Culture

L’histoire miraculeuse d’Ali Omar

Ali Omar a tout d’un illuminé. Des cheveux roux sur une peau noire. Un immense pendentif en argent où est gravé en grandes lettres le mot Allah. Il sent le musc et porte une marque estampée sur le front. Elle est commune à de nombreux pratiquants musulmans. Elle leur vient du contact de la tête avec le sol pendant la prière. Ali Omar ne s’est pas toujours appelé ainsi. Il est né dans une famille chrétienne en Floride. Dans son état civil, il porte le nom de Wesley Phillips. C’est sous ce nom qu’il est connu en tant que trompettiste aux USA. Pas n’importe quel trompettiste ! Mais l’un de ceux qui avaient la confiance du chanteur Michael Jackson pour ses concerts live. Il a enregistré avec cette star des albums entre 1984 et 1991. Le groupe Cameo a également fait appel à ses services. C’est dire que ce n’est pas seulement en raison d’un destin peu commun que la vie d’Ali Omar est intéressante, mais aussi pour son parcours d’artiste et la maîtrise qu’il a de son instrument.
L’homme parle pourtant très peu de sa vie en Amérique. Ce n’est pas par coquetterie ou pudeur, mais parce qu’il n’a de mots que pour son histoire avec le Maroc.  Il y est installé depuis 7 ans. Converti à l’islam aux USA, il dit avoir souffert de nombreuses difficultés dans ce pays, rien que parce qu’il est «black et musulman». Un ami l’a appelé un jour pour lui proposer de venir jouer dans un pays musulman. Il a débarqué à Casablanca et s’est produit dans un club de jazz. Ali Omar a été immédiatement séduit par la «souplesse» de la pratique religieuse au Maroc. En Amérique, certains religieux ont essayé de le faire renoncer au chant sous prétexte qu’il est «haram» dans la religion musulmane. Ce sont ces théologiens qui l’ont rendu extrêmement anxieux. Ali Omar précise qu’il s’est alors adressé à Dieu. Il lui a réclamé un signe d’assistance. La nuit-même, il a fait un rêve. Il courait sur une plage pour échapper à une force maléfique qui essayait de le rattraper. Dans sa course, il a atteint une montagne où une présence enveloppée dans une djellaba verte lui a touché le front. À son réveil, et après la première prière, il a été étonné de constater une marque imprimée sur son front ! Et ce n’est pas le seul miracle !
Peu de temps après son installation à Casablanca, un ami l’a entraîné sur une plage. Ali Omar est devenu vert en la découvrant ! Il a senti le sol se dérober sous ses pieds. Son ami l’interrogeait très inquiet au sujet de son malaise. « C’est la plage de mon rêve », a balbutié alors le musicien. Le décor de son rêve lui était très fidèlement reconstitué sur une plage à proximité de Casablanca. « Ce miracle m’a attaché au pays. Je me suis marié à une Marocaine peu de temps après et me suis enquis des régions montagneuses dans la Royaume », dit-il. Ali Omar voulait retrouver la montagne de son rêve. Il l’a d’abord vainement cherchée près de Fès. Et puis un jour, le miracle s’est produit ! Ali Omar accompagnait sa femme et sa belle-mère pour visiter Moulay Brahim près de Marrakech. La montagne du rêve était la même que celle qui mène vers Moulay Brahim ; et la couleur de la djellaba verte était en tout semblable au tissu qui enveloppait le tombeau du saint !
Voilà pour ce qui est de l’histoire miraculeuse de ce chanteur-musicien, né en 1956 à Jackson ville en Floride. On est libre d’y croire ou non. Mais ce dont on ne peut pas douter, c’est sa capacité miraculeuse à jouer de la trompette, à chanter et à mettre de la joie dans une soirée. Il est tout autant possédé par son art que par la religion. Il chante les classiques de Lionel Richie, Rod Stewart, Styvie Wonder et d’autres encore. Il peut même jouer des chansons d’Abdelhalim Hafid et les accompagner en fredonnant de la voix. En cela, il est aidé par un excellent pianiste et violoniste arménien : Vartan. À eux deux, ils mettent un tel air de fête dans l’atmosphère que leur jeu atteint la densité d’un concert. Au hasard d’une rencontre dans un piano-bar à l’hôtel Sofitel de Marrakech, un Américain, converti à l’Islam, chante et joue tous les soirs.  Que l’on croie aux miracles ou non, son art impose le recueillement.

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