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Un nouveau beau livre documente l’intérêt de la création d’une Maison de l’histoire du Maroc

© D.R

Initié par l’Académie du Royaume et des partenaires

Cette Maison vise à «offrir notamment aux jeunes générations, une histoire nationale éclairée par la recherche scientifique, dans sa richesse mais aussi dans toute sa complexité».

L’Académie du Royaume plaide «Pour une Maison de l’histoire du Maroc». Un appel vivement exprimé, dans une nouvelle publication éditée par les éditions La Croisée des chemins, par ce prestigieux haut lieu de savoir et son secrétaire perpétuel, ainsi que les collaborateurs à ce beau livre qui compile des contributions en français, anglais et arabe. Entre rappels historiques et faits ayant marqué l’histoire du Maroc ressuscités par les participants, les points de vue de ces personnalités scientifiques de renom convergent vers la création de cette Maison dont la création est convoitée à Casablanca.

Un «Projet-Défi»

Au sens d’Abdeljalil Lahjomri, la fondation de cette structure est, comme il l’indique dans son avant-propos, un «Projet-Défi» qui a fortement interpellé la conscience nationale, à cette époque, sans que pour autant, en conséquence de cette manifestation, une étude de faisabilité soit mise en œuvre pour en cerner les contours, les fondements et la portée». Le secrétaire perpétuel de l’Académie, qui ne manque pas, par l’occasion, de préciser que le projet de cette Maison est initié par le Conseil national des droits de l’Homme présidé, alors, par Driss El Yazami, lors d’un séminaire en octobre 2012 à Casablanca, estime également que cette institution permettra «à toutes les générations d’apprendre à connaître l’histoire de leur pays, à l’approfondir, à l’écrire avec objectivité et sérénité dans son ampleur et diversité». Pour lui, cette Maison «agirait et contribuerait de plus à la défense et à l’illustration de cette originale pluralité de la Nation marocaine». Il trouve, en outre, que cette institution est «aussi indispensable que salvatrice». Comme il l’ajoute, cette structure «facilitera le travail de mémoire».

Un éclairage par la recherche scientifique

De son côté, Driss El Yazami, superviseur de l’œuvre, précise dans sa préface que «cette publication intervient dans un contexte qui a connu quelques évolutions notables». Pour lui, cette structure vise à «offrir notamment aux jeunes générations, une histoire nationale éclairée par la recherche scientifique, dans sa richesse mais aussi dans toute sa complexité». «C’est donc une histoire ouverte sur des lectures multiples ici, non pas une histoire des clôtures qui nous définiraient une fois pour toutes, mais une histoire des interactions et des échanges et ne se refusant pas aux interrogations du présent, une histoire qui contribue bien au contraire à les éclairer par l’enseignement et la recherche, à les relativiser et à leur donner leur dimension proprement humaine, nous aidant à récupérer ainsi notre capacité d’agir, notre qualité citoyenne», détaille-t-il dans le beau livre dont la coordination scientifique est assurée par Mohamed Kenbib.

Réponse à une «demande sociale»

Dans son introduction, ce coordinateur indique qu’une «institution d’envergure mettant l’histoire à la portée de tous serait en effet de nature à contribuer notablement à la satisfaction de «la demande sociale»». Cela étant, l’ouvrage comprend des collaborations assez intéressantes. Ainsi, la théorie de la civilisation d’Ibn Khaldûn et son application universelle y figure en français par les soins d’Abdeslam Cheddadi. Aussi, Mohamed Kenbib établit un rapport entre l’histoire et l’historiographie à l’ère d’Internet. De son côté, Leïla Meziane aborde la forte appréciation de la mer par les Marocains. Quant à Mina El Mghari, elle aborde du patrimoine religieux du Maroc. Mohamed Houbaïda, lui, parle du couscous et de l’histoire de ce «patrimoine réinventé». Lucette Valenci, elle, remonte aux seizième et dix-huitième siècles pour raconter l’histoire des musulmans en Europe. Abdourrahmane Seck et Nazarena Lanza, eux, abordent l’histoire contemporaine entre le Maroc et le Sénégal. De son côté, Ali Amahan se représente le savoir-faire des communautés berbères du Maroc. Par ailleurs, Ouidad Tebbaa parle de patrimonialisation au moment où Jean-Robert Henry aborde la manière de montrer l’histoire ou la culture d’un pays au public avant de donner libre cours à Daniel Schroeter qui traite de l’essor et du déclin d’Essaouira entre cosmopolitisme et protectionnisme. Y contribue également Jamaâ Baïda qui fait de la presse écrite un agent de mutation culturelle et politique, notamment aux dix-neuvième et vingtième siècles. En outre, le Maroc est une «communauté imaginée» aux yeux de Driss Maghraoui qui la conçoit à travers le journal «Al-Istiqlal». Il y est, de plus, question de communautés juives du Maroc dont M. Kenbib dresse la rétrospective historique. De surcroît, les migrations internationales au départ, à destination et via le Maroc, prennent des dimensions temporelle et spatiale selon Mohamed Berriane. Quant à Mohamed Affaya, il s’exprime sur les enjeux d’une modernité en suspens de l’histoire, la culture et la création au Maroc. Et si Mustapha Ammi Kebir a intitulé sa contribution «Ecrire», Yasmine Berriane a préféré relater l’expérience de la maison des jeunes de Hay Mohammadi.

Aperçu d’une collaboration anglophone et d’autres arabophones

A lui seul, Edmund Burke traite en anglais de l’impérialisme scientifique en établissant des rapports étroits entre l’Inde britannique et le protectorat au Maroc. Quant aux contributions en arabe, elles sont conçues par Ahmed Toufiq qui y fait un apport sur le bilan et les perspectives de l’histoire du Maroc. Pour sa part, l’historiographe du Royaume, Abdelhaq Lamrini, remonte à l’unification du Maghreb islamique en remontant au temps des Almoravides et Almohades. De son côté, Rehal Boubrik fait de Sakia El Hamra un terroir des saints. Cependant, Mohamed Amtat relate les contextes des migrations algériennes au Maroc. Quant à Khalid Ben Seghir, il aborde les propositions de réforme britanniques entre 1856 et 1886. Jilali Adnani, lui, ressuscite les réactions des nationalistes marocains à l’égard du «Dahir Berbère». Dans la contribution de Mustapha Chabi, il est question du regard de l’élite cultivée sur les grands dossiers du Maroc dans la première moitié du vingtième siècle. Pour leur part, Latifa EL Bouhsini et Bahija Simou traitent respectivement du mouvement féministe marocain et de l’écriture historique. Par ailleurs, Mohamed El Hatimi relate la migration communautaire juive du Maroc vers Israël. En dernier lieu, El Bachir Tamer décortique le contenu des manuels scolaires d’histoire.

 

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