Mehmet Mestci n’aurait jamais pu connaître, ni visiter et moins encore s’installer au Maroc s’il n’y avait ce qu’il appellerait cette « divine découverte ». Tout a commencé quand, en 1999 à Budapest (Hongrie), il regarde le film « Casablanca » de Michael Curtis. « Bien que, dans ce célèbre film, le Maroc n’est utilisé que comme toile de fond, sachant qu’une bonne partie de ses séquences ont été tournées dans les studios de Los Angeles (Etats-Unis), les images qu’il véhicule sur Casablanca sont si fortes qu’on se résout à prendre le premier avion pour découvrir cette ville », s’exclame M.Mestci. « Le coup fatal, poursuit le cinéaste, est venu lorsque j’ai vu, quelques semaines après à Budapest, le film « Marokko » du cinéaste allemand Joseph Von Steinberg ». L’image et la magie du Maroc ont opéré.
« Je me suis alors dit qu’il fallait absolument voir le Maroc ». En effet, raconte M.Mesci, « par un jour de fin janvier 1999, j’ai quitté Budapest où il faisait – 20° pour atterrir à Casablanca. Quelle ne fut alors ma surprise de revivre dans la réalité ce que j’ai vécu, à travers le film de Michael Curtis, en pensée ». Débarquement à Casablanca, puis détour par El Jadida, Rabat, Fès, Meknès, Moulay Driss Zerhoun, M’Hamid Ghizlane, Zagora. La curiosité a entraîné M. Metsci dans un long périple qu’il a parcouru, son appareil-photo à la main. « J’ai pris 500 photos des villes que j’ai visitées, j’y ai laissé toute mon économie», dit-il, l’air badin. De retour à Budapest, ajoute-t-il, « je suis devenu en quelque sorte le représentant de l’image du Maroc. J’ai montré les 500 photos à mes amis britanniques, brésiliens, japonais, tchèques, etc. J’ai été même voir Monsieur l’ambassadeur du Maroc en Hongrie pour lui exprimer ma fascination ». Là-bas, l’artiste a réalisé un court-métrage intitulé «Le tabac d’Alexandrie ». « C’était une façon de dire adieu à la Hongrie, martèle-t-il. Les Hongrois, mis à mal par la difficile transition du communisme au capitalisme, ont perdu leur sens de communication et sont devenus nerveux, pour ne pas dire agressifs ». « J’ai trouvé dans la chaleur marocaine une belle alternative au malaise qui s’installait en Hongrie, et puis dans le Royaume la vie coûte moins cher que dans cette région de l’Europe centrale ». En 2000, M.Mestci prendra le parti de revenir s’installer à Casablanca. Cette capitale économique était le point de départ d’une nouvelle pérégrination à travers plusieurs villes du Royaume. L’artiste réalisera plusieurs clips publicitaires pour le tourisme à Rabat, Rissani, Merzouga et Skoura (Ouarzazate). Entre-temps, il s’installe à Rabat où il écrit plusieurs scénarios de films : «Polygame », « Imad et Larbi », « Le mariage ensorcelé », etc.
Maintenant, M.Mestci se prépare à aller à Budapest pour faire le montage de son film « Merzouga, la beauté suprême ». Ce film, un documentaire de 55 minutes produit par Andras Muhi, patron de la maison de production hongroise Inforg Studio Budapest, est le fruit de « plusieurs visites que j’ai effectuées entre 2001 et 2004 dans les régions de Erfoud, Rissani, Merzouga et M’Hamed Ghizlane ». « Comme cette partie du Maroc possède une géographie d’une beauté resplendissante et atmosphère d’une divinité inimaginable, ces voyages ont laissé sur moi des traces profondes et intenses. Mais bien entendu, sans la cordialité des habitants de ces régions, cette sensation d’émerveillement ne serait plus complète », explique M. Metsci. Le sujet de ce documentaire pourrait être décrit ainsi : « Pour tout étranger débarquant au désert avec l’intention de passer quelques jours, une semaine, voire plus, et qui une fois ayant été rassasié d’images et d’émotions, retourne finalement chez lui. Cependant, le Sahara représente une vérité, un charme et une beauté bien différente pour les autochtones qui, eux, vivent à domicile et appartiennent à jamais à ce paysage qui est le leur. A partir de cette réalité élémentaire, le documentaire, en éliminant récits et histoires des étrangers qui n’y appartiennent pas, raconte (à travers un narrateur en voix-off dans le film) le désert et le village de Merzouga, et fait participer plusieurs habitants de ce village pour intégrer cette fois leurs propres récits de Merzouga et du désert ».
Maintenant, question : Comment M.Metsci est venu au cinéma ? M. Mestci est d’abord musicien de formation, sachant il a fait ses études supérieures en 1992 en matière de flûte traversière au Conservatoire de Debrecen (Hongrie), suivie d’une maîtrise en musicologie (1994, Université d’Edinburgh-Ecosse). Mais une très forte orientation vers le cinéma a fini par prendre le dessus. Une passion nourrie dans une « Budapest bourrée de salles de cinéma (40 salles classiques et 5 multiplexes, affichant des programmes résolument cinéphiliques) ». « En regardant dix films par semaine dans les cinémathèques pendant deux ans, je sentais l’inépuisable désir de me lancer dans ce domaine et voulais réaliser, d’une manière ou d’une autre, mon propre projet de film. Ainsi est né en 1997, un documentaire de 82 minutes, intitulé « Long life Hungarian ».













