«Le fait est que la littérature maghrébine a réussi à avoir un public. Ce qui n’a pas empêché certains imposteurs qui font écrire leurs livres par des nègres de faire illusion. Mais l’important est que l’édition française s’intéresse aux littératures du Maghreb», estime Tahar Ben Jelloun.
Bien que les maisons d’édition étrangères soient censées privilégier la publication d’écrits de leurs compatriotes, elles éditent les productions de certains auteurs marocains.
Quels seraient alors les motifs incitant les maisons d’édition étrangères à accepter de publier pour le compte d’écrivains marocains ? Ceux-ci reviendraient-ils moins chers pour les premières?
Une belle opportunité offerte par Gallimard
«Déjà, c’est une chance, une reconnaissance, une consécration voire une aubaine pour un auteur marocain quand son livre est accepté par une maison d’édition étrangère. Dans ce cas, l’écrivain ne va pas hésiter à se faire publier par l’une de ces maisons», exalte Amina Mesnaoui, responsable de la librairie Porte d’Anfa à Casablanca et représentante des éditions Gallimard depuis 10 ans au stand de Sochepress dans le Salon international de l’édition et du livre de Casablanca. Aussi, le livre demeure, selon elle, accessible pour les Marocains. «Ces maisons, notamment Gallimard, font un excellent prix pour le Maroc. Par exemple, des livres de Tahar Ben Jelloun sont à 40 DH au Maroc», enchaîne Mme Mesnaoui qui précise que le fait d’être publié en France donne une garantie d’un grand nombre d’exemplaires allant de 5000 à 100.000. D’autant plus que les droits d’auteurs sont, selon la responsable, importants, comme il existe une transparence en termes de chiffres de vente. «Un auteur à l’étranger a un statut. Il y a des écrivains qui ne vivent que de leurs écritures», ajoute Mme Mesnaoui qui estime que la publication pour un étranger coûte beaucoup pour l’éditeur en termes de frais de représentation, promotion et diffusion.
Peu importe le pays d’origine, selon Tahar Ben Jelloun
Pour le célèbre écrivain les maisons d’édition recherchent avant tout des soit des livres d’écrivains véritables, soit des écrivains qui ont un style et un univers propres à eux. «Les éditeurs lisent ce qu’ils reçoivent ; quand ils trouvent un bon livre, peu importe le pays d’origine de celui qui l’a écrit. Je ne pense pas qu’ils vont le publier parce que l’auteur est marocain», avance Tahar Ben Jelloun, qui trouve que les grands éditeurs sont cependant attentifs aux littératures qui s’écrivent hors de France. «Le fait est que la littérature maghrébine a réussi à avoir un public. Ce qui n’a pas empêché certains imposteurs qui font écrire leurs livres par des nègres de faire illusion. Mais l’important est que l’édition française s’intéresse aux littératures du Maghreb», enchaîne-t-il en proposant une idée intéressante. «Il faudra à présent qu’elle traduise les meilleurs romans écrits en arabe», estime Tahar Ben Jelloun dont le point de vue diffère relativement de celui d’autres auteurs marocains.
Une meilleure diffusion de par la région arabe
«Au cas où le livre est apprécié et édité par une maison d’édition orientale, il est mieux diffusé auprès des pays arabes», indique Ali Azahaf, poète et écrivain marocain qui a fait le choix de publier ses productions chez la maison d’édition égyptienne Rawafid. Pour lui, les maisons d’édition orientales disposent d’une réelle industrie livresque. Comme elles font une impression et des couvertures élégantes. A leur tour, les responsables des maisons d’édition orientales trouvent certaines qualités particulières dans les productions marocaines. Voilà pourquoi elles acceptent de publier pour leurs auteurs.
La particularité de s’ouvrir sur la culture européenne
Pour Islam Abdelmaâti, directeur de la maison d’édition égyptienne Rawafid, «l’écrivain marocain est sérieux. Comme il est en contact direct avec la culture européenne. C’est ce qui fait que ses productions soient fort demandées que ce soit en Egypte ou en Orient». Les écrivains marocains ont également d’autres particularités aux yeux d’Islam Abdelmaâti. «Les Marocains prennent en considération les conditions du marché et ne sont pas assez exigeants par rapport aux égyptiens. Tout ce que les Marocains désirent c’est que leurs recherches et créations soient diffusées de par la région arabe», estime-t-il en précisant que le contrat est toujours le même que l’écrivain soit égyptien ou marocain.