Culture

Moudawana à la française

© D.R

Ceci est une histoire réelle qui s’est passée tout récemment à Lyon, en France. Une femme, qui avait gagné en 2002 le gros lot, 600.000 euros, ou 6,6 millions de dirhams, ou encore 660 millions de centimes, au keno, et qui avait divorcé d’avec son mari parce qu’elle refusait de partager avec lui, a finalement été condamnée à lui verser la moitié des gains par le tribunal de Lyon. Cette manne providentielle était tombée pour la modeste mise de deux euros. Persuadée d’être la seule propriétaire de la somme, du fait d’un contrat de mariage plaçant le couple sous le régime de la séparation des biens, elle a caché à son mari, épousé il y a 17 ans et avec qui elle a eu quatre enfants, ce gain faramineux.
C’est lorsqu’il a constaté des dépenses inhabituelles de son épouse que le mari a commencé à avoir des soupçons, avant de découvrir le pot aux roses. Il a donc réclamé sa part. Mais, sûre de son bon droit, la femme refuse de partager, et la situation s’envenime, au point qu’en mai 2002 elle demande le divorce. Le tribunal vient cependant d’estimer, qu’en dépit du contrat de mariage, cette femme n’apportait pas la preuve que les deux euros misés au départ étaient tirés de son compte à elle, et que par conséquent, elle devait reverser le moitié de la somme à son ex-mari. Mais, avouez que 330 briques qui tombent du ciel ! ça peut faire mal. Surtout chez nous, ici, au Maroc, où gagner le gros lot aux jeux de hasard est devenu le moyen dont rêvent la majorité des Marocains pour changer de vie.
Le mari a, bien sûr, eu beau jeu de déclarer ensuite qu’il aurait préféré sauver son mariage, et qu’il s’était adressé à son avocat dans le cadre du divorce, persuadé qu’il n’avait pas de droit sur cette somme. Et comme un malheur -ou bonheur, c’est selon – n’arrive jamais seul, l’ex-épouse a été déboutée de sa demande, dans le cadre du jugement de divorce, de prestation compensatoire d’un montant de 15.000 euros. Eh ben, si cela s’était passé chez nous, toutes les sirènes de la ville auraient beuglé sans discontinuer. Les associations, les fédérations, les collectifs et tous les autres mouvements de défense auraient crié à l’injustice, au complot, à l’arnaque et que sais-je encore ! Mais s’il s’était agi du contraire, c’est-à-dire si c’était l’homme qui avait remporté le gros lot, nari !, qu’est-ce qu’il n’aurait pas subi comme pression. Alors que la pression que va subir le Lyonnais heureux, c’est celle qui se déverse dans les troquets et autres bars de la grande métropole française. Et si, finalement, tous les Marocains ou presque n’ont absolument rien compris à la nouvelle moudawana, les Français, et en particulier les gens de Lyon se sont chargés de la leur expliquer. Mieux, ils l’ont mise en pratique. Et pour seulement deux malheureux euros ! Avouez que ce n’est pas cher payé. Allez, je vous quitte, il est encore temps d’aller miser quelques dirhams au loto. On ne sait jamais.

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