Culture

L’œil de la splendeur ou la mystique de la peinture

© D.R

Plus de quarante années de travail d’Abdelhay Mellakh sont réunies dans son magnifique beau livre, intitulé «L’œil de la splendeur». Il faut dire d’emblée que rarement travail plastique aura aussi profondément posé la question de la beauté des œuvres et l’apport d’un artiste.  Figure atypique de l’abstraction marocaine, Abdelhay Mellakh  peint depuis plusieurs décennies. Jamais son travail n’a été catalogué dans un style ou étiqueté comme approche de tel courant ou autre dogme pictural à la mode. Après les tournoiements de couleur de la période de ses débuts, la palette du peintre s’assombrit très vite.

On s’achemine vers plus d’introspection, plus de repli dans un besoin viscéral de faire dire à la couleur ce qui gît au fond, ce que même le peintre n’arrive pas à définir ni en tant qu’émotion  ni en tant que sensation. Des couleurs de plus en plus denses, de plus en plus graves, prennent le dessus dans une peinture où le regard peut très vite s’abîmer dans des sphères psychologiques et mystiques à la fois bouleversantes et inquiétantes. Les œuvres d’Abdelhay Mellakh, au fil des années et des périodes, deviennent plus déroutantes que jamais mettant le signe en avant, chargeant le support d’accidents chromatiques qui en disent long sur le cheminement intérieur du peintre. Mais, dans ce mouvement constant vers plus profond, les toiles sont toujours restées nimbées de lumière. Tout est baigné dans un rayonnement si particulier. Une luminosité née de l’addition infinie de fines couches de peinture presque transparente qui ont fini par donner  à certains travaux de Mellakh des tonalités presque opaques, mais toujours aussi ouvertes sur des dimensions de clarté à peine suggérée. C’est simple, quand on suit les différents parcours et évolutions de la peinture d’Abdelhay Mellakh, on se rend compte, passant d’un univers à un autre,  que nous sommes devant une peinture mystérieuse et éblouissante, donnée par un artiste en lutte pour et contre sa propre reconnaissance. Reconnaissance de soi, par soi, non celle des autres.

Encore moins celle de la corporation, tant Abdelhay Mellakh a cheminé, en solitaire, malgré de fortes accointances avec toutes les grandes figures des arts plastiques marocains, mais sans jamais céder de lui-même ni travestir ses visions propres de l’exercice de l’art. Un jour, dans une conversation, il avait lancé cette belle phrase de Mark Rothko : «Quand une foule regarde un tableau, cela évoque pour moi un blasphème.» Ceci pour dire que la quête de la reconnaissance est toujours tributaire du regard que l’artiste porte sur son propre travail. Car c’est là que le jugement est sans compromis, sans fards, encore moins des biaisements avec soi. Bref, Abdelhay Mellakh a toujours compris que la lumière tout comme la couleur ne jouent que le rôle d’intermédiaire. Ce sont les dimensions auxquelles elles sont associées qui donnent toute l’intensité au tableau. Créer de la signifiance ne découle pas du simple ajustement d’un ensemble de couleurs et de leurs nuances avec un certain jeu sur la lumière et l’obscurité, qui n’est qu’une variation de la clarté. Il y a toute la dimension de volupté, de plaisir, de sensualité et de beauté qui confère au tableau cette profondeur que doivent véhiculer et le procédé chromatique et la forme. Ceci Abdelhay Mellakh l’a bien saisi. Et très tôt. Ce qui a toujours conféré aux travaux du peintre une signification autonome, en adéquation avec l’artiste lui-même et ses préoccupations.

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