Culture

Les nouvelles oeuvres de Belkahia

© D.R

À l’entrée de la galerie Bab Rouah de Rabat, le regard du spectateur est interpellé par la vue de plusieurs mappemondes accrochées sur les murs de l’espace. D’ores et déjà, le spectateur est fixé sur les œuvres récentes, exposées par l’artiste- peintre Farid Belkahia. Le thème de l’exposition est en lui-même une explication aux divers questionnements qu’on se pose une fois à l’intérieur de la galerie : «La dérive des continents». Le titre est évocateur et surtout clair. Farid Belkahia ne veut pas créer un semblant de confusion. Les deux termes, dérive et continents, sont là pour expliquer, voire même justifier le nouveau style de l’artiste. Des cercles symbolisant la terre et des formes qui font référence à certains continents. L’Afrique et l’Europe sont omniprésentes dans les douze mappemondes qui ornent les murs.  Le temps d’une exposition, Farid Belkahia semble s’être transformé en géographe. Lors d’une déclaration télévisée, l’artiste avait, en effet, manifesté son inquiétude quant aux changements de l’univers durant des siècles et des siècles. «La terre est constamment en mouvement, il y a des pays qui disparaissent, d’autres qui voient le jour», souligne-t-il . C’est cette même inquiétude qui a créé chez l’artiste le désir de tendre sur du cuir -fidèle à son habitude-  des formes allusives et sur lesquelles on ne peut guère se tromper : c’est bel et bien du monde et d’univers qu’il s’agit. Cependant, s’attachant à sa préoccupation esthétique qui lui est propre, Farid Belkahia donne sa vision à lui du monde en changeant les cartes, en ajoutant des parties là où il n’y en a pas et surtout en colorant à volonté avec des pigments naturels. C’est en gros la majorité des travaux récents de Farid Belkahia. Mais cette exposition comporte également des œuvres datant de quelques années et qui donnent une idée sur le parcours de l’artiste. « C’est une exposition un peu rétrospective qui révèle mon parcours artistique » déclare Farid Belkahia. Des bas-reliefs en plâtre, des frises en peaux de moutons teintées avec des motifs tantôt géométriques, tantôt asymétriques.
L’artiste-peintre a voulu délibérément exposer de manière hétérogène ses derniers travaux y compris sa série de «Dérive des continents». Une façon peut-être de montrer l’évolution de son travail qui reste tout de même attaché à ses fondements et à ses techniques du terroir. Après avoir longtemps travaillé sur du cuivre, Farid Belkahia opère, en effet, un retour au cuir et aux différentes teintures naturelles.
À la manière d’un artisan, l’artiste travaille ses matériaux avec une application indéniable. La maîtrise de la technique est en effet une des conditions sine qua non pour la réussite d’une œuvre. Aujourd’hui, en plus d’être artiste et artisan, Farid Belkahia fait un clin d’œil aux géographes arabes pour un hommage ou une reconnaissance.

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