Culture

Manu Théron : Nous voulons ancrer le développement de notre musique dans les musiques méditerranéennes

© D.R

ALM : Le public a eu le plaisir de découvrir votre groupe, Lo Còr de la Plana, et vos chants occitans au dernier festival de Fès. Qu’est-ce qui en fait la particularité ? 

Manu Théron : Les chants que nous proposons  sont issus du patrimoine occitan, c’est-à-dire chantés en langue d’Oc, et s’appuient sur des moyens musicaux rudimentaires, la voix et la percussion. Ce choix est dû à l’histoire de la musique occitane parce que notre volonté est d’ancrer le développement de notre musique dans la réalité contemporaine des musiques méditerranéennes et d’inclure dans notre identité musicale toutes les influences qui, à Marseille, relèvent de cette identité.

 

Vous êtes parvenu à jouer des rythmes marocains au bendir. Est-ce le fruit d’un travail de longue haleine ou existe-t-il une similarité entre ces rythmes et ceux interprétés chez vous à Marseille ?

Je travaille depuis 1999 avec un groupe du Sud-Ouest algérien, de la vallée de l’Oued Saoura, dans le sud de la wilaya de Béchar. Les habitants de ces régions ont une familiarité historique avec la musique marocaine et connaissent par cœur Doukkali, Belkhayat, etc. C’est au contact de ce groupe, qui s’appelle aujourd’hui El Maya El Assilah, que j’ai commencé à apprendre sérieusement le bendir et à le communiquer aux autres membres du Còr de la Plana. Quant à ces rythmes, ils sont issus de l’ouest du Maghreb, et ils se répartissent en des milliers de déclinaisons possibles dans toute cette aire géographique, qui va de l’Atlantique à la Kabylie à peu près. Ils ont la particularité de susciter l’enthousiasme et de créer une cohésion exceptionnelle entre les musiciens d’abord, puis entre le public et les musiciens.

 

Vous êtes normalement un chœur composé de six hommes. Or votre nombre s’est limité à 5 au festival de Fès, pourquoi ?

Nous sommes cinq musiciens sur scène depuis plus d’un an. Il y a un sixième musicien que vous ne voyez pas, car il est derrière sa console, c’est notre ingénieur du son. Sa présence est indispensable au bon déroulement du concert, et il enrichit, par ses inventions sonores, nos arrangements et nos compositions.

 

Et d’où puisez-vous votre source d’inspiration ?

Ce qui m’inspire, ou ce qui inspire tout le groupe, je pense, c’est la capacité de Marseille à révéler la complexité du monde d’aujourd’hui. Les gens et les cultures circulent et vont se fixer à des endroits, les enrichissent de leur présence et de leur musique. La musique de notre ville est celle d’un port, où, depuis des siècles, les populations de tout le bassin méditerranéen viennent accoster ou s’installer. Ce qui a fait la richesse de cette ville, c’est sa capacité à regarder ces ailleurs sereinement et à accueillir le monde avec hospitalité. Ce qui m’inspire c’est cette volonté, toujours présente chez nous, d’écouter et comprendre l’autre sans craindre les surprises de l’altérité.

 

Vous vous êtes déjà produit au Maroc, veuillez bien remonter un peu le temps avec nous ? 

Nous avons joué en 2000 à Tanger dans le cadre du festival «Les nuits de la Méditerranée» et nous avions rencontré Dar Gnawa et le Maâlem Abdallah à cette occasion. Nous avons aussi joué en 2010 à Tanger pour le festival Tarab, et, personnellement, j’avais participé en 2007 à un autre festival à Agadir dans le cadre d’un projet qui s’appelait «Cantates des rives».

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