70 les migrants étaient à 90% des ruraux, très peu instruits et sans qualification professionnelle », ainsi commence le voyage où nous emmène Mohamed Hamadi Bekouchi, approfondissant progressivement son analyse et visitant un à un les innombrables recoins de l’émigration. Il faut dire que ces travaux sont enrichis, outre les connaissances de l’auteur, par une expérience qui aura duré cinq ans. Cinq années durant lesquelles M. Bekouchi a sillonné le monde de long en large, à la rencontre de cette diaspora qui fera l’objet de son livre. Durant cette période, il restait à l’écoute, tentant d’apercevoir et de comprendre cette façon de vivre, sans se livrer à quelques jugements de valeur que ce soit. Les sentiments d’appartenance et de solidarité, l’intégration et les nouveaux ports d’attaches, les choix économiques et culturels, ainsi que les désirs et les aspirations de cette communauté, autant de points qui ont capté la curiosité de l’auteur pour en arriver là.
«Le Canada et le programme de développement 2003» Le développement et l’OMC
La sixième édition du Rapport canadien sur le développement (RCD) considère les arrangements commerciaux multilatéraux sous les angles du Nord et du Sud. Elle met en relief les questions de développement, comme celles concernant l’accès aux marchés et l’accord sur la propriété intellectuelle (les ADPIC) de l’Organisation mondiale du commerce, qui ont été soulevées à la conférence de l’OMC à Doha (Qatar) en novembre 2001. Le RCD 2003 présente deux essais. Dans «Le Programme de Doha pour le développement: La voie à suivre», le collaborateur Pradeep S. Mehta (secrétaire général de la Consumer Unity and Trust Society) donne le point de vue du Sud, en examinant le Programme de Doha, en analysant ses questions clés et en évaluant les grands points sur lesquels les pays en développement sont gagnants ou perdants. L’essai fait état des préoccupations que ces pays ont au sujet du système commercial multilatéral, et offre des recommandations de politique pertinentes. Chantal Blouin (chercheuse spécialisée dans le commerce et le développement à l’Institut Nord-Sud) et Ann Weston (vice-présidente et coordonnatrice des recherches à l’INS) présentent un point de vue du Nord, en se penchant sur le rôle du Canada dans les arrangements commerciaux avec les pays en développement et en se concentrant sur l’importance de l’investissement. Leur essai examine également la position du Canada sur les questions de l’assistance technique liée au commerce et l’impact de l’accord sur les ADPIC sur l’accès des pauvres aux médicaments dans les pays en développement, et s’interroge sur la position que la nation devrait adopter sur ces questions à l’Organisation mondiale du commerce.
« L’Automne promet »
« Depuis que tu marches, combien de ‘‘ toi-même  », as-tu perdu en chemin ? » ou encore, une page en arrière, pourrait-on lire : « Deux errants se croisent, ils se regardent à peine, et passent leur chemin, chacun poussant, devant lui, l’ombre de l’autre. » Sauf que, à la place de la virgule, on opterait pour un retour à la ligne. Quoi de plus normal puisque cette oeuvre, signée Abdellatif Laâbi, n’est autre qu’un recueil de poèmes, aussi posés les uns que les autres. Le tout ficelé dans un ouvrage aéré, léger, digeste sans le moindre effort et, bien entendu, d’une agréable compagnie. « L’Automne promet » a notamment la particularité d’être parcouru dans tous les sens, sans trop s’y perdre. Il faut juste oser l’ouvrir, au hasard, à n’importe quelle page et l’on pourrait, selon notre propre perception des choses, faire le lien ou, tout simplement, faire un nouveau départ. L’automne dans toutes ses dimensions; ses couleurs, ses contours, ses trémolos ou ses langueurs… escortera le vagabond solitaire tenté par ses promesses. Il pourra croiser sur une parcelle de son chemin, située en octobre 2001, des prières montant au ciel de Kaboul et qui, à leur tour, croisent des bombes qui ne se trouvaient pas là par hasard. Il pourra également découvrir une sorte de chirurgie intellectuelle, aussi dévastatrice que les frappes dites chirurgicales. Le spicilège est, faut-il le souligner, assorti de notices chronologiques, précédant chaque partie et situant le labeur de l’auteur dans le temps. La traversée a débuté en novembre de l’année 1999 et n’est arrivée à terme qu’en octobre 2002. C’est dire la passion, mais aussi de la patience qui ont prévalu lors de l’élaboration de l’oeuvre. « Une guerre s’achève. Aux suivantes ! La loi du talion, chaque fois révisée, à la hausse. La justice, un peu plus aux ordres. L’Histoire, et ses délires, de plus en plus dogmatiques. Entre deux versions, aussi expéditives, de l’apocalypse. Satan lui-même, ne sait plus à quels mécréants se vouer… ». C’est tout dit !

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