Culture

Mon année…

© D.R

Déroger à la règle qui vaudrait que le « Je » soit haïssable ne me semble pas incompatible avec le désir d’étaler, noir sur blanc, une appréciation subjective de l’année qui respire ses derniers instants. L’usage voudrait aussi que pour leurs rétrospectives, les rédactions affûtent leurs armes pour remonter le cours des années qui s’achèvent et proposer des bilans qui consacrent leur ligne éditoriale et leur positionnement sur l’échiquier médiatique. Alors, quand la chance vous sourit et que vous pouvez vous inscrire en marge de ces lignes rouges, vous ne pouvez que jubiler à l’idée de tracer votre propre rétrospective. Le risque est pourtant là. Ne pas trop étaler mes états d’âme, et surtout faire montre d’humilité et de modestie. Ne pas heurter par des prises de position qui risquent de me retomber sur les épaules et que je devrais par la suite justifier et argumenter. Doser mon point de vue sur la réélection de George Walker Bush pour continuer de bénéficier, du moins jusqu’à la prochaine élection présidentielle américaine, de l’opportunité d’obtenir un visa sans tomber dans le carré des indésirables sur le sol américain. Ne pas trop crier que je suis contente que Sarkozy ne soit plus ministrable et que j’espère qu’à la présidence de L’UMP, il calmera ses ardeurs. Pas évident pour moi de dire que je n’aime pas Sarkozy.
Vous imaginez, s’il est président en 2007, ce sera un autre visa de perdu. Ne pas trop clamer aussi qu’il a beau être le dictateur qu’il est, Saddam me fait de la peine. Je n’aime pas marcher sur les cadavres et j’ai horreur de l’humiliation gratuite et injuste. Et puis, zut alors ! Rien ne justifie ce qui s’est passé et ce qui se passe en Irak. Tenez, personnellement, je considère Sharon comme le pire de son espèce. Non seulement, ce monstre continue de sévir, en tirant sur tout ce qui bouge sur les territoires occupés, mais il a réussi à tuer, à petit feu et de manière sournoise, le vieux Yasser Arafat. Là, je peux m’étaler parce que le visa pour Israël n’est pas une de mes préoccupations actuelles. Ne pas trop taper aussi sur les partis politiques car on ne sait jamais de quoi seront faits les lendemains.
Pendant toute l’année 2004, j’ai prospecté une affiliation à l’un ou l’autre, mais je ne me suis pas encore décidée. Finalement, je vais attendre que le projet de lois sur les partis politiques soit voté pour faire le saut. Mais je n’adhèrerais jamais à un parti qui m’obligera à voiler mes convictionc. Cela est catégorique. Vous savez, depuis l’avènement de la Mouddawana, les femmes se sentent pousser des ailes. Alors, j’ai tendance à cultiver une sorte de suffisance et d’arrogance pour dire que j’existe en tant qu’entité, que je n’ai pas de complexe capillaire et que j’ai des opinions que je défends. Je n’ai rien contre les voilées, mais ce n’est pas mon créneau. Ma mère, une dame qui a élevé dix gosses avec les moyens du bord est, elle aussi, contre. Mais cette grande dame est heureuse. Elle attend 2005 avec impatience. Elle a milité, dans son coin et à sa manière, durant 2004 pour que ses frais médicaux soient pris en charge. Par l’État me répète-t-elle, chaque jour. C’est vrai que ma mère a des préoccupations bassement matérielles. Elle a engagé un bras de fer avec les préposés de la REDAL, la boîte à pomper le fric des citoyens de Rabat. Elle a fait son compte et estime avoir payé une fortune en eau et en électricité. Tout un budget qui a troué le fond du panier de la ménagère, qu’elle trimbale chaque jour et qu’elle a du mal à remplir. Ses amies ont trouvé, elles, l’astuce pour lire les prix affichés par les grandes surfaces qui poussent à chaque coin des rues : elles s’alphabétisent grâce aux associations de quartiers.
Du coup, ces braves dames comptent se mobiliser, en 2005, pour combattre tous les spots publicitaires qui n’ont pas compris que ca bouge du côté des femmes et qu’elles ne se reconnaissent plus dans le rôle de la ménagère corvéable à merci. Elles ont décidé de ne plus plier l’échine devant les harcèlements et les intimidations de tout genre. Elles ont même décidé d’excommunier toutes celles qui continuent de maltraiter et d’employer les petites bonnes. Elles ont appris plein de choses à la télé. C’est vrai que cela bouge aussi à la télé et au cinéma, mais là aussi, je fais valoir mon droit de réserve. Je vous promets de m’étaler, sur ce chapitre, fin 2005. En attendant, Meilleurs voeux et Bonne année.

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