Culture

Mohamed Jabrane : «Je compte vivre à Derb Sultan pour le reste de ma vie»

© D.R


ALM : Que représente pour vous le quartier Derb Sultan?
Mohamed Jabrane : En fait, je suis né à Derb Sultan dans la rue numéro 76. Je vis dans ce quartier depuis plus de cinquante ans. Plusieurs acteurs, artistes et footballeurs de renom ont vu le jour dans ce quartier dans la rue N°76. Cette rue était et est toujours très fameuse. Pour moi, Derb Sultan symbolise une grande partie de ma mémoire. Il incarne une partie de mon passé bien que je ne tiens pas beaucoup à la symbolique des lieux. Derb Sultan constitue tout un monde parmi d’autres. Il est l’un des plus importants quartiers de Casablanca. Certes, je n’aime pas cette ville, car elle n’a rien de «blanche», mais je suis impliqué à Derb Sultan. C’est dans ce quartier que j’ai découvert le monde de l’art, notamment à travers des pièces de théâtre. Nous avons fait du théâtre à la maison des jeunes de Sidi Maârouf, bien avant la création du club culturel de Derb Bouchentouf dans les années 70. C’est à Derb Sultan où j’ai édité mes deux œuvres littéraires «Ouyoub Al Batal» et «Dam Assoulala».

Quel est le plus beau souvenir que vous gardez de Derb Sultan?
A vrai dire je ne m’intéresse pas trop à mes souvenirs, mais le plus beau était ma participation au théâtre avec le groupe «Al Bassime». C’est à l’âge de 17 et 18 ans que nous avons commencé à apprendre et à produire des pièces de théâtre. Nous avons réussi à présenter une nouvelle facette du théâtre au Maroc à travers notre intérêt aux questions socio-politiques. Nous nous sommes distingués à travers notre style. C’est pour cette raison que certains nous accusaient à l’époque d’être des «communistes ennemis de la royauté». Le rayonnement de nos pièces de théâtre a atteint l’ensemble des régions du Maroc. Ce que je retiens également comme souvenir c’est la créativité dans ce quartier à la fois positive à travers l’art, le sport, le théâtres etc. et négative à travers le crime, l’homosexualité, etc. Derb Sultan était l’enceinte de tout ce qui est étrange dans la société marocaine.

Est-ce que vous gardez toujours des liens avec ce quartier ?
En réalité, je compte vivre à Derb Sultan pour le reste de ma vie. Je me rappelle qu’un jour Hassan Nejmi m’a demandé de faire un reportage sur le village de Ben Ahmed. Effectivement, je me suis rendu sur place et peu de temps après je l’ai contacté pour lui dire que j’ai réussi à faire quarante pages dans le cadre de ce reportage. C’est ainsi qu’ il m’a demandé si je pouvais faire plus. Effectivement, j’ai fait plus de cent pages, et ce reportage a été publié en tant qu’ouvrage par le ministère de la Culture. De retour à Casablanca, M. Nejmi, ébloui, m’a dit : «Comment cela se fait que tu habites depuis toujours à Derb Sultan et tu arrives à faire plus de cent pages sur un village dans lequel que tu n’a jamais vécu?». Ma réponse était simple. Je lui ai dit que les lieux ne disent pas grand-chose pour moi. Sincèrement, je m’intéresse plus à ce que l’homme fait de son entourage et non pas à ce que l’entourage fait de l’homme.

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