Culture

«Mon intérêt pour la lumière»

Aujourd’hui le Maroc : Que représente la lumière du film pour vous ?
Abdelhaï Laraki : J’aime la peinture, j’aime la lumière de certains peintres. Pour mon film, je voulais faire des contrastes très forts. J’ai voulu m’engager dans des expériences de recherches, rendre le noir avec ses infimes nuances. C’est pour cela que je me suis adressé à Kamal Derkaoui qui sait filmer la lumière. Il a compris ce que je voulais faire de la lumière dans mon film. On a beaucoup travaillé sur les contrastes, en réalisant des cadrages qui mettent en valeur la lumière. Tout le travail a été fait en corrélation avec Kamal Derkaoui qui était heureux de mon intérêt pour la lumière. Le clair-obscur, le contraste par exemple surexposé de Casablanca, c’est cela que j’ai essayé de reconstituer dans mon film.
Vous pensez que les « années de plomb » constitueront la nouvelle thématique du cinéma marocain ?
J’espère que cette thématique-là va entrer dans notre histoire. Le cinéma fait partie de cette histoire. Si on en parle aujourd’hui, c’est qu’il s’agit d’une période qui était occultée de notre histoire. Il est temps d’en parler. L’un des personnages du film dit qu’il faut lire les pages de cette période avant de les tourner. Si on ne traite pas frontalement cette période qui pèse sur notre histoire, elle continuera de peser et nous empêchera de regarder vers l’avenir. Les livres ont été les premiers à oser aborder cette période, le cinéma, le théâtre et la télévision doivent suivre.
Il y a une scène d’une voyante dans un marabout dans le film. Ces scènes sont récurrentes dans le cinéma marocain. Pourquoi l’avoir introduite ?
C’est une scène complètement onirique. Il y a le mythe du fleuve d’Oum Rabiâ qui est raconté dans le film. C’est la rencontre impossible entre le Nord et le Sud… Dans ce fleuve, les femmes viennent se baigner pour trouver un mari, et mon personnage cherche un père. Elle entre dans un monde onirique. Personnellement, je crois en une espèce de force invisible, en ce qui est écrit.
Le dernier mot du film est le verbe promettre. Est-ce une note optimiste ?
Oui, absolument ! Il y a des changements au Maroc qui poussent à l’espoir et à l’optimisme. C’est vrai que je suis moins optimiste que le jour où j’ai écrit le scénario, et si c’était à réécrire aujourd’hui, peut-être que je reverrais certains détails. Mais bon, l’espoir est tenace !

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