Amazigh, voyage dans le temps berbère
L’ouvrage « Amazigh, voyage dans le temps berbère » est ce qu’on appelle un beau livre. Réalisé par le photographe brésilien Carlos Freire et le président du conseil Consultatif des droits de l’Homme, Driss Benzekri en sa qualité d’historien. Cet ancien détenu politique dévoile en effet à travers ce livre sa capacité à s’exprimer autour de la culture Amazighe. Une culture qui l’a bercé depuis sa tendre enfance. Les Imazighen, « Hommes libres » sont des poètes et Driss Benzekri en témoigne. « Les poètes imazighen peuplent ce temps avec un imaginaire baigné dans la poésie ancienne, mais aussi renouvelé et original, chez une nouvelle génération ayant une expérience singulière et individuelle, un exercice de la vie conforme à son temps sans pourtant manquer de nostalgie », écrit Driss Benzekri dans sa préface. Tout au long du livre, la poésie est omniprésente pour commenter les photos de l’artiste brésilien. Lors de son voyage au Maroc en 2003, Carlos Freire a immortalisé des tranches de vie des personnes rencontrées et des paysages qu’il a observés sur les plateaux de l’Atlas, du Rif et du Moyen Atlas. Mais le photographe brésilien précise qu’il n’y a aucune intention ethnographique, philosophique ou sociologique dans sa démarche : « Ce sont ces hommes et femmes des vallées et des montagnes du Maroc qui m’ont accordé généreusement et gracieusement un permis de regard pendant mes voyages dans le temps berbère ». Un temps qui selon lui est proposé aux lecteurs, avec ses photos, 10 poèmes traditionnels berbères et le texte émouvant de Driss Benzekri
Carlos Freire, Driss Benzekri, « Amazigh, voyage dans le temps berbère »,
Editions Hazan, 156 pages, 2006
Une marche dans le siècle
Il n’aurait jamais dû survivre aux épreuves de son enfance. Mais il siège aujourd’hui au Parlement européen, après avoir accompli à la radio et à la télévision une des carrières les plus exemplaires et diversifiées que l’audiovisuel français ait jamais connues. Comment ce qui ressemble à un miracle a-t-il pu se produire? C’est ce que raconte ce livre. Si une énergie sans faille n’avait pas guidé la vie entière de Jean-Marie Cavada, on aurait pu parler de conte de fées. Orphelin de l’Assistance publique, recueilli par une famille de paysans des Vosges, à 8 ans il garde des vaches, à 25 ans est journaliste à la station strasbourgeoise de Radio France, à 35 il dirige la rédaction d’Antenne 2, à 55 il est P-DG de France 5, puis de Radio France. Aujourd’hui, à 65 ans, il est député européen. Entre-temps, il a animé pendant plus de treize ans une des émissions les plus célèbres de l’histoire de la télévision française. Demain, où sera cet éternel jeune homme qui conserve intactes ses passions et sa combativité, et qui répugne autant à employer le mot "pouvoir" comme substantif qu’il l’affectionne comme verbe ? Le lecteur découvrira l’itinéraire d’un homme qui a consacré sa vie à mieux appréhender le monde afin de transmettre aux autres sa propre soif de connaissance et ses questionnements les plus divers. Le résultat: une " marche dans le siècle " doublement exemplaire. D’abord parce qu’elle prouve que rien n’est impossible à qui veut entreprendre et désire faire bouger les choses.
Jean-Marie Cavada, «Une marche dans le siècle», Calmann Lévy, 2006, 271 pages
Les bienveillantes
"En fait, j’aurais tout aussi bien pu ne pas écrire. Après tout, ce n’est pas une obligation. Depuis la guerre, je suis resté un homme discret; grâce à Dieu, je n’ai jamais eu besoin, comme certains de mes anciens collègues, d’écrire mes Mémoires à fin de justification, car je n’ai rien à justifier, ni dans un but lucratif, car je gagne assez bien ma vie comme ça. Je ne regrette rien: j’ai fait mon travail, voilà tout; quant à mes histoires de famille, que je raconterai peut-être aussi, elles ne concernent que moi; et pour le reste, vers la fin, j’ai sans doute forcé la limite, mais là, je n’étais plus tout à fait moi-même, je vacillais, le monde entier basculait, je ne fus pas le seul à perdre la tête, reconnaissez-le. Malgré mes travers, et ils ont été nombreux, je suis resté de ceux qui pensent que les seules choses indispensables à la vie humaine sont l’air, le manger, le boire et l’excrétion, et la recherche de la vérité. Le reste est facultatif." Avec cette «somme» qui s’inscrit aussi bien sous l’égide d’Eschyle que dans la lignée de Vie et destin de Vassili Grossman ou des Damnés de Visconti, Jonathan Littell nous fait revivre les horreurs de la Seconde Guerre mondiale du côté des bourreaux, tout en nous montrant un homme comme rarement on l’avait fait: l’épopée d’un être emporté dans la traversée de lui-même et de l’Histoire.
Jonathan Littell, «Les bienveillantes», Gallimard 2006, 903 pages
Camille et Paul : la passion Claudel
Fièvre, passion, génie. C’est sous les signes de feu de la création et de la destruction qu’ont vécu les Claudel sueur et frère, Camille le sculpteur, Paul le poète. Cette biographie raconte pour la première fois, leurs rapports fusionnels. Deux tempéraments exaltés mais sensibles jusqu’à l’extrême fragilité Camille, intransigeante, affronte les incertitudes de l’art et de la vie de bohème ; Paul trompe son mal de vivre dans le voyage et l’exotisme, en Chine, au Brésil, au Japon. Ces destins qu’on pouvait croire séparés se sont nourris l’un de l’autre. La sœur et le frère vont connaître les mêmes passions funestes. Paul tombe amoureux de Rosalie Vetch, une femme mariée qui l’abandonnera ; Camille subit l’envoûtement de Rodin jusqu’à la folie. Drame de la famille. Lourdeurs et conventions alliées contre les exigences du cœur. Dominique Bona retrace les épisodes de leurs vies tourmentées. Elle révèle les liens profonds de ces deux artistes lumineux et déchirés : unis au-delà de l’adversité, par une fraternité indestructible.
Dominique Bona, «Camille et Paul :la passion Claudel»,
Editions Grasset, 2006,402 pages