Musique

El Gusto: Le chaâbi algérien n’est pas mort

© D.R

L’âme des grands cheikhs du chaâbi algérien a plané sur le théâtre Mohammed V à Rabat. Ici, dans le cadre du Festival Mawazine Rythmes du Monde, il n’a suffi que de quelques minutes aux musiciens de l’orchestre El Gusto pour envoûter la salle comble.

Des artistes musulmans et juifs qui se sont retrouvés après plus de 50 ans de suspension de carrière. Séparés par l’histoire, ils se retrouvent pour nous rappeler, avec beaucoup de courage et de pureté, la belle musique chaâbie algérienne des années 20.

Banjo, luth, mandoline, piano, percussions, accordéon et violons n’ont jamais cohabité avec autant de beauté sur la scène du théâtre Mohammed V. Le temps d’une mythique escapade musicale, pendant une heure et demie de concert, le public a retrouvé avec beaucoup de bonheur le digne héritage de la scène artistique de 1920. Avec des voix et une interprétation que le temps n’a, heureusement, pas su souiller et qui rappellent la fière Casbah algéroise, les ténors du chaâbi ont revisité le répertoire de celui que l’on surnommait le «Cardinal» El Haj El Anka, d’El Hachmi Guerouabi, El-Ankis, Fadila, Reinette l’Oranaise ou encore Lili Boniche.

Le spectacle, qui a commencé à 19h30, s’enchaîne sur les incontournables du chaâbi classique. De «Rah El Ghali» à «Ya Rayeh»,  l’on se surprend à chanter en chœur en même temps que l’orchestre pour se rendre compte que la musique n’a certainement pas de frontières. Le «chez eux» devient un «chez nous» et l’envie de célébration de cette éternelle fraternité prend le dessus.  A cela s’ajoute l’irrésistible invitation à la dance de Mohamed Ferkioui qui embarque avec lui tout un public en interprétant au long de la scène cette danse bien particulière que seuls les amoureux du chaâbi algérien reconnaîtront. Pour Robert Castel, membre de l’orchestre également, «c’est pour les beaux yeux de Mohamed Ferkioui qu’El Gusto est né».
Tour à tour, les ténors qui font escale au Maroc après une longue tournée mondiale interprètent une dizaine de morceaux. Au milieu de leur belle performance, ceux-ci ne manquent aucune occasion de vanter le don d’un très jeune, fils d’un grand maître du chaâbi, qui les a récemment rejoints et à qui ils entendent passer le flambeau. Répondant au nom de Yuba, cet artiste est d’une voix, un charisme et d’une humilité poignants sur scène.

Ce n’est que vers 21h que le spectacle prend fin. Le public, embrassant encore l’ambiance du concert, chantonne quelques morceaux laissant, non sans amertume, ces petits moments qui attestent encore une fois des vertus de la musique. Celles de l’union, de l’amour et de la tolérance.

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