Née le 14 novembre 1907 à Vimmerby, dans le sud-est de la Suède, l’écrivain suédois, décédée le 28 janvier 2002, a révolutionné l’univers des livres pour enfants. Ses ouvrages, traduits dans 89 langues, ont été vendus à plus de 145 millions d’exemplaires, selon Saltkraakan, l’entreprise familiale. Fifi Brindacier (Pippi Laangstrump en suédois, Pippi aux longues chaussettes), le plus connu d’entre eux, est devenu un classique de la littérature de jeunesse dans le monde. Il conte l’histoire d’une petite fille de neuf ans, espiègle et insolente, avec ses longues nattes rousses, qui vit avec son singe M. Nilsson et son cheval. «Fifi est une gamine extravagante qui a tous les pouvoirs. Elle vit seule, n’a pas de famille. Elle transgresse toutes les règles de vie, c’est un personnage fou, drôle, imaginaire», que les enfants adorent et auquel ils s’identifient, résume Catherine Druez, institutrice à la retraite qui enseignait dans les écoles difficiles de la banlieue parisienne en France.
«Elle vit dans un monde complètement déstructuré. Quand elle va à l’école, elle y va avec son cheval, elle répond à la maîtresse, elle ne sait pas compter. Elle n’a pas d’interdit et fait tout le contraire de la morale», dit-elle. Toute la magie de ces ouvrages, au rythme incroyablement dynamique, réside dans le fait que les jeunes lecteurs sont parfaitement conscients que ce n’est pas l’exemple à suivre.
«Astrid Lindgren a brisé toutes les conventions», renchérit Petrus Dahlin, écrivain suédois d’ouvrages pour enfants. Le premier Fifi est sorti en 1945. En ce temps-là, les ouvrages pour enfants étaient écrits à partir de la perspective des adultes. Les livres de Lindgren sont écrits du point de vue des enfants».
Et la passion se transmet de génération en génération comme le montrent les visiteurs de Junibacken, parc d’attractions pour enfants qui recrée l’univers Lindgren et qui est un des lieux les plus visités de la capitale suédoise. «J’ai lu Fifi Brindacier quand j’étais enfant et j’en garde le souvenir de livres extravagants, plein d’humour, d’une fantaisie extraordinaire. Astrid Lindgren a su représenter une enfant telle qu’on aimerait être», confie Annette Yagi, une touriste suisse de 32 ans, venue avec sa petite fille Maline, deux ans. «C’était d’une modernité incroyable loin des livres moralisateurs pour enfants de l’époque», dit-elle.
Pour Maria Kahlert, 38 ans, chercheuse allemande à l’Université d’Uppsala (à une cinquantaine de kilomètres de Stockholm), Astrid Lindgren «a définitivement dépoussiéré les livres pour enfants», en prenant les enfants au sérieux. De son côté, l’éditeur d’Astrid Lindgren, Rabén & Sj gren, a fait paraître plusieurs nouveaux ouvrages cette année dont la version originale de Fifi Brindacier, qui avait été créé à l’origine pour sa fille Karin.
• Delphine Touitou
(AFP)