Culture

Maigrir à tout prix, un phénomène de société

© D.R

«Trop grosse? Besoin de maigrir? Rien de plus facile…», affiche un PLV dans une pharmacie casablancaise. La silhouette de femme nue qui y pose est à faire des envieuses et à donner des envies. Avec l’avènement de l’été, tout le monde pense à se débarrasser des kilos en trop accumulés pendant la saison froide. Rien n’est de trop pour s’offrir une silhouette de rêve et jouer à la Pamela Anderson sur la plage. Les moyens sont multiples, les prix sont variés, mais le but est le même. Bref, maigrir est d’actualité. Abordée par nos soins, la vendeuse de pharmacie s’empresse, sourire en prime, de nous présenter les produits miracles. Il s’agit de crèmes, de gels, de laits, de sérums… Tout un traitement aux composantes supra complexe et au mode d’emploi super compliqué. «Tous ces produits nous viennent directement de France, c’est de l’import, ils sont très bien, il faut juste suivre le traitement», garantit naïvement la vendeuse. À croire que tout ce qui vient de l’autre rive est bon. Un des produits affiche «14 jours pour redessiner votre taille et resculpter votre ventre» et promet «jusqu’à moins 3,3cm du tour de hanche». Cette inscription porte une petite étoile qui renvoit à une explication en caractères minuscules en bas de la boîte. Et ça dit, «valeur maximale obtenue sur un sujet. La valeur moyenne est de moins 0,7cm de tour de hanches, mesure centimétrique obtenue sur 100% des sujets après 14 jours d’application». Donc, on comprend que l’on perd en moyenne 0,7cm de tour de hanches et non pas 3,3cm. Une astuce de vente qui n’inspire pas confiance. En plus, la boîte coûte 313 dirhams et des poussières pour un traitement de 14 jours ensuite il en faut une autre et ainsi de suite. Tout de suite, face à notre hésitation, c’est un changement de registre radical. «Vous avez raison, en plus le traitement est difficile à suivre et si vous oubliez une seule application, tout tombe à l’eau. J’ai autre chose pour vous. Ce sont des textiles enrichis d’actifs minceur à porter sous les vêtements. Ils existent sous plusieurs formes en panty, corsaire, fuseau, ceinture, panty taille haute… un choix très large pour que chacun y trouve son compte», précise la vendeuse. Ça semble convainquant surtout qu’on peut lire sur l’emballage que c’est fait à base de produits naturels. Mais, et il y a toujours un «mais», il faut le recharger tous les trois lavages, le laver à la main, le laisser sécher à l’air libre, le faire mariner toute une nuit dans un produit, ne pas l’essorer… ne pas l’acheter tout court. Le panty coûte 420 dirhams et les recharges 200 dirhams les huit dosettes. Tout cela ne semble pas déranger les deux clientes grassouillettes qui passent à la caisse pour s’offrir les produits miracles. «J’en suis à ma troisième boîte et j’adhère parfaitement, j’ai déjà moins de cellulite et ma peau se raffermit», déclare fièrement l’une des clientes. À chacun ses convictions. Un peu plus loin de la pharmacie une pancarte indique «kinésithérapie, nutrition et amincissement». Le cabinet de kiné en question offre un forfait de 20 séances pour 1500 dirhams. «C’est toute une équipe de masseuses, nutritionniste, coachs et kinésithérapeute qui s’occupe de vous. Vous avez droit à un bilan complet et gratuit qui fait état du traitement adéquat à votre corps. Aussi, on vous précise le nombre de tailles qu’on s’engage à vous faire perdre, ça va de 1 à 5 tailles de pantalon», explique la kiné. Le cabinet est énorme, avec beaucoup d’appareils. Et ce ne sont pas les clients qui manquent, certains se font masser aux algues, d’autres sont enveloppés par des Absorbeurs de graisse ou encore se font peser par le nutritionniste. Une vraie petite usine à retirer les kilos. À côté, il y a les salles de sport qui font des offres tout aussi concurrentielles, mais ça prend un peu plus de temps. Pour Salwa, coach de fitness, «le sport il n’y a pas mieux pour perdre du poids. Mes clientes, je leur fais un petit test à l’arrivée avec des machines qui mesurent leur capacité cardiaque et je démarre tout de suite le programme adéquat à leur corps. Encore faut-il qu’elles fassent preuve de volonté et d’engagement pour mener à terme et à bien leur programme». Des gens qui arrivent à maigrir à force de volonté sont très rares. C’est surtout la nécessité et le besoin qui dictent les bonnes attitudes. Dans le cas de Mahassine c’est très clair. «J’ai été victime d’une tachycardie à cause de mon obésité. C’était là le déclencheur qui m’a poussé à me reprendre en main et à perdre du poids. Sinon pour moi ça ne faisait aucune différence, je m’acceptais comme j’étais et je continue maintenant que je porte du 38!», raconte-t-elle, sourire aux lèvres. Que l’on pèse 120 kg ou à peine 35 kg. Anorexique ou gros. Le tout est de s’accepter tel que l’on est. Et comme l’habit ne fait pas le moine, le poids ne fait pas le bonheur.

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