American vertigo
Depuis la deuxième guerre d’Irak – et même bien avant… – les Etats-Unis occupent, dans l’imaginaire mondial, une place symbolique qui dépasse largement les notions de puissance, de politique, de géographie. L’Amérique, en vérité, est devenue un concept, une « région de l’âme », une matrice de passions et de phobies dont le déploiement contradictoire n’en finit pas d’infuser nos propres débats. C’est, précisément, cette réalité ontologiquement diverse que Bernard-Henri Lévy a voulu cerner, observer, penser, dans ce livre où le reportage se mêle à la réflexion, et où le pittoresque emprunte à la philosophie de l’histoire. A l’origine, ce livre est né d’une « commande » de l’influent magazine « Atlantic Monthly » : demander à un célèbre intellectuel français de visiter l’Amérique et de donner sens à ce pays-continent en refaisant – en plus vaste – le fameux voyage qu’Alexis Tocqueville avait entrepris au début du XIXème siècle, à partir duquel il avait écrit son désormais classique « De la démocratie en Amérique ». Pendant une année, B.-H. Lévy a ainsi sillonné les Etats-Unis. Plus de vingt mille kilomètres d’est en ouest et du nord au sud, la plupart du temps par la route : de Rikers Island à Chicago, des communautés islamiques de Detroit à une enclave Amish de l’Iowa, l’auteur interroge la nature du patriotisme américain, la coexistence de la liberté comme de la religion, le système pénitenciaire, la « tyrannie de la majorité », le retour en force de l’idéologie… B.-H.L. a rencontré tous les visages de l’Amérique : les illustres, les anonymes, ceux du désert ou des mégapoles. De Sharon Stone à une veuve de mineur du Wisconsin, d’un milliardaire philantrope à Norman Mailer, de Woody Allen à un « homeless » de Californie, d’Hillary Clinton à un contestataire turbulent, de Barack Ohama, la star montante de la politique, à la pensionnaire d’un bordel du Nevada, il écrit la comédie humaine de ce pays-continent. D’où la vitalité prodigieuse de ce « reportage philosophique » qu’on dévore, page après page, avec un enthousiasme qui ne se dément jamais. Un oeil de romancier, et une profondeur de penseur. Les conclusions de ce voyage ? B.-H.L. les tire en chemin, et elles sont souvent contradictoires. A l’heure où la « démocratie en Amérique » est de plus en plus contestée, ce livre atteste, au contraire, de sa prodigieuse vitalité. A cet égard, l’épilogue substantiel de ce livre (une centaine de pages) permet au « philosophe » de reprendre le pas sur le « journaliste » et le final de cet ouvrage conduit son lecteur au coeur des grands débats – des thèses de Fukuyama ou Huntington aux arrières-pensées des « Néo-conservateurs » – dont la complexité, bien souvent, gouverne le destin du monde.
Auteur : Bernard-Henri Lévy – Éditeur : Grasset
Suite française
Ecrit dans le feu de l’Histoire, Suite française dépeint presque en direct l’exode de juin 1940, qui brassa dans un désordre tragique des familles françaises de toute sorte, des plus huppées aux plus modestes. Avec bonheur, Irène Némirovsky traque les innombrables petites lâchetés et les fragiles élans de solidarité d’une population en déroute. Cocottes larguées par leur amant, grands bourgeois dégoûtés par la populace, blessés abandonnés dans des fermes engorgent les routes de France bombardées au hasard… Peu à peu l’ennemi prend possession d’un pays inerte et apeuré. Comme tant d’autres, le village de Bussy est alors contraint d’accueillir des troupes allemandes. Exacerbées par la présence de l’occupant, les tensions sociales et les frustrations des habitants se réveillent… Roman bouleversant, intimiste, implacable, dévoilant avec une extraordinaire lucidité l’âme de chaque Français pendant l’Occupation, enrichi de notes et de la correspondance d’Irène Némirovsky, Suite française ressuscite d’une plume brillante et intuitive un pan à vif de notre mémoire. Prix Renaudot 2004.
Auteur : Irène Némirovsky – Éditeur : Editions Gallimard
Neanderthal : Une autre humanité
Neanderthal appartient comme nous à la grande famille des hominidés. Mais, au XIXe siècle, la découverte de ce premier fossile humain suscita le trouble dans les esprits : la parenté avec une telle brute, aux antipodes de notre humanité, était impossible… D’autres découvertes et l’immense progrès des sciences permettent enfin de retracer la longue histoire de Neanderthal. Taillé pour affronter tous les environnements, y compris les plus hostiles, il a su développer au fil des siècles un mode de vie adapté à des conditions économiques très complexes. Cette civilisation qui semblait tellement fruste atteste d’une intelligence sociale et technologique si opérationnelle qu’elle permettra à Neanderthal de survivre plus de 300 000 ans. C’est beaucoup… Avec l’arrivée il y a 40 000 ans de Cro-Magnon en Europe, Neanderthal se trouve confronté à une autre humanité. Dans certaines régions, il conservera son mode de vie, ailleurs il empruntera le savoir-faire des nouveaux arrivants. Et puis il disparaîtra, laissant aux historiens une énigme qui n’est pas encore totalement résolue…
Auteur : Marylène Patou-Mathis – Éditeur : Librairie Académique Perrin
Cellulaire
Et s’il y avait de bonnes raisons pour que cellulaire rime avec enfer ? 1er octobre. Dieu trône au paradis, le marché des changes est stable, les avions à peu près à l’heure et Clayton Riddell, un auteur de bandes dessinées, sur un petit nuage. Il vient de décrocher un contrat et l’avenir lui sourit. Mais en quelque seconde, tout bascule dans l’horreur. La cause ? Un phénomène de destruction que déclenche le téléphone portable. Tous les portables… Et qui va plonger le monde dans le chaos, le carnage et les ténèbres. C’est bien dans les affres de la destruction du monde contemporain par les outils de ce même monde que Stephen King nous plonge ici, dans un récit au rythme effroyable qui ne laisse aucun répit au lecteur avant de le conduire au paroxysme de la terreur. Pourtant, malgré l’apocalypse, Cellulaire nous fait rencontrer des personnages attachants, notamment ceux d’adolescents adeptes de la culture informatique qui séduiront de très nombreux lecteurs.
Auteur : Stephen King traduit par William-Olivier Desmond – Éditeur : Albin Michel