Le 5 septembre 1972, les Jeux olympiques battent leur plein. Ce jour-là, huit Palestiniens du groupe «Septembre Noir» pénètrent dans le village olympique, armés de mitraillettes et de grenades qu’ils avaient cachées dans leurs sacs de sport. Ils prennent en otages 11 athlètes et accompagnateurs de l’équipe israélienne, dont deux sont abattus d’entrée. Ils réclament la libération de 234 détenus palestiniens et la possibilité de pouvoir s’enfuir en avion, mais veulent surtout attirer l’attention du monde entier sur la cause palestinienne. Après 21 heures de négociations, la police allemande leur tend un piège à l’aéroport de Furstenfeldbruck, près de Munich, où les terroristes sont amenés avec leurs otages dans deux hélicoptères. Dans les fusillades, tous les otages sont tués et cinq des huit terroristes sont abattus. Les trois survivants seront libérés des prisons allemandes quelques semaines plus tard après un détournement d’avion. Depuis longtemps, le drame de Munich a été considéré comme l’un des épisodes les plus marquants du terrorisme palestinien des années 70. Avec son dernier film « Munich », le réalisateur américain, Steven Spielberg, fait une lecture assez spéciale de cette page sombre du conflit israélo-palestinien, tout en assurant un équilibre entre les parties rivales. Dans ce film, le réalisateur juif américain s’est bien gardé de diaboliser les terroristes palestiniens ou de glorifier les agents du Mossad. Ce film raconte l’histoire d’une longue traque, d’une vengeance programmée et de représailles ciblées. Il raconte comment un groupe d’agents des services secrets israéliens a assassiné, un par un, les commanditaires présumés du massacre de 11 athlètes israéliens aux Jeux olympiques de Munich en 1972.
Quelques jours, après sa sortie, le film a suscité beaucoup de critiques, notamment du côté israélien, essentiellement parce qu’il pose la question éthique de l’utilisation, par l’Etat hébreu, des assassinats ciblés. L’annonce en préambule que le film est « inspiré d’événements réels » a provoqué, de vives critiques. Certains y voient « une tromperie ». En effet, le film est une adaptation de l’enquête du Canadien George Jonas (Vengeance, 1984), une enquête toujours controversée. Mais au-delà de ces aspects de fond, le film surprend par son réalisme. Les décors, les couleurs, la musique, l’ambiance, rien n’est laissé au hasard. Le spectateur est subitement plongé au cœur des années 70. Steven Spielberg, connu pour ses films surréalistes comme «Jurassic Park», et ou encore «Minority Report», montre une fois de plus son talent. Cependant, Steven Spielberg ne fait pas que raconter une histoire. Il fait une lecture d’une page sombre du passé pour juger le présent. Le film débute par une série de flash-infos concernant la prise d’otages de Munich, depuis l’enclenchement de la crise jusqu’à la fin tragique. Puis, une scène où l’on annonce les noms des athlètes israéliens ayant péri et en parallèle les noms des personnes dont Israël juge comme responsables de ce drame. Ce rapprochement entre l’attaque du groupe « Septembre Noir » et la riposte israélienne a dominé le film. Au fur et à mesure que les évènements s’enchaînent, le film revient sur l’opération de « Septembre Noir » par le biais des flash-back. Le réalisateur a voulu montrer la ressemblance existant entre les deux opérations. Une comparaison qui va crescendo décrivant la dérive de la terreur. Une sorte de descente aux enfers. Mais le point fort traité par le film reste la question des intentions qui motivent l’usage de la force contre le terrorisme. « Munich » expose toutes les ambiguïtés d’une telle démarche actuellement adoptée par les Etats-Unis et l’Etat hébreu. Et c’est là que le film croise l’actualité. Le message de Steven Spielberg semble clair : en combattant la terreur par la terreur, les Etats-Unis ainsi qu’Israël commettent une faute morale et une erreur politique.