Ses amis l’appellent la «Bohème». Dans la Médina de Marrakech, on l’appelle «l’Espagnole». Maria José est une Andalouse qui fait de la peinture son mode d’expression favorite. Exposées un peut partout à Marrakech, à la Galerie bleue ou au café littéraire Dar Chérifa, ou encore au restaurant Le Taros d’Essaouira, ses toiles revendiquent la transposition du vécu et de la réalité dans l’art. Une idée partagée par son ami le poète Antonio Ramirez Almanza, un amoureux de Marrakech, également directeur à Huelva de la fondation Juan Ramon Jimenez du nom du poète andalou, prix Nobel de littérature.
Bien des tableaux de Maria évoquent des scènes de tous les jours: pause langoureuse d’une dame, la nudité recouverte d’un voile blanc, à la sortie d’un bain maure. Sur d’autres tableaux, le pinceau nous introduit dans ce lieu interdit aux hommes, à la rencontre de plaisirs interdits et de chaleurs étourdissantes.
L’on devine des corps nus entre les reflets de la lumière mais aussi la pudeur d’une artiste qui s’interdit de dépasser la suggestion. Une fleur redonne une dimension poétique à la vue aérienne de la Médina.
Des fois, l’on sent, entre des personnages moulus dans des arrières-plans bleu azur et blancs indéfinissables, la fièvre du souk de Marrakech. D’autres jouent avec les couleurs, Maria José joue avec la lumière, prise à différentes heures de la journée.
On retrouve dans ses tableaux tantôt les tons du village Rociano del Condado (province de Huelva) d’où est originaire Maria José. Mais le plus souvent, c’est Marrakech qui prend le dessus. «Je suis tombée amoureuse de la lumière de Marrakech, je me suis identifiée à cette ville, à sa saveur médiévale, à ses odeurs et à ses couleurs», a dit l’artiste.
La Médina où vit l’artiste est devenue sa principale source d’inspiration dans les derniers tableaux de Maria José. «J’ai opté pour cet endroit, attirée par la simplicité des gens. J’ai investi mes économies dans un riad que j’ai refait et repeint à mon image, avec mes couleurs et ma sensibilité», explique celle qui revendique sans complexe son statut de «peintre autodidacte», ayant quand même suivi quelques cours à l’Ecole Massana de Barcelone. «Mes peintures parlent de la vie. Peut-on en faire autrement, l’art quelqu’il soit n’est qu’une parodie de la réalité», explique-t-elle. «L’engagement de l’art doit, ajoute-t-elle, s’orienter dans le sens de plus d’équité entre les hommes et de plus de partages». L’une des raisons qui l’ont le plus poussée à rester à Marrakech vient de cette ambiance apaisée et de cette manière de vivre mais qui hélas, ne pourrait durer éternellement. «Marrakech est en train de changer», dit-elle en sirotant son thè depuis la terrasse de l’Argana, là où elle peut guêter toute à son aise le coucher du soleil, en humant les bonnes odeurs de viandes grillées.