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«Les Meutes», «Kadib Abyad» et «Ayyur» : Ces films marocains primés au 76ème Festival de Cannes

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Distinction
Trois films marocains ont été récompensés à la 76ème édition du Festival de Cannes qui a pris fin samedi 28 mai. Il s’agit des longs métrages «Les Meutes», de Kamal Lazraq, et «Kadib Abyad» (La mère de tous les mensonges) d’Asmae El Moudir et «Ayyur» de Zineb Wakrim.

Le cinéma marocain s’est illustré à la 76ème édition du Festival de Cannes qui s’est achevée samedi 28 mai. Ainsi deux longs métrages ont remporté respectivement le Prix du jury et le Prix de la mise en scène de la section «Un Certain Regard», de la sélection officielle. Il s’agit du film «Les Meutes», premier long-métrage du réalisateur marocain Kamal Lazraq, et «Kadib Abyad» (La mère de tous les mensonges) d’Asmae El Moudir. Il faut dire que «Les Meutes», qui a été primé sur scénario dans le cadre du Prix à la Création de la Fondation Gan 2021, raconte l’histoire de Hassan et Issam, père et fils, qui tentent de survivre au jour le jour, enchaînant les petits trafics pour la pègre locale dans les faubourgs populaires de Casablanca. Un soir, un homme qu’ils devaient kidnapper meurt accidentellement dans leur voiture. Hassan et Issam se retrouvent avec un cadavre à faire disparaître.

Commence alors une longue nuit à travers les bas-fonds de la ville. Incarné par deux comédiens non professionnels, Ayoub Elaid et Abdellatif Masstouri, ce drame fait immerger les spectateurs dans une nuit mouvementée à travers les rues de la capitale économique du Royaume. En ce qui concerne «Kadib Abyad», il raconte l’histoire d’Asmae, jeune réalisatrice marocaine, qui se rend chez ses parents à Casablanca pour les aider à déménager. Une fois dans la maison de son enfance, elle commence à trier ses vieilles affaires. Soudain, elle tombe sur une photo : des enfants qui sourient dans la cour d’une école maternelle.

Presque hors-cadre, se trouve une petite fille assise sur un banc, qui regarde timidement l’appareil photo. Cette photo est l’unique image de son enfance, l’unique souvenir que sa mère a pu lui transmettre. Mais Asmae est convaincue qu’elle n’est pas l’enfant sur cette image. Dans le but de faire parler ses parents, Asmae introduit sa caméra et joue avec cet incident intime pour évoquer d’autres souvenirs, auxquels elle ne croit pas non plus. Cette photo devient le point de départ d’une investigation durant laquelle la réalisatrice s’interroge tous les petits mensonges que lui a dits sa famille.

Petit à petit, Asmae explore la mémoire de son quartier et de son pays. Outre ces longs métrages, le court métrage «Ayyur» de Zineb Wakrim a reçu également le 3ème prix à la Cinef à Cannes. Il faut dire que ce film a été primé sur 16 films d’écoles sélectionnés parmi 2.000 soumissions à la Cinef au Festival de Cannes, programme qui repère et récompense les cinéastes de demain. La jeune réalisatrice, fraîchement licenciée en réalisation à l’Ecole supérieure des arts visuels de Marrakech, est la première cinéaste marocaine à être sélectionnée et a fortiori récompensée dans cette compétition. En effet, «Ayyur» qui signifie «lune» en langue amazighe, fait le portrait contemplatif de deux enfants de la lune. Cette maladie héréditaire rare les rend hypersensibles aux rayons ultraviolets et leur interdit toute exposition au soleil.

Les deux adolescents de 14 ans, lorsqu’ils ne sont pas couverts de la tête aux pieds et enfermés dans un scaphandre pour pouvoir sortir à la lumière du jour, trouvent refuge dans l’art et la peinture. En 13 minutes, la caméra de Wakrim pose un regard pudique sur le quotidien ritualisé de Samad et Hasna. Leurs visages mouchetés de taches brunes semblent interroger le monde mais leur silence fait fatalement écho à l’enfermement de leur condition. Plutôt que de leur donner la parole, la réalisatrice choisit en voix off des poèmes persans de Fourough Farrokhzad traduits en amazigh. Entre lumière et obscurité, espoir et résignation, Zineb Wakrim représente des enfants ruraux marginalisés avec tendresse et humanité.

C’est le titre de la boite

Maryem Touzani, représentante du 7ème art marocain dans le jury de la compétition officielle
Une première Le Maroc s’est distingué cette année à la 76ème édition du Festival de Cannes, avec la participation pour la première fois d’un représentant du 7ème art marocain dans le jury de la compétition officielle des plus prestigieux festivals de cinéma au monde. Cette année, le choix a été porté sur la réalisatrice marocaine Maryam Touzani. Celle-ci a intégré le jury de la compétition officielle, aux côtés de grandes figures du cinéma mondial, une première pour le Maroc. Maryam Touzani, qui n’est pas étrangère au Festival de Cannes, après la participation de son premier long-métrage «Adam», a été sélectionnée en 2019 dans la section «Un Certain Regard». En 2021, elle retrouve Nabil Ayouch, avec qui elle coécrit Razzia, dans lequel elle joue également, et «Haut et Fort,» sélectionné en compétition. Elle est devenue ainsi la première Marocaine de l’histoire à intégrer le jury du prestigieux festival, présidé cette année par le réalisateur double Palme d’Or, Ruben Östlund (Suède), ce qui représente une reconnaissance forte et un véritable événement pour le cinéma marocain.

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