Culture

Les livres de la semaine

« La Corrida », ou la vie d’une Française à Casablanca
Plus qu’une tradition, la corrida est un véritable mythe.
Dans l’arène, deux êtres se livrent un combat à mort. Une victime et un bourreau. En dépit de l’avantage notoire du bourreau et du statut de victime potentielle qui lui colle, celle-ci peut inverser les rôles et prononcer la sentence de celui qui tentait de l’exécuter. La magie et les cultes liés au taureau mêlent l’histoire au merveilleux, le sacré s’ancre dans une réalité quotidienne dont les lois sont propres à chaque civilisation.
En Espagne… ou, pour ne pas trop s’éloigner, à Casablanca la corrida avait droit de cité dans les années soixante. À Casablanca, toujours, vous connaissez certainement le restaurant « La Corrida », mais connaissez-vous réellement son histoire et le mobile qui animait ses concepteurs, l’époque de son faste, les personnalités qui ont coulé des moments merveilleux dans ses jardins ? Avez-vous une idée sur les célèbres toreros, chanteuses et chanteurs de flamenco, danseuses et danseurs et autres célébrités qui l’ont fréquentée ?
Abdellatif Hissouf s’est attelé à rendre hommage à ce lieu et tout ce qui s’y apparente, faisant office de patrimoine et scellant une tranche d’Histoire en leur sein. Il invite Solange Marmanau, cette nonagénaire que vous voyez tous les soirs dans son fauteuil dans un coin du grand jardin, afin de faire un témoignage sur une époque, un témoignage que l’on ne saurait écouter sans ressentir une nostalgie vous traverser l’âme.
« Je suis arrivée en 1950 pour un contrat de travail d’une année (…) Mais si j’étais restée en France, je n’aurais jamais connu Sa Majesté le Roi Hassan II ! Le Maroc est un beau pays. Hélas ! Maintenant on commence à le défigurer. Les entreprises détruisent tout le patrimoine artistique marocain pour construire des immeubles qu’ils disent modernes. A Casablanca, les espaces verts sont devenus rares, on coupe les arbres et on abîme les plantes. (…) J’ai refusé de vendre La Corrida car je sais que les acheteurs détruiront les palmiers de mon jardin pour bâtir un immeuble de six ou sept étages. Ces palmiers vivront tant que je vivrai.», ainsi s’exprime Solange, qui a passé plus de la moitié de sa vie dans ces lieux, ses lieux.
Le livre est un recueil de témoignages d’abord, de poèmes ensuite, enjolivé de photos qui vous feront remonter le temps, de caricatures, en plus d’un livre d’or où moult personnalités de la chanson, du théâtre, du cinéma ou autres ont laissé leur empreinte.
« Oh ! Combien je vous aime,
mes beaux palmiers
Pour m’accueillir avez été les premiers
En ce beau pays où je venais dîner
Un certain soir avec celui que j’aimais
Dans ce restaurant devenu mien
Qui comme à ma vie je tiens
L’un de vous,
très dangereusement se courbait
Ne pouvant accepter sa mort,
Je pleurais
Pour moi,
peu à peu il s’est redressé.
Beaux et fiers,
au ciel la tête vous levez
Et tous les quatre
encore longtemps vous serez
De Casablanca le souvenir du passé
Oh !
Combien je vous aime mes beaux palmiers »
« L’encyclopédie du savoir relatif et absolu »,
de la cuisine au labo

Réunir tous les savoirs de son époque : telle a été l’ambition du professeur Edmond Wells. Mêlant science et spiritualité, physique quantique et recettes de cuisine, ce savant singulier et solitaire a accumulé tout au long de sa vie des informations étonnantes. Un seul point commun à tous ces textes : donner à réfléchir, « faire pétiller les neurones ».
Le professeur Edmond Wells était un homme plein d’humour qui accordait une grande importance à la notion de paradoxe. Mais de tous les paradoxes, le plus étonnant est certainement le statut même de ce personnage puisqu’il n’est, on le sait maintenant, que le fruit de l’imagination fertile de Bernard Werber.
Le livre est en fait une expérience. Il contient des informations que vous ne trouverez pas ailleurs. Des informations dans des domaines aussi étranges ou complémentaires que : les grandes énigmes du passé, les casse-tête mathématiques, les recettes de cuisine étranges, les paradoxes de la physique quantique, des anecdotes inconnues de l’histoire de l’humanité, ou des blagues philosophiques.
« La femme du soldat », loin des yeux
Karima d’un côté, Aziz de l’autre. Chacun confronté à sa propre réalité, pénible et acidulée. Elle, dans un foyer, face à sa belle-famille. Lui, dans les confins du désert, face à l’ennemi. Premier point en commun, ils sont mari et femme. Le second, une solitude farouche, peut-être par rapport à l’autre, peut-être… Qui sait ? « … Karima était passée du désir ardent à une attente langoureuse qui survenait surtout la nuit. Elle se sentait à l’abri du désir dans son lit conjugal, car elle attendait le lendemain avec l’espoir de voir venir la permission et le retour de son mari. Cependant elle appréhendait ces moments-là : à part la première nuit où l’appel du corps était plus fort que tout autre sentiment ; le lendemain commençait une lutte larvée, une guerre de positions longtemps contenue qui éclatait au grand jour. » Moha Souag décrit des moments, des tranches de vie avec doigté, mêlant atmosphères, bruissements et odeurs à son récit. Il dessine des scènes entières, sonorisées qui plus est, avec de simples mots.
Deux solitudes. Chacun cloîtré dans son quotidien, Karima peut toutefois s’estimer plus chanceuse, elle n’a à supporter et à souffrir que des caprices de sa belle-famille. Pendant que ses lendemains sont faits de lutte larvée et de guerre de positions, les lendemains de Aziz, son mari, se déroulent au front, dans un vrai champ de bataille et sont faits d’odeur de poudre, d’éclat d’obus, de sifflements de roquettes et autres mélodies explosives ; un véritable Concerto… de Nobel.
« Tous ces êtres un moment encore sûrs d’eux, pleins de vie et d’espoir n’étaient plus que gémissements, cris et douleur, silence éternel. (…) Un carnage qu’aucun animal n’eût fait subir à son semblable. (…) Le désert s’étendait à perte de vue sous la lune. Quelques feux brûlaient encore dans les carcasses des véhicules touchés par les obus. Les dunes recouvertes d’une couche d’argent répercutaient les cris des hyènes et des chacals qui se disputaient les restes humains abandonnés de l’autre côté. La relève approchait. Aziz somnolait ; mais déjà la chaleur du jour réveillait les essaims de mouches que la fraîcheur de la nuit avait engourdies sur des plaques de sang coagulé recouvrant ici et là, le sable du désert. » » Natif de Boudenib en 1949, Moha Souag exerce le métier de professeur à Errachidia. En 1986, il obtint le « Prix de l’image » au festival du cinéma de Tétouan. RFI lui décernera le « Prix de la meilleure nouvelle » en 1991. Il décrochera une autre distinction en 1998, le « Prix Atlas de la nouvelle ».
Karima fera avec ce qu’elle a, Aziz également. Ont-ils d’autres choix ? Cependant, la permission salutaire interviendra-t-elle ? Sera-t-il un jour de retour ? Restera-t-elle aussi à cheval sur les principes ? Autant de questions auxquelles « La femme du soldat » ne manquera pas de répondre.
« Petit renne au Maroc », le voyage fantastique
Les vacances d’été sont là. Kelvin, le cousin d’Ijjou débarque au Maroc, à Casablanca. Un long et passionnant périple se profile à l’horizon : maman avait promis de faire le tour du Maroc. C’est parti pour une tournée fantastique durant laquelle petits et grands, doudous également, sillonneront le pays à travers ses splendides paysages. En effet, Annick Le Doze a choisi de faire faire ce tour du Maroc, à la découverte des contrées du Royaume, mais aussi à la recherche des parents de Petit Renne, le doudou de Kelvin.
« Qu’as-tu dans ton sac ? » demande Ijjou.
« Mon doudou, c’est un renne blanc » répond Kelvin. « Moi, dit-elle, j’avais un mouton mais il est parti dans la montagne retrouver ses parents.»
Petit Renne n’en croit pas ses oreilles : « Alors moi aussi je pourrai retrouver mes parents » pense-t-il. S’ensuivra alors une quête de papa et maman renne et, aussi, une quête du somptueux patrimoine marocain.

Articles similaires

Culture

Prévue le 17 octobre au Studio des Arts Vivants : Présentation DE «Les hommes sont des femmes comme les autres» à Casablanca

Après avoir conquis la France avec plus de 1.500 représentations et 300.000...

Culture

Le film est un hommage à la force des relations humaines: «Black Tea» d’Abderrahmane Sissako sort dans les salles obscures

A partir du 9 octobre, le nouveau «Black Tea» d’Abderrahmane Sissako sera...

Culture

Foire d’art contemporain africain 1-54 : La galerie L’Atelier 21 y participe

Elle expose les œuvres de quatre artistes

Culture

Elle réunit les œuvres des étudiants d’architecture de l’Université EuroMed Exposition «Architect Mind» à Fès

L’American Language Center de Fès, l’ Arabic Language Institute, l’Université EuroMed de...