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La gloire de mon frère
Hector, 12 ans, est passionné par l’écriture et vient d’achever son premier roman « Les Bilingues ». Mais pour être crédible auprès des éditeurs, c’est son frère Jean-Luc, étudiant, qui va lui servir de couverture. Une éditrice, Brigitte, accepte le manuscrit.  La grande aventure commence. Hector et Jean-Luc mettent tout en œuvre pour booster les ventes, et ça marche ! Tandis qu’Hector continue à écrire dans l’ombre, Jean-Luc joue son rôle d’auteur: dédicaces au salon du livre, interviews dans les magazines et émissions du show-biz, même s’il est plutôt du genre à ne pas même savoir écrire un sms à une fille. Mais les deux frères ne sont peut-être pas les seuls à utiliser la tactique. Et si les auteurs n’étaient pas ceux que l’on croyait ?
Ce roman de la collection Doado des éditions du Rouergue, est à dévorer pour le plaisir, le rire, l’actualité et l’originalité du thème. Dès le titre, dès les premières lignes, le ton est donné, désopilant, insolent. Sur une narration à la première personne, un petit génie de la plume d’une douzaine d’années nous livre de réjouissantes révélations sur le monde particulier et fermé de l’édition pour la jeunesse, les seuls maîtres en sont de jeunes adolescents, qu’ils soient écrivains ou éditeurs. Le rôle des adultes se réduit à celui de marionnettes de représentation voués au marketing. L’auteur ne s’embarrasse pas de détails, ne lésine pas sur les formules dans un style qui se veut vif et familier. Son récit est fulgurant, relatant en moins d’une centaine de pages le parcours du manuscrit jusqu’à l’adaptation cinématographique nominée à plusieurs festivals, en passant par les dédicaces au Salon du livre.

Emmanuel Arnaud
«La gloire de mon frère» Rouergue, 2007

Le rapport de Brodeck
Le métier de Brodeck n’est pas de raconter des histoires. Son activité consiste à établir de brèves notices sur l’état de la flore, des arbres, des saisons et du gibier, de la neige et des pluies, un travail sans importance pour son administration. Brodeck ne sait même pas si ses rapports parviennent à destination. Depuis la guerre, les courriers fonctionnent mal, il faudra beaucoup de temps pour que la situation s’améliore. «On ne te demande pas un roman, c’est Rudi Gott, le maréchal-ferrant du village qui a parlé, tu diras les choses, c’est tout, comme pour un de tes rapports». Brodeck accepte. Au moins d’essayer. Comme dans ses rapports, donc, puisqu’il ne sait pas s’exprimer autrement. Mais pour cela, prévient-il, il faut que tout le monde soit d’accord, tout le village, tous les hameaux alentour. Brodeck est consciencieux à l’extrême, il ne veut rien cacher de ce qu’il a vu, il veut retrouver la vérité qu’il ne connaît pas encore. Même si elle n’est pas bonne à entendre. Dans « Le rapport de Brodeck », les contours du temps sont vaporeux, l’espace incertain. Car plus qu’un roman, l’œuvre est une fable universelle dans laquelle on ne nomme jamais vraiment.

Philippe Claudel
«Le rapport de Brodeck » Stock,  2007

Les amants papillons
Le jour de ses quatorze ans, Naoko, une jeune Japonaise, apprend qu’elle doit quitter son village natal pour l’immense ville de Kyoto. Son père a prévu qu’elle y complète son éducation pour devenir une «jeune fille convenable». Mais l’art de servir le thé, de jouer du luth ou de faire danser les éventails n’intéressent pas Naoko. Naoko aime lire et écrire des poèmes. Avec l’aide de sa servante Suzuki, elle se déguise en homme et parvient à entrer à l’université.
Avec «Les amants Papillons», l’occasion est donnée à Benjamin Lacombe de nous offrir toute la mesure de son talent.
Le récit, inspiré d’une légende japonaise, se présente classique et sobre, déclinant les thèmes de la révolte des jeunes filles face aux conventions sociales qui les vouent à la soumission, et de l’amour contrarié. C’est le trait fin de l’auteur qui sublime ce conte oriental, nous livrant des pages emplies d’émotions. En multipliant les angles de vue, et en sollicitant les couleurs avec raffinement, l’illustration dégage une réelle intensité à laquelle on ne peut qu’être sensible.

Benjamin Lacombe
«Les amants papillons», Seuil 2007

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