Si Mahmoud ou la renaissance d’Isabelle Eberhardt
Catherine Stoll-Simon, «Si Mahmoud ou la renaissance d’Isabelle Eberhardt », Tarik Editions, 134 pages, 2006
Dans cet ouvrage, l’auteur Catherine Stoll-Simon revient sur la vie Si Mahmoud ou la renaissance d’Isabelle Eberhardt en Tunisie et en Algérie. En juin 1899, ni orientaliste en mal d’exotisme, ni écrivain-voyageur, ni même « exploratrice » du désert où elle ne cherchera que le «nid» si désespérément désiré, Isabelle Eberhardt part retrouver sa terre d’élection, cet espace arabo-musulman dans lequel elle a reconnu sa «partie adoptive» … Tournant le dos à « la civilisation » et au désenchantement du monde occidental, Isabelle part vers cet ailleurs, seul capable de répondre à sa quête d’absolu. Ainsi, l’insoumise renaît sous le nom de Si Mahmoud Saâdi, «jeune taleb, qui voyage de zaouiya en zaouiya pour s’instruire »…Au-delà d’une lecture biographique et factuelle, l’auteur invite le lecteur à dépasser les anecdotes de la légende et à explorer de l’intérieur cette période de transition essentielle dans la vie d’Isabelle Eberhardt. Suivant pas à pas son parcours tunisien ainsi que sa découverte éblouie d’El Oued en Algérie, l’auteur aborde toutes les composantes de cette métamorphose : rupture ontologique avec l’Occident, immersion dans la culture arabo-musulmane, étapes de transformation intérieure.
Le grand Frère des banlieues
Abel Quandili, Hafid Hamdani «Le grand frère des banlieues », Tarik Editions, 188 pages, 2006
Après Fayard, c’est au tour de Tarek Editions d’éditer l’ouvrage « Le grand frère des banlieues » de Abel El Quandili, coécrit avec Hafid Hamdani. Seize fois champion du monde dans différentes disciplines de combat, Abel El Quandili est considéré comme étant le boxeur le plus titré de l’histoire. Pour échapper à la misère, ses parents quittent en 1960 un bidonville de Rabat pour un autre (le bidonville de la Folie) à Nanterre où naît en 1964, Abderrahim El Quandili. Un drame déchire la famille et celui qui sera surnommé Abel doit arrêter l’école pour subvenir aux besoins de la famille. C’est grâce au sport, la boxe puis le full-contact, que d’autres horizons s’ouvrent devant lui. Sacré champion du monde pour la première fois en 1991, devenu célèbre, El Quandili s’engage aussi dans l’association « Sport Insertion jeunes » créée par son frère. Aujourd’hui, il anime avec son ami Hafid Hamdani, l’association « Grands frères de banlieues » en faveur des jeunes des quartiers défavorisés. C’est son long et incroyable parcours qu’il raconte à travers ce récit, ses luttes, ses combats, ses victoires, ses contacts avec les autorités du sport.
Les soixante-seize jours de Marie-Antoinette à la Conciergerie
Paul Belaiche-Daninos, « Les Soixante-Seize Jours de Marie-Antoinette à la Conciergerie », Actes Sud, 2006
Dans ce deuxième épisode haletant des «Soixante-Seize Jours de Marie-Antoinette à la Conciergerie» (dont le premier tome vient d’être couronné par l’Académie française), nous assistons, au jour le jour, au combat acharné et héroïque de ces artisans, hommes et femmes, qui tentent l’impossible pour délivrer Marie-Antoinette de sa captivité, en espérant s’emparer de la reine sur le chemin de l’échafaud. Dans le Paris de la Terreur, cette opération clandestine appelée "Le complot des Perruquiers" est orchestrée par le baron de Batz, homme de l’ombre auquel on doit une lutte sans pitié contre tous les "géants de la Révolution". Mais ce second volume traite surtout du procès de la reine, véritable mascarade, où assassins déguisés en juges, jurés à la solde de Robespierre et faux témoins vont exécuter un carnaval juridique dont Sainte-Beuve a dit : "Je ne crois pas qu’il puisse exister de monument d’une stupidité plus atroce, plus ignominieuse pour notre espèce que le procès de Marie-Antoinette." Réquisitoire nourri par une observation fine de ces noires années de terreur, Un procès concernant l’infamie est un événement éditorial, dans tous les sens du terme.
Le fils de l’homme invisible
François Berléand, «Le fils de l’homme invisible», Editions Stock, 2006
«Je m’appelle François Berléand, j’ai presque onze ans, je ne prends pas la parole sans y avoir été invité par un adulte, je mange de tout, mais je n’ai pas une grande passion pour les carottes râpées, les endives et les épinards. Je ne crée pas de problèmes. Dans ma chambre j’ai un piano, une radio, un bureau et une grande armoire en teck. Et je suis le fils de l’homme invisible. » Un soir d’hiver, dans la famille Berléand, le père de François, qui a sans doute abusé de la vodka, déclare à son fils : «De toute façon, toi, tu es le fils de l’homme invisible. » Cela ne fait rire personne autour de la table, et personne ne vient démentir le père de François. C’est le début d’une singulière et terrible histoire d’enfance et d’adolescence, chahutée tout d’abord, puis brisée peu à peu par ce faux secret qui n’est qu’une mauvaise blague. Au début, c’est très amusant d’être le fils de l’homme invisible, mais dès lors qu’on se met à y croire, cela peut devenir angoissant, poignant, tragique. Ainsi, les années de lycée du petit François se déroulent dans ce climat tragi-comique où, inexorablement, la peur de l’enfant s’installe : il est différent des autres, sûrement pas très normal, peut-être mongolien. Ses parents le lui ont toujours caché pour ne pas lui faire de la peine. Voilà des années que, d’interview en interview, François Berléand raconte sa drôle d’histoire. Il aura attendu le temps et le recul nécessaires pour l’écrire enfin.