Culture

Mohamed Melehi : Asilah renaît

© D.R

ALM : Le Moussem culturel international d’Assilah existe, cela fait maintenant 26 ans. Quel est votre bilan de cette édition et quels ont été les changements opérés ?
Mohamed Melehi : Au début, on croyait qu’après 26 ans d’existence de cet événement culturel, on serait arrivé à une certaine saturation. Cependant, cette année nous avons introduit du changement grâce à l’organisation de la rencontre international du cinéma du Sud. Le contenu du programme cinématographique a été un succès. Ce succès est dû à la qualité des participants. Les gens ont manifesté leur confiance, compte tenu du niveau du jury qui a sélectionné les films. Outre cela, le programme de l’édition de cette année s’est déroulé dans un bon climat, avec la création de la nouvelle médiathèque «Prince Bin Bandar Bin Sultan». Celle-ci sera inaugurée dans les jours à venir et sera opérationnelle bientôt. Pour cette raison, nous pensons que si changement il y a, il est très positif; le moussem d’Assilah connaît progrès et évolution. Chaque année apporte son lot de changements mais toujours dans un sens positif. La qualité des expositions d’art était également d’un niveau élevé; des artistes de différentes nationalités ont contribué à ce cycle d’expositions. Nous pouvons citer, à titre d’exemple, Popino Samona d’Italie, Mohamed Omar Khalil du Soudan, Malika Aguezanay du Maroc. Parallèlement aux expositions et aux spectacles de musique, le programme du moussem comportait également des conférences et des colloques sur différents thèmes. Des thèmes aussi bien culturels que politiques et sociaux. Cette série de conférences entre dans le cadre de la 19ème cession de l’université d’été Al Mouatamid Ibn Abbad.
Est-ce que vous pouvez nous expliquer la différence entre le moussem et l’université d’été ?
Le moussem s’est articulé, cette année, autour de trois chapitres : le cinéma, les arts visuels, c’est-à-dire les expositions et les ateliers, et enfin un chapitre littéraire et scientifique qui entre dans le cadre de l’université d’été.L’université d’été englobe donc les conférences et les séminaires. Il y a eu, dans ce cadre, la programmation de débats sur des termes socio-politiques et littéraires. Ce chapitre est courronné par la création de deux prix: le prix Felix Tchicaya U’Tamsi de la poésie africaine ainsi que le prix de la poésie arabe qui a été remporté par Bouland El Haydari. Les spectacles de musique et de danse ont lieu souvent en fonction des thèmes discutés dans les conférences. Les spectacles ont toujours un lien avec les débats. Par exemple, quand il s’agit d’une rencontre sur l’Amérique latine, on prévoit des concerts du Pérou ou du Mexique.
Quel est, selon vous, le degré d’implication de la population et est-ce que ce vous sentez que ce moussem intéresse les citoyens de la ville ?
La programmation a été conçue de façon qu’elle plaise à tout le monde. On a veillé à satisfaire tous les goûts. Le moussem, c’est aussi une fête et cela a toujours été ainsi depuis sa création en 1978. Je tiens également à souligner que le Maroc possède une tradition de moussems. Ce terme regroupe toutes les festivités qui se déroulent l’été ; au départ ces moussems advenaient après les récoltes. D’ailleurs en Occident, c’est une forme de célébration après les travaux agricoles. Le terme moussem signifie globalement saison.
Aussi, essayons-nous de récolter de bons résultats grâce aux activités qu’on organise pour la jeunesse, à savoir le goût pour l’art et pour le beau.
En outre, le moussem d’Assilah permet à la ville et à ses habitants de renaître et de sortir de la monotonie quotidienne. Cela d’une part, d’autre part, la culture permet aux habitants de la ville d’augmenter leurs revenus, grâce aux dépenses des estivants qui ont atteint cette année 20.000 personnes. Mais il existe toujours de temps en temps des sentiments de réticence de la part des détracteurs. Mais ces positions négatives sont tout de même intéressantes pour les organisateurs car les réactions favorisent l’évolution et le changement.
Outre cela, les gens sont automatiquement impliqués par l’ouïe ou le regard, car il suffit de sortir de sa maison pour voir tous les dessins qui sont accrochés sur la muraille de la ville. Tout est art à Assilah, donc par la force des choses, la population, qu’elle le veuille ou non, est forcément impliquée. Mais l’exemple le plus frappant qui peut exprimer ce dégré d’implication et le respect pour les activités artistiques qui se déroulent dans la ville, c’est le comportement des gens. Nous demandons à des artistes de réaliser des peintures murales dans plusieurs endroits de la ville. ces peintures restent intactes.
Personne n’ose commettre des actes de vandalisme, comme par exemple salir les peintures ou écrire dessus. Cela veut dire, en quelque sorte, que le moussem a rendu justice à la population d’une petite ville qui était aux oubliettes. Assilah s’est transformée en une petite cité des arts et tout le monde semble y adhérer même s’il existe des récalcitrants, Assilah permet la réconciliation. Elle a même consolidé les relations entre intellectuels et artistes. C’est une ville où chacun a la chance d’exprimer ses sentiments.

Articles similaires

CultureVidéos

Vidéo. Pari réussi pour la première édition de ComédiaBlanca

Les parois de la cathédrale Sacré cœur ont été ornées ces deux...

Culture

Le musée de Bank Al-Maghrib célèbre la journée internationale des musées

Dans le cadre de la Journée internationale des musées, fêtée chaque année...

Culture

Une exposition qui retrace le parcours de Hassan Ouakrim

«Artworks Exhibition, Tafraout Tafraout Tafraout-Tanger-New York»

Culture

Futur Musée national de l’archéologie et des sciences de la Terre de Rabat: Les préparatifs vont bon train

Le Musée national de l’archéologie et des sciences de la Terre à...