Culture

Mohamed Nadif ou l’art de séduire

© D.R

Par le plus grand des hasards, Mohamed Nadif est entré dans le monde du théâtre. Il avait mis les pieds, pour la première fois, sur les planches pour séduire l’une de ses collègues à l’école avant de constater que le jeu de la séduction s’était retourné contre lui. Mohamed Nadif s’est tout simplement épris du théâtre.
Il s’est découvert à travers son intégration à cette poignée d’amateurs une passion enfouie dans son for intérieur et que seul le hasard a dépoussiéré et remis en surface. Depuis, il ne rate aucun atelier pour aiguiser son talent ou toutes autres activités comprenant des représentations théâtrales. Au lycée, il a décroché, haut la main, son ticket d’entrée au Théâtre municipal de Casablanca où il a bénéficié d’une formation de trois années.
Et c’est en jouant dans « Ibn A-roumi dans les bidonvilles », une pièce théâtrale d’Abdelkader Berchid, que le jeune adolescent décide de faire de sa passion un métier. « C’est à ce moment-là que je me suis dit que je ferai ma carrière dans ce domaine et que c’est, bel et bien, ce métier qui me convient le plus », dit-il aujourd’hui avec un ton nostalgique.
Après le Baccalauréat, Mohamed Nadif n’a pas hésité une seconde à rejoindre les bancs de l’Institut supérieur d’art dramatique et d’animation culturelle (ISADAC), à Rabat. À l’insu de son père, le jeune homme poursuivait ses études et ne ménageait aucun effort pour être à la hauteur du défi qu’il s’est lancé à lui-même d’abord, puis à sa famille. Son père ne saura que son rejeton est inscrit à l’Institut supérieur d’art dramatique et d’animation culturelle qu’on le découvrant, comme monsieur tout le monde, dans un spot publicitaire à la télévision.
« À l’époque j’étais en première année à l’ISADAC. Avec cette publicité, mon père a finalement admis que même ces métiers-là nécessitent une formation et des études approfondies ! », ajoute Mohamed Nadif avec un étrange brin de fierté. Une fois le diplôme de l’ISADAC en poche, il s’est envolé à Paris pour préparer son DEA ( diplôme d’études approfondies) en théâtre et arts du spectacle. Et c’est en France que Mohamed Nadif a fait la connaissance de celle qui allait devenir, quelques mois après, son épouse.
Asmaâ El Hadrami et Mohamed Nadif étaient pourtant de la même promotion. « En quatrième année à l’ISADAC, elle était la seule fille dans la section « interprétation ». Nous avons tous les deux décider de poursuivre nos études en France et c’est dans ce pays que je me suis rendu à l’évidence que j’ai perdu quatre années à regarder, par ici et par là, alors que la femme qui me convenait était juste à côté de moi» explique-t-il tout en s’esclaffant de rire.
Depuis, Asmaâ El Hadrami est devenue en quelque sorte son actrice fétiche. À Bordeaux, ils jouent ensemble, en 1992, « Le fabuleux voyage au pays de la femme plume » de Michel Laforest. Ils récidivent dans « La Cornada » d’ Alfonso Sastre avant que Mohamed Nadif n’accepte d’être dirigé par son nouveau metteur en scène d’épouse dans «L’ours» d’Anton Tchekov.
La mise en scène, Mohamed Nadif en a fait également son domaine de prédilection. Et c’est en fondant, en 1996 à Casablanca, la troupe du « Théâtre de l’autre rive » qu’il a donné la pleine mesure à son savoir en matière de mise ne scène. En 1997, « Les nobles », une pièce théâtrale d’Abdelkader Alloula, a levé le voile sur l’autre face de Mohamed Nadif.
Il faut dire aussi que la mise en scène de « Les nobles » a été assurée également avec Guy Lenoir. « Les nobles » a été représentée en deux versions (arabe et français) dans plusieurs villes marocaines, en France et au Festival du théâtre expérimental du Caire.
Au cinéma, Mohamed Nadif a joué dans de grandes productions : « La chambre noire », « Les voisines d’Abou Moussa », « La mouche blanche »… À la télévision, il a réalisé un reportage, en 2001, sur les anciens combattants marocains dans l’armée française pour le compte de la deuxième chaîne. Une expérience que Mohamed Nadif n’oubliera jamais : ce reportage a été tourné en partie chez ses parents. « C’étais une manière de rendre hommage à mon père qui a témoigné, mais qui n’a pas pu suivre l’émission parce qu’il n’était plus en vie le jour de la diffusion de ce reportage », affirme-t-il avec un brin de tristesse mâtiné d’un profond regret de ne pouvoir rendre davantage hommage à ces gens qui se sont battus pour la France et qui n’ont pas reçu assez de reconnaissance.
Dans « L’impromptu de Casablanca », Mohamed Nadif rend également hommage, mais cette fois-ci à sa profession. La dernière création du « Théâtre de l’autre rive » est une mise en abyme de la création théâtrale : le noeud de l’intrigue veut qu’un jeune metteur en scène s’obstine à monter un spectacle, en une journée, pour rendre hommage à un directeur d’un théâtre, la veille de son départ à la retraite. Dans cette pièce théâtrale, Asmaâ El Hadrami interprète le rôle d’une jeune femme enceinte aspirant à un avenir meilleur. Un rôle qu’elle a bien campé tellement elle s’est imprégnée du personnage. « J’ai procédé à quelques modifications de la version originale de la pièce pour que la grossesse d’Asmaâ profite à la pièce». Pour un metteur en scène, Mohamed Nadif est un vrai débrouillard.

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