Le dernier livre intitulé « Le théâtre, un atelier ouvert » du dramaturge marocain, Bouselham Daif, offre une matière intéressante sur les planches.
Cette publication, réalisée par la troupe «Chamat» et l’établissement « Afaq » pour les études, l’édition et la distribution, émane de l’expérience vécue de l’auteur. «Lors d’une rencontre ouverte, un intervenant m’a posé cette question : que fait le metteur en scène lors de l’interprétation de sa pièce de théâtre ? », raconte-t-il dans la préface de son livre. L’écrivain trouve que cette question est délicate. «La mission du metteur en scène prend directement fin après le début du show. Mais que fait-il en ce moment ?», s’interroge, à son tour, l’auteur qui estime que le metteur en scène devient un spectateur, récepteur de son travail. Mieux encore, cette interrogation a poussé M. Daif à réfléchir sur l’œuvre du metteur en scène et l’essence de son métier.
«Le travail du metteur en scène est délimité en trois espaces», détaille-t-il. Il s’agit de l’espace du théâtre en prenant connaissance de l’histoire du théâtre, ses techniques et des dessous de ses spécialités. Quant au deuxième espace, il porte sur la connaissance de l’histoire, de la pensée, de la société et l’ouverture sur les différentes connaissances. Le troisième espace étant l’être, soit la propre empreinte et la vision personnelle du monde et de l’existence. Pour le dramaturge, ces espaces interagissent en continu dans le parcours du metteur en scène. «Ce livre est le résultat d’une écoute interne de l’interaction de ces espaces à travers des écrits qui ont parallèlement accompagné mon expérience en théâtre», s’exprime l’écrivain.
Pour lui, cette expérience est particulière de par son rejet de la description. «Ce projet constitue d’autres reflets pour le théâtre d’un côté pratique. De l’écriture à l’interprétation en passant par les répétitions, ce livre crée son propre horizon», enchaîne-t-il. A son sens, cette publication est un espace pour l’ouverture de l’expérience en théâtre afin d’en révéler quelques dessous tout en la partageant avec le lecteur. C’est aussi un espace pour poursuivre le parcours initié par certains metteurs en scène, réfléchir à propos du théâtre à partir du concret. «Le livre est, de plus, un espace pour partager d’autres expériences qui ont influencé ma conception de la pièce de théâtre. C’est un espace qui considère plutôt que les planches sont un atelier ouvert sur l’autre et dans le temps», avance le dramaturge. En tout, ce qui lui importe c’est le parcours qu’il a traversé. «Une trajectoire à ses débuts», estime-t-il en qualifiant également le théâtre d’atelier «inachevé». «C’est cet inachevé et l’ouverture qui font l’essence du théâtre voire sa force», avance-t-il.
A propos de la mise en scène, l’écrivain indique dans un passage de son livre : «toute pratique théâtrale a besoin d’une conscience théorique pour l’appuyer, soit un projet artistique intellectuel». «La mise en scène n’est pas une réalisation technique d’un show théâtral», explicite-t-il.