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Le grand bond en arrière
De l’Amérique de Reagan à la France de Mitterrand, en passant par la Nouvelle-Zélande, les transformations économiques du dernier quart de siècle n’ont été le produit ni du hasard ni de la nécessité. Si, à partir des années 80, les " décideurs " et les médias du monde occidental ont presque toujours interprété de manière identique les situations de " crise ", c’est que tout un
travail idéologique était intervenu au préalable, c’est que les solutions alternatives au marché avaient été détruites afin qu’il n’y ait " plus d’alternative ". D’autres interprétations des événements auraient suggéré d’autres remèdes, mobilisé d’autres forces sociales, débouché sur d’autres choix. La " mondialisation ", ce fut aussi ce long labeur intellectuel de construction de la " seule politique possible " que favorisa la symbiose sociale entre ses principaux architectes d’un bout à l’autre de la Terre.
Inspirées par des théoriciens de l’université de Chicago, dont l’influence sera considérable au Chili, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, les doctrines économiques libérales vont encourager les classes dirigeantes à durcir leurs politiques, à passer d’un système d’économie mixte acceptant une certaine redistribution des revenus à un nouveau capitalisme orienté par les seuls verdicts de la finance. Les artisans de cette métamorphose en tireront un avantage considérable ; pour la plupart des autres, au contraire, ce sera le grand bond en arrière.

Serge Halimi «Le grand bond en
arrière », Fayard, 2006, 592 pages


La traque
Un jeune homme russe, Alexandre Rybakoff, qui vient d’achever ses études au lycée impérial de Tsarkoïe Selo, vit dans la vénération de Pouchkine, mort trente deux ans plus tôt, à la suite d’un duel avec le baron Georges de Heeckeren d’Anthès.
Au retour d’un séjour à Paris, la mère du jeune homme lui raconte sa rencontre avec l’assassin de Pouchkine, désormais homme d’affaires et sénateur du second Empire.
Un désir de vengeance s’empare alors d’Alexandre Rybakoff. Poitrinaire, le jeune homme se fait prescrire un séjour à Nice. Il s’arrête à Paris et s’installe dans une pension où un journaliste lui donne des conseils pour approcher le baron d’Anthès.
Alexandre devient son secrétaire archiviste et la découverte de sa future victime, joviale et paternaliste, lui fait différer son projet de meurtre. Mais le jeune justicier ne renonce pas et il finit par arrêter une date, celle de l’anniversaire de la mort de Pouchkine. Au jour dit, le baron entreprend de dicter ses mémoires au jeune homme qui, finalement, abandonne son projet. Le dernier chapitre se situe vingt-cinq ans plus tard; de retour en Russie, Alexandre tire un bilan de son voyage en France.

Henri Troyat, «La traque »,
Grasset, 2006, 204 pages


Ourania
«Quand j’ai compris que Mario était mort, tous les détails me sont revenus. Les gens racontaient cela en long et en large à ma grand-mère. Mario traversait le champ, un peu plus haut, à la sortie du village. Il cachait la bombe dans un sac, il courait. Peut-être qu’il s’est pris les pieds dans une motte de terre, et il est tombé. La bombe a explosé. On n’a rien retrouvé de lui. C’était merveilleux. C’était comme si Mario s’était envolé vers un autre monde, vers Ourania. Puis les années ont passé, j’ai un peu oublié. Jusqu’à ce jour, vingt ans après, où le hasard m’a réuni avec le jeune homme le plus étrange que j’aie jamais rencontré."
C’est ainsi que Daniel Sillitoe, géographe en mission au centre du Mexique, découvre, grâce à son guide Raphaël, la république idéale de Campos, en marge de la Vallée, capitale de la terre noire du Chernozem, le rêve humaniste de l’Emporio, la zone rouge qui retient prisonnière Lili de la lagune, et l’amour pour Dahlia.»

Jean Marie Gustave Le Clézio, « Ourania »,
Gallimard, 2006, 293 pages


Novecento : Pianiste
Né lors d’une traversée, Novecento, à trente ans, n’a jamais mis le pied à terre. Naviguant sans répit sur l’Atlantique, il passe sa vie les mains posées sur les quatre-vingt-huit touches noires et blanches d’un piano, à composer une musique étrange et magnifique, qui n’appartient qu’à lui: la musique de l’Océan dont l’écho se répand dans tous les ports.
Sous la forme d’un monologue poétique, Baricco allie l’enchantement de la fable aux métaphores vertigineuses.
Devenu adulte, un orphelin, trouvé dans un bateau sur un piano à queue, entreprend une brillante carrière de pianiste sans jamais quitter ledit bateau. Un texte qui a du charme, écrit pour un comédien, dans lequel on retrouve l’humour fin et l’écriture simple et savante de l’auteur de « Soie » également auteur, en 1988, d’un essai sur la musique de Rossini.

Alessandro Baricco, « Novecento : pianiste »,
Gallimard, 2002, 87 pages

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