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Mohamed Bassou : «Il n’est pas honteux d’incarner un corps de métier dans une œuvre artistique»

© D.R

Entretien avec Mohamed Bassou, comédien marocain

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Il est l’une des têtes d’affiche de la sitcom ramadanesque «Café ness ness» qui fait l’objet d’une polémique suscitée par les avocats qui trouvent que leur métier est «dénigré» dans cette œuvre. Ce tollé a pris une autre ampleur quand ce corps a sollicité la HACA et après la décision du tribunal de première instance de statuer sur cette affaire le 5 mai prochain. Notre choix s’est porté sur l’acteur marocain Mohamed Bassou pour avoir son point de vue sur cette réaction à propos de cette série réalisée par Hicham El Jebbari et diffusée sur la chaîne Al Aoula au moment de la rupture du jeûne. Une occasion pour faire un entretien à bâtons rompus avec ce comédien apprécié du public.

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ALM : En tant qu’artiste qui se produit dans la sitcom «Café ness ness», que pensez-vous de la polémique suscitée par les avocats quant au traitement de leur métier dans cette œuvre?

Mohamed Bassou : Pour ma part, je préfère m’exprimer sur la liberté d’expression et de création. Quand un humoriste se voit poser des limites, il ne peut pas faire rire le public à sa propre manière. Dans une œuvre, nous prenons une réalité que nous essayons de transposer de façon exagérée ou d’en révéler les handicaps pour créer le show sur la télévision et auprès du public. Le tout dans le cadre de la fiction. Si l’on traite de l’avocat, un jour ou l’autre ce sera peut-être le tour du médecin. Par l’occasion, si je prends l’exemple de mes sketchs dans lesquels je peux rigoler à propos de mes parents ou de ma ville natale, Zagora, ils ne vont pas porter plainte contre moi devant le tribunal à cause de cela. Dans le cas de «Café ness ness», je respecte les décisions et avis des avocats. Et chacun a le droit de s’exprimer sur l’art comme bon lui semble. En l’occurrence, l’incarnation du métier d’avocat est normale dans cette œuvre qui a une vision artistique. D’autant plus que l’arbitrage revient à la HACA. Mieux encore, je ne défends ni le réalisateur ni la chaîne, mais plutôt l’esthétique de l’œuvre. De plus, il n’est pas honteux d’y incarner un corps de métier. D’ailleurs, nous n’avons pas pris le cas d’un avocat dans son bureau. De même, dans l’un des épisodes, Badiâa Senhaji indique plutôt être passionnée pour cette profession qu’elle incarne dans un café. Et c’est ça la liberté d’expression.

Au-delà de cette affaire, que pensez-vous de l’engouement pour la comédie au Maroc qui se voit fort critiquée en Ramadan bien que certaines œuvres soient vraiment à la hauteur ?

A mon sens, il ne faut pas programmer des œuvres comiques pendant le seul Ramadan. Il faut plutôt les diffuser tout au long de l’année. Au cours du mois sacré, cette habitude de prévoir les sitcoms de manière encombrée fait que l’artiste travaille hâtivement. C’est pourquoi, je trouve qu’il n’est pas nécessaire de diffuser des sitcoms au moment de la rupture du jeûne. Pourquoi ne pas les programmer en temps normal après les journaux d’information en soirée ?! En Ramadan, à force de tout diffuser, le téléspectateur finit par ne rien voir.

Et qu’en est-il de la nouvelle scène de comédiens dont vous faites partie? En quoi se distingue-t-elle de l’ancienne génération ?
Au fait, la nouvelle génération a pu s’imposer et a pu offrir des alternatives et créer une concurrence. Si cette génération se voit offrir des opportunités, je pense qu’elle produira mieux.

Comment trouvez-vous l’interprétation faite à des œuvres comiques par des artistes habitués au « drama » ?
Dans certains cas, on se met à dénigrer l’écriture du scénario, alors que le problème réside dans l’interprétation. Dans toute œuvre comique, il faut un casting du même genre. Lorsque certains artistes ont un sens de l’humour, il faut essayer de dégager la comédie chez eux. Cependant, il y en a ceux qui n’ont pas ce don et se voient obligés de faire rire alors qu’ils ne peuvent pas le faire. Par exemple, quand je suis sur les planches, personne ne me donne de scénario, j’essaie plutôt de révéler mon côté comique. Chose que je fais aussi même sur le petit écran que j’apprécie également.

Mais quelle serait la différence entre les planches et la télévision dans votre carrière ?
La scène permet d’exercer un métier original. L’artiste y fait un don de soi à fond. C’est la seule manière propre pour la mise en valeur de Bassou. Par contre, dans le petit écran, nous dépendons d’un scénariste et d’un réalisateur.

Pourriez-vous, un de ces jours, vous afficher dans une œuvre dramatique bien que vous ayez des aspects comiques ?
Dans l’histoire de l’art, ce sont les comédiens qui excellent en «drama». C’est ce qui arrive avec les artistes américains. De même, un comédien peut mieux faire que le « drama » parce qu’un artiste, qui passe par les planches et d’autres canaux, produit mieux.

Auriez-vous des projets ?
Après le Ramadan, je reprendrai le tournage de «Annatik Ghayr Errasmi» (Le porte-parole officieux) qui sera diffusée sur YouTube. Aussi, nous attendons la réouverture des salles de théâtre.

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