Derrière ses lunettes, Mouftakir, voile un regard percutant, intelligent et plein de vie. Ses valeurs se résument en une forte foi en l’amour, la sincérité et le partage. A 42 ans, ce natif de Hay Mohammadi a réussi à percer le monde du cinéma avec conviction et une vision artistique s’inscrivant dans la continuité : «je ne peux prétendre construire une nouvelle vision du cinéma marocain. Je suis dans la continuité ascendante. On n’a pas de conflit avec l’ancienne génération qui croit en nous. Nous avons beaucoup appris de ceux qui nous ont précédés. Au Maroc, le cinéma a beaucoup évolué. Les jeunes réalisateurs ont plus de chance de réaliser leurs premiers courts métrages. Les producteurs s’intéressent de plus en plus aux jeunes créateurs…. Je tiens à remercier toute l’équipe qui travaille avec moi», déclare Mouftakir. C’est au milieu des rythmes de Nass El Ghiwan, Jil Jilala… qu’allait se consolider l’amour de l’enfant pour le monde des arts.
Fils du grand violoniste et menuisier, deux arts du rythme, Houcine Mouftakir, surnommé, «Budra» (le musclé), ayant créé pour la première fois, un groupe moderne de musiciens. «C’est ainsi que j’ai acquis le sens du rythme qui allait beaucoup m’aider dans le montage. J’ai un sens de la durée. Je sais à quel moment utiliser la musique… Dans mes œuvres, la musique n’est jamais un simple habillage, elle est un véritable élément dramatique». Il a également hérité la finesse et l’harmonie des couleurs avec lesquelles, sa mère réalisait ses broderies. Adolescent, il se passionnait pour les planches. L’université Aïn-Chock accueille dans la section littérature anglaise, celui qui allait devenir quelques années plus tard, l’un des meilleurs jeunes cinéastes et scénaristes marocains du court-métrage : «le court-métrage, c’est un choix, mais c’est aussi une création moins coûteuse. Si j’avais les moyens de faire un long-métrage, je n’aurais pas hésité», affirme Mohamed Mouftakir pour qui l’écriture du scénario doit répondre à des critères et techniques cinématographiques. Petit, il adorait raconter des histoires où se faufilaient des personnages aussi différents que diversifiés. «Un cinéaste allemand avait déclaré un jour qu’un bon scénario était déjà un ensemble de plans. Un bon scénario doit être pensé cinéma et non littérature. Il est pensé en termes de plans, de suites séquentielles, de lumière, de son, de musique. Pour moi, un scénariste, c’est déjà un cinéaste…». En 1988, il décide d’entamer une véritable carrière cinématographique en suivant des cours de réalisation et d’écriture du scénario par correspondance, en France et ce jusqu’en 1990. La seconde étape, c’est carrément un travail de terrain avec 5 ans d’assistanat avec des réalisateurs aussi bien nationaux qu’internationaux. Après, ce fut des stages, d’abord à la SENIS en France, puis en Allemagne où il a vécu 7 ans et ensuite en Tunisie.
Le canevas des courts métrages de Mohamed Mouftakir se brode autour d’une éternelle quête de soi. Contrairement à Sartre, l’autre n’est jamais l’enfer, mais c’est plutôt soi-même. Ses personnages ont souvent un conflit avec eux-mêmes. Ses courts deviennent une véritable plongée au fond de l’océan de leur propre moi.
Bientôt le public volera sur le dos de « Pégase », titre du premier long métrage du cinéaste et scénariste Mohamed Mouftakir et qui narre l’histoire d’une psychiatre qui suit une fille issue de la campagne qui croit être enceinte d’un démon.
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