Culture

«Mur hospitalier», un recueil au sens du récit

© D.R

L’auteur marocain Saïd Afoulous vient de publier un nouveau recueil de nouvelles intitulé «Mur hospitalier». Une œuvre dont la lecture laisse voir le sens du récit chez l’auteur ainsi que son sens de l’humour, notamment dans la nouvelle portant la même appellation que le recueil.

Le nouveau recueil de nouvelles «Mur hospitalier» donne à voir le sens de récit chez son auteur marocain Saïd Afoulous. Chacune d’elles, dédiée à des personnes que l’écrivain cite au début, raconte une histoire différente visiblement relatée par celles-ci. C’est le cas, entre autres, de la nouvelle appelée « Gnbri » qui décrit parfaitement la passion d’une personne connue pour son amour pour la musique gnawa.

Une « fiction » mêlée à la réalité
A propos de cette inspiration du vécu d’autres, le romancier, visiblement réticent, précise, dans un échange téléphonique rapide, qu’il s’agit plus de «fiction» sans donner assez de détails. Pour lui, ces histoires demeurent «personnelles» bien qu’il les ait racontées minutieusement telles qu’elles sont vécues réellement dans son œuvre. Quant à «Mur hospitalier», elle a la particularité de mettre en avant l’histoire d’un tailleur dont la boutique est basée face à un mur qui sert de décor pour des tissus en différentes couleurs. Une belle idée qui amuse le lecteur.

Valoriser des métiers
Dans d’autres nouvelles, M. Afoulous met en valeur certains métiers comme celui du «fernatchi» (chaffeur d’eau du hammam), notamment dans celle intitulée «Une histoire du Khoçaib ». D’après lui, celle-ci est une sorte de conte greffé sur une légende d’un être effacé de la plèbe racontée dans la rihla (voyage) d’Ibn Battouta. L’effacement extrême est aussi une autre façon de mise en exergue d’une spiritualité cachée. Et ce n’est pas tout ! L’écrivain aborde également une «Amitié» particulière pour mettre en avant le rapport qui peut lier l’humain au cheval. De son côté, la nouvelle «Déluge» est une histoire qui a pour toile de fond la vie rude à cause des aléas climatiques et de la migration. «Pour «Déluge» je devais à l’origine écrire un texte de fiction sur l’arganier. C’était à la suite d’articles et reportages que j’avais écrits sur cet arbre en couvrant régulièrement un petit festival annuel sur l’arganier organisé dans une région du Souss Aouloz. J’ai beaucoup écrit en essayant d’inventer un récit et ça n’a abouti à rien. J’ai dû abandonner ce fatras de dizaines de pages stériles. Et puis un jour le texte a commencé à venir presque d’un seul tenant sans être vraiment axé sur l’arganier mais toutefois en l’évoquant à travers des femmes cueilleuses d’amandons. Ce n’est pas la première fois que ça m’arrive. Je me suis convaincu bien des fois que pour écrire il faut accepter de traverser un long désert en noircissant fastidieusement beaucoup de pages et qu’au bout il doit y avoir toujours une oasis. Mais il ne s’agit pas d’une règle car chacun peut avoir son propre chemin », détaille l’écrivain, également journaliste. En tout, son œuvre comprend sept nouvelles. Outre celles citées, elle compile aussi « Voyage paisible » qui est un exercice d’exploration d’une crise existentielle que tout le monde risque de connaître à un moment donné de la vie. Le héros au plus fort de son épreuve semble prétendre résoudre cette crise en rendant visite à des proches longtemps perdus de vue en application du principe qui est au cœur de l’amour dû au prochain. Quant à «Lynchage au derb», elle est conçue comme un fragment de violence urbaine absurde et banal, mouvement de meute où la majorité des agresseurs ne fait par suivisme aveugle qu’évacuer une charge d’agressivité inoculée par le mal-vivre ambiant.
Aux yeux de l’écrivain, ces narrations ont pour but ultime et essentiel le langage. Une démarche qu’il explicite parfaitement ci-après.

C’est le titre de la boite
Du français mêlé au darija dans l’œuvre de l’auteur

Pour lui, ce ne sont pas ces histoires en elles-mêmes qui comptent le plus mais plutôt le langage, la manière dont elles sont racontées. « Le style semble tout classique respectueux de la syntaxe. C’est pour s’y retrouver », estime-t-il. Pour lui, l’interrogation sur le langage (écrire en français au lieu de l’arabe ou du darija) semble dépassée mais pas vraiment. Elle survit en sourdine. Si les textes sont émaillés de mots en italique, cela prouve qu’on éprouve et pense simultanément dans plusieurs langues; qu’on est à cheval entre écrit élaboré et oralité vivant en mouvement. Cela peut se voir surtout dans certains passages de monologues intérieurs, parole libre, voire débridée. « Mais ce qui compte par-dessus tout c’est que celui qui écrit le fait avec obstination comme s’il poursuit une sorte de manière de dire, une forme de style, un univers à recréer indéfiniment où il semble en tout cas trouver plaisir à revenir chaque fois à la charge », conclut-il.

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