Khalid est médecin dans un service d’urgence, dans un hôpital de Casablanca. Un jour, il se trouve devant un cas de brûlure de troisième degré due au fuel. Un cas comme un autre. Une année après, Khalid est muté au dispensaire de la prison civile de la ville. C’est là où il fait connaissance avec un condamné à mort du nom de Hassan Essabar. De par ses lectures dans les journaux, il sait déjà que l’homme n’est autre qu’un agent de sécurité à la retraite. Il sait aussi que ce dernier avait tué tous les membres de sa famille, excepté sa fille, faisant disparaître les corps en mettant le feu sur sa maison. La nature identique du produit utilisé (le fuel) rappelle à Khalid le cas qu’il avait traité, une année auparavant, la même nuit et dans les mêmes circonstances que le famille Essabar. Trop étrange pour être une simple coïncidence. Curieux, le jeune médecin s’en va à la recherche d’éléments à même de l’aider à y voir plus clair. Il finit par découvrir qu’il s’agit d’un autre membre de la sécurité connu pour sa compétence: Jamal Mustapha. Les deux travaillaient ensemble pendant une période noire de l’histoire contemporaine du Maroc, les années de plomb. Ahmed nie toute relation avec Jamal et accepte son sort sans mot dire. La raison est simple. Ahmed a décidé de fermer l’oeil sur les crimes odieux auxquels il avait assisté et dont Jamal était le principal auteur. C’était lors des longues années de répression où ils oeuvraient à kidnapper des gens, au nom du devoir. Mais les temps ont changé et Ahmed, victime d’une crise de conscience, était sur le point de témoigner à une organisation humanitaire, contre ses propres collègues. Si sa fille Lamia a été épargnée, c’est pour faire figure de menace continuelle, pour s’assurer à ce qu’il se taise et à jamais. Ahmed Essabar n’avait pas le droit de déshonorer sa profession ni d’enfreindre son code d’honneur dont la seule loi est celle du silence. Après tout, ce n’était qu’une question de devoir. Il ne pouvait pas non plus être moins héroïque que ceux qui, même sous les pires tortures, gardaient leurs bouches cousues, leurs têtes hautes.
L’affaire est entre les mains de la justice, représentée par le juge Walid. Homme de textes et de rigueur, il s’arrête aux « faits » et ne cherche nullement à aller au-delà de sa mission professionnelle. Il ne peut toutefois échapper à un problème conjugal avec sa femme Amina. Peintre de vocation et libre d’esprit, elle ne cesse d’attirer l’attention de son homme aux plaisirs de la vie, voulant le changer de son cynisme et son conformisme habituels. En vain…
L’histoire, on l’aura compris, et celle de deux visions antagonistes. A la répression et aux attitudes criminelles d’antan, commis au nom de la loi, s’oppose la quête de liberté que représente, entre autres, Amina dans Tayf Nizar. Le titre même du film est d’une grande symbolique. Nizar n’est autre que Nizar Kabani, poète d’incitation à la révolte et d’appel à l’amour et à la liberté. Une liberté qu’on a longtemps cherché à étouffer, et par tous les moyens. Allant même jusqu’à commettre des atrocités pour faire taire toute voix qui chercherait à briser le mutisme ambiant. Un mutisme qu’on consacre en refusant de revenir à ce qui s’est réellement passé, se contenant de faire son devoir. Le personnage du juge en dit long à ce niveau.
Le film se voulait un regard sur un passé pas si loin, pour mieux comprendre le présent et décider de l’avenir. Une histoire digne des meilleurs best-sellers mais avec un air de déjà vu. Les scènes, même si manquant de suite quelques fois, n’en sont pas moins captivantes. Les personnages ont bel et bien leur place si ce n’est pour celui du médecin, mal introduit dans le déroulement des différentes actions du film. La musique laisse également à désirer dans la mesure où elle n’accompagne pas vraiment la nature des différentes scènes du film et n’arrive pas toujours à transmettre l’effet voulu.