Culture

Mohamed Belmou : «On refuse de soutenir Festibaz juste parce qu’il célèbre l’âne !»

© D.R

Entretien avec Mohamed Belmou, directeur du «Festibaz»

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Le Festival des ânes (Festibaz), qui sera organisé, du 25 au 28 juillet par l’association Iklaa pour le développement intégré à la Kasbah Beni Ammar Zerhoun, est de retour, pour une 12ème édition après une absence de longues années. Son directeur et président de l’association s’exprime sur ce come-back et ses différentes particularités.

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ALM : Déjà l’idée d’un festival des ânes est étonnante et appréciée à la fois. Que répondez-vous à cela ?

Mohamed Belmou : Cet étonnement est dû à l’habitude des festivals qui se ressemblent et poussent comme des champignons. Donc, la majorité des personnes est épatée soit parce qu’elle n’admet pas la créativité, soit parce qu’elle ne s’est pas affranchie du stéréotype humiliant de l’âne. C’est pour cela que cette catégorie réserve le même traitement au festival. Chose qui crée des ennuis notamment en termes de soutien. Souvent, nous rencontrons des responsables qui refusent de soutenir le festival et le critiquent juste parce qu’il célèbre l’âne ! 

Alors, quel serait le budget du Festibaz ?

Il est difficile d’en parler puisque nous n’avons pas encore idée de la contribution de ceux qui nous ont promis de nous soutenir bien que nous les ayons contacté depuis des mois. Par l’occasion, nous ne disposons, depuis la 11ème édition en 2013, que d’un petit budget qui ne peut servir à aucun festival voulant avoir un rayonnement international.  Par contre, d’autres festivals disposent depuis les premières éditions d’un soutien financier dépassant un million DH. Durant les éditions précédentes de Festibaz, nous n’avons pas dépassé, pour toute édition, 100.000 DH. Un chiffre qui se passe de tout commentaire. Cependant, si nous disposions pour cette édition d’un budget de 400.000 DH, nous l’aurions organisé dans de meilleures conditions et avec succès, voire sans difficultés et gêne avec les participants.

Qui sont donc vos sponsors ? Et comment avez-vous pu les convaincre après une longue absence de l’événement ?

A vrai dire, nous n’en avons hélas pas beaucoup malgré nos efforts. Mais cette année nous avons tenté d’atteindre le plus grand nombre d’institutions publiques et privées ayant un rapport avec l’objet du festival ou celles dont nous attendons éventuellement l’interaction positive. Pour l’heure, nous avons garanti le soutien du ministère de la culture et de la communication en tant que sponsor fixe depuis le début du festival et de la société protectrice des animaux et de la nature. Nous avons également reçu des promesses confirmées du ministère de l’agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, du ministère du tourisme ainsi que deux conseils communaux. Nous parions également sur la compréhension et le soutien du gouverneur de la province de Meknès non seulement pour le festival mais aussi pour le succès du projet de développement ambitieux porté par ce festival tel que nous le voulons. Ce projet est en fait un plaidoyer pour valoriser les produits locaux d’agriculture bio ou d’artisanat menacés de disparition ou encore promouvoir la culture. Le festival constituera en fait une locomotive pour ce projet et un élément attrayant pour les centaines de festivaliers du Maroc et de l’étranger. Le tourisme est également concerné puisque nous consoliderons l’offre touristique régionale et nationale par un nouveau produit attractif.

Outre ce projet de développement, pourquoi se distinguera la 12ème édition des autres ?

Tout d’abord, je pense que cette édition sera organisée dans de meilleures conditions par rapport à la dernière édition en 2013. Outre le manque de financements, l’inexistence d’infrastructures d’accueil à la Kasbah Beni Ammar Zerhoun nous a obligés à s’abstenir de l’organisation du festival depuis cette année. Je me souviens que nous avons tenu la 8ème édition à Nzalat Bani Ammar à 6 km de la Kasbah ainsi que les 9ème, 10ème et 11ème éditions à Moulay Driss Zerhoun à 12 km du même endroit. Malgré les succès réalisés et les problèmes, nous étions convaincus de suspendre le festival pour évaluer l’expérience et la développer. Maintenant, les routes menant à la Kasbah ne sont plus délabrées après une bonne réparation et les espaces à l’instar du stade sont disponibles. Chose qui sera perceptible pour le visiteur. Cela nous a particulièrement  encouragés à reprendre le festival dans la Kasbah comme cela a été le cas lors des 7 premières éditions. Bien que cela soit un défi pour nous, nous serons obligés de louer des maisons pour assurer le séjour des participants en leur offrant des repas en l’absence de restaurants et maisons d’hôtes parce que le festival vise à créer une communication entre les habitants de la Kasbah et invités. Ce qui fait aussi la particularité de la 12ème édition, c’est son inscription en 2018 en tant que patrimoine national immatériel par le ministère de la culture et de la communication. Le festival a également raflé en 2014 le Horses of the World Special Award à Genève.

Et qu’en est-il de la programmation ?

Elle sera marquée, en ouverture, par la conférence inaugurale qui sera donnée par le ministre de la culture et de la communication, Mohamed Laaraj, autour des plans de ce département pour la promotion de ces deux secteurs dans le milieu rural. De plus, la programmation porte un intérêt particulier à l’âne en le célébrant en tant qu’être sous le signe «C’est un serviteur fidèle, rendez-lui justice». A travers cet être, nous véhiculons un message de sensibilisation à la nécessité de le revaloriser en s’affranchissant des stéréotypes humiliants et injustes à son égard. Aussi, le penseur Hassan Aourid signera son roman «Récit d’un âne» lors du festival. Le festival rendra en outre hommage à l’artiste Omar Essayed, doyen du groupe Nass El Ghiwan, qui a un rapport humain avec l’âne. Mieux encore, cet être sera apprécié à sa juste valeur lors du festival à travers des lectures de poèmes dont les auteurs ont révélé les particularités en critiquant ces stéréotypes. Et ce n’est pas tout. Le festival sera rythmé par les groupes Assiham, Jil Al Ghiwane Erraqraq, l’association Bab Al Kasabah pour les arts et le patrimoine, les troupes Hmadcha et Aissaoua ainsi que des compétitions et carnavals d’âne rythmeront cette manifestation.

Comment se positionnera Festibaz dans la cartographie des manifestations ?

Nous sommes rassurés du positionnement du festival malgré son absence pour plusieurs années et le manque de moyens. Cette édition sera en fait couverte par un grand nombre de médias nationaux et internationaux. Nous sommes assez gênés puisque des dizaines d’intellectuels et artistes veulent participer au festival. Chose que nous veillerons à satisfaire lors des prochaines éditions vu les moyens limités.

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