Les choses sont simples pour Fouad Souiba, «J’ai essayé à travers ce roman d’analyser autrement les causes de la révolution des peuples arabes qui a secoué plusieurs régions, notamment la Libye, à travers l’utilisation de l’histoire fictive d’une famille marocaine résidant en Libye». Ce que le monde arabe a traversé comme révolutions et secousses plus ou moins graves a donné corps à un récit, bien documenté de la part d’un homme de médias, qui connaît la règle du jeu et sait que l’image peut être tronquée pour peu que l’on change de point de vue, d’angle de vision ou juste d’angle d’attaque. Au-de-là de l’histoire de cette famille marocaine et de son calvaire, d’où le titre qui évoque l’emprisonnement, la privation, la confiscation, il y a cette lecture en filigrane de la manipulation par le mot et l’image. Fouad Souiba y va sans compromission de ce qu’il pense sur le pourquoi du comment d’une malédiction nommée information.
Qui, elle, s’appuie, sur des images, des traitements, des recoupements plus au moins faux ou vrais, pour raconter la vie des gens. Sauf que dans ce cheminement, on a oublié qu’on parle d’êtres humains. Que ces personnes soient comme vous et moi et tant qu’on ne pense pas à elles de cette manière, tant qu’on oblitère la vision pour approcher la vie des autres comme des faits d’actualité, il y a toujours un risque de distanciation qui peut s’avérer dangereux. Voilà en somme le propos de Fouad Souiba dans ce roman, qui pose de façon directe la grosse désillusion des Printemps arabes. Ici la Sequestration est double. Les familles, les révoltés, malgré eux, les bannis et tous ceux qui refusent, mais aussi vous et moi, pris en otage, par la télé, par les sites d’information, par la presse, les médias du monde, qui jouent la surenchère, déforment les réalités, arrangent les faits et les font entrer dans des cases mercantiles à fort pourcentage de gains et de bénéfices. C’est clair, pour un homme de la télévision, un réalisateur, scénariste et producteur, doublé d’un journaliste, le regard est juste. Il a mis le doigt sur le danger que peut engendrer cette lucarne médiatique qui nous distille ce qu’elle veut, comme elle le veut.
Cette dictature de l’image qui enlève aux uns et aux autres leur «droit d’avoir leurs propres points de vue et leurs propres positions». Fouad Souiba signe donc un livre actuel, au coeur des réalités arabes d’aujourd’hui, avec un regard sans concessions sur la manipulation et le dogmatisme.
Editions Smein.