Culture

Medersa Cherratine : une action salutaire

© D.R

La Medersa Cherratine de Fès sera restaurée. C’est du moins ce qui a été conclu entre le ministère de la Culture et le ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme. À cet effet, les deux ministres Mohamed Achaâri et Ahmed Taoufik Hejira se sont rencontrés le mardi 4 avril à Fés et ont signé une convention relative au projet de la restauration et de la réhabilitation de cette medersa. Ce monument du patrimoine national a été construit en 1670. C’était à l’époque du règne du premier Sultan alaouite Moulay Rachid. Le style de cette medersa se distingue par sa sobriété. Les spécialistes du patrimoine soulignent cette tempérance dans la décoration et le style des ornementations. Elle est différente des medersas de la dynastie Mérinide au 14ème  siècle.
Aujourd’hui, la medersa Cherratine a subi l’usure du temps. Les plafonds et les murs ont souffert de l’humidité et d’autres agressions naturelles. Le moment était donc venu d’intervenir en lui effectuant une opération de lifting pour effacer les rides. L’organisme de tutelle qui n’est autre que le ministère de la Culture  a donc fait appel à un autre partenaire pour l’épauler dans cette tâche.
Dans le cadre d’un accord commun, le ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme s’est allié à cette mission. Suite à un appel d’offre, c’est l’entreprise « Tourat Fès » qui s’occupe du projet. Un projet dirigé par l’architecte de Fès Houssine Kadiri. Selon le ministre de la Culture Mohamed Achaari, « le chantier a commencé le lendemain de la signature de la convention ». A savoir le mercredi 5 avril 2006. L’échéance du projet n’a pas encore été fixée. « Nous avons prévu deux ans, mais le contrat pourra être renouvelé, tout dépend du degré de détérioration du monument », confie M. Achaari.
Le montant global de l’opération avoisine les six millions DH. Cette opération de restauration a été cofinancée par les deux ministères. C’est une forme de coopération qui pourra revêtir plusieurs formes. Les deux parties devront en faire bénéficier leur département. Contacté par ALM, le ministre délégué chargé de l’Habitat et de l’Urbanisme a déclaré que les étudiants de l’école nationale d’architecture sous la tutelle de son ministère vont à partir de l’année prochaine entamer des ateliers de formation au sein même de cette medersa. « Les étudiants en architecture sont les premiers concernés, nous allons faire appel à eux pour venir s’enquérir des travaux sur place et pour apprendre les BA BA du métier de restaurateur», souligne le ministre.
Un métier qui, il faut le rappeler, n’existe pas au Maroc. Selon un professeur spécialiste des métiers d’art à l’ENA «ce métier n’est pas dispensé dans nos écoles, il n’existe pas un seul spécialiste dans notre pays ». En fait, des anthropologues et des historiens existent, mais des vrais restaurateurs qui vont reprendre les secrets de nos artisans et réhabiliter le monument tel qu’il a été construit dans son origine, ils n’existent pas. Le ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme est lui-même conscient de cette réalité.
« Le Maroc souffre d’un manque crucial de formation en matière de restauration des monuments historiques ». L’implication des étudiants en architecture est un premier pas vers l’instauration peut-être dans les années à venir d’une vraie spécialité dans les universités. Une façon de respecter les normes de la restauration et de ne pas dénaturer les monuments.

Medersa Cherratine : Deux hommes, une histoire


La medersa Cherratine qui se trouve dans la médina de Fès est l’œuvre de deux sultans. Elle a été construite en effet par Moulay Ismaïl et son successeur Moulay Rachid en 1670. 
Le mot Cherratine représente le nom du quartier dans lequel se trouve ce monument. Cherratine vient de Chrit et signifie les fabricants de corde. Selon le spécialiste en medersa de Fès, Ahmed Tahiri, « on retrouve à l’intérieur de la medersa de Cherratine deux types d’inscriptions épigraphiques qui font l’éloge des deux sultans ».
Le plan de cette médersa est de type classique. Elle reprend l’architecture des medersas Mérinides et les ornementations hispano-maghrébines. Plâtre, zellige, panneaux géométriques en bois sculptés. La décoration intérieure de cet espace est diversifiée et rappelle la medersa Ben Youssef.

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