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Les Quatre fleuves
C’est le livre d’une rencontre entre deux univers : le roman et la bande dessinée. Entre deux auteurs, surtout. D’un côté, Fred Vargas, une femme qui écrit des polars. De l’autre, Edmond Baudoin, un créateur de bandes dessinées résolument à part. Fred Vargas lui a écrit un scénario. Baudoin l’a mis en images. Avec son trait si léger, qui sait capter comme personne l’âme de ses personnages et la faire passer à travers un regard. Parfois, il s’est contenté d’illustrer le texte. Sur d’autres pages, c’est le dessin qui emporte le regard, tandis que les mots, calligraphiés, se font oublier avec modestie… Et l’histoire ? Pour simplifier, c’est un polar. Avec tous ses ingrédients : meurtre, enquête, suspect inquiétant. Un commissaire, aussi : le fameux Adamsberg, tout droit sorti des bouquins de Vargas. Mais c’est surtout un récit d’humanité, peuplé de personnages accrochés à leur différence. Une différence qui peut prendre la forme d’une sculpture du Bernin, reconstruite avec des capsules et des canettes de bière… Toujours campé sur ses rollers, le jeune Grégoire Braban et son ami Vincent s’adonnent avec plus ou moins de bonheur au vol à la tire. Ce jour-là, à Saint-Michel. ils arrachent la sacoche d’un vieux. Trente mille balles. Le gros lot. Mais la sacoche est lourde de bien autre chose. Autre chose d’assez dégueulasse. Le sac du vieux, Grégoire, c’est la boîte de Pandore. Il y a tous les péchés du monde là-dedans. Au soir, Vincent est assassiné, la cuisse lacérée de quatre coups de lame. Le commissaire Adamsberg (L’Homme aux cercles bleus, L’Homme à l’envers) s’inquiète de cet étrange dessin. Le tueur à la serpe, celui que la rumeur a surnommé Le Bélier vient-il de signer son quatrième meurtre ?

Fred Vargas, « Les quatre fleuves », Chemins nocturnes, 224 pages, 2000


L’Adolescence clémentine
Voici un livre qui rassemble l’œuvre poétique d’une adolescence, c’est-à-dire, selon le sens romain, de cette première période de la vie qui, de la fin de l’enfance, conduit jusque vers trente ans. Dans leur diversité de formes, de styles et de thèmes – la politique, la religion et l’amour -, les poèmes de Marot, bien souvent dictés par les circonstances, ne rompent pas entièrement avec ceux de ses prédécesseurs, mais se défont des cérémonies d’un langage codé pour faire retentir un timbre plus personnel. Le discours et la vie sont indissociables désormais, il s’agit moins d’écrire que de parler. Les qualités qui s’affirment dans ce recueil publié en 1532, les contemporains ne s’y sont pas trompés, et ils y ont vu celles d’un maître. Puis il est arrivé que la facilité, la grâce, et le badinage élégant qu’on lui reconnaissait se trouvent minorés et que son œuvre soit insensiblement réduite au trop simple exercice de ce qu’allait plus hautement accomplir la Pléiade. Ne confondons cependant pas naturel et simplicité, et restons fidèles à Marot en le lisant pour lui-même et pour le plaisir de cette conversation qu’il nous propose.

Clément Marot, « L’adolescence clémentine », LGF, 2005, 507 pages


Onitsha
De l’Europe à l’Afrique, c’est la trajectoire de trois destins qui se nouent à Onitsha. En 1948, Maou et Fintan, son fils, s’embarquent pour le Nigeria retrouver Allan, le père bien-aimé et inconnu. Mais dans la moiteur du fleuve, au son des tambours, c’est un rêve qui s’effondre et un continent de fièvre et de violence qui surgit devant les yeux effarés des deux nouveaux arrivants. L’Afrique n’est pas cette terre de bonheur dont rêvaient Maou et Fintan. Alors, il faut reconstruire le rêve, loin des mesquineries du microcosme colonial, et apprendre à aimer le monde âpre du continent noir, découvrir ses secrets ancestraux, sa lutte pour la liberté, tout l’amour dont il est capable. Dans une prose poétique et émouvante, Le Clézio raconte l’itinéraire chaotique d’une famille éclatée que seule la révolte pourra ressouder, alors même que gronde le peuple d’Onitsha depuis trop longtemps sous le joug de la puissance anglaise. En 1948, un garçon de douze ans découvre l’Afrique et son père qu’il ne connaissait pas encore. Sur cette trame de départ, un écrit quasi initiatique "superbe" selon Ezine, "raté" d’après Rinaldi.

Jean Marie Gustave le Clézio, « Onitsha », Gallimard, 288 pages, 1993


Aux Etats-Unis d’Afrique
La Fédération des Etats-Unis d’Afrique prospère avec ses centres boursiers, ses mégalopoles, ses savants et ses artistes réputés, indifférente au sort des millions de réfugiés de la sanglante et désolée Euramérique qui se pressent à ses frontières ou viennent s’échouer sur les plages d’Alger et de Djerba. Le chemin vers cette terre promise africaine, Maya l’a déjà emprunté, il y a bien longtemps. Elle a été arrachée à la misère et à la faim par un homme providentiel, Docteur Papa, alors en mission humanitaire en Normandie. Il l’adopte et l’emmène à Asmara, en Erythrée.Mais à présent Maya doit partir, retrouver l’Europe et ses maux, se rapprocher des siens. Elle entame un long et douloureux périple vers les terres sombres et misérables qui l’ont vu naître.
Né en 1965 à Djibouti, Abdourahman A. Waberi est l’auteur de plusieurs recueils de nouvelles et romans dont Le Pays sans ombre, Cahier nomade et Balbala, salués par la critique, récompensés par de nombreux prix et traduits en une huitaine de langues. Aux Etats-Unis d’Afrique, son troisième roman, est un miroir tendu à l’Occident une épopée et un pamphlet qui renversent le monde et mettent à mal nos préjugés.

Abdourahman A-waberi, « Aux Etats-Unis d’Afrique », Jean Claude Latés, 2006, 233 pages

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