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Entretien avec Hamid El Kasri, Maâlem gnaoui : «Tagnaouite est un état d’esprit»

© D.R

Chaque année on ressent l’évolution de la culture gnaouie grâce au festival. Notre musique s’exporte. Chaque fois qu’on se produit sur des scènes à l’international, la magie du son gnaoui opère sur le public.

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Grand habitué du Festival Gnaoua et musiques du monde, Hamid El Kasri est l’un des plus grand maâlems gnaouis actuellement. Ses fusions et ses collaborations ont fait de lui un des artistes gnaouis les plus cotés dans le monde. A l’ouverture de la 21ème édition du festival, sa fusion avec le groupe américain Snarky Puppy a transporté le public vers un univers musical au genre particulier. Les mélomanes tout comme les moins érudits y trouvent leur compte. Sur sa participation au festival, sa passion pour Gnaoua et son nouvel album,  le maâlem Hamid El Kasri nous en parle….

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ALM : Au premier son de guembri le public est séduit, quel est le secret du succès de cette musique ?

Hamid El Kasri : Cela relève du divin, Tagnaouite c’est un état d’esprit, c’est une musique spirituelle. Elle est différente des autres styles musicaux parce qu’elle transcende l’esprit.  La fabrication même de l’instrument principal qui est le guembri est particulière. La caisse de l’instrument est recouverte par une peau de dromadaire séchée et tannée. La partie utilisée est le cou de l’animal. Dans sa fabrication on utilise également le bois. Quant à ses cordes, elles sont faites à partir des intestins d’un bouc. Cette combinaison donne un son harmonieux et une meilleure résonance.

Vous êtes un habitué du Festival d’Essaouira Gnaoua et musiques du monde, comment évolue ce festival du point de vue artistique selon vous? 

Le festival d’Essaouira a offert une meilleure visibilité à la musique gnaouie. Les maâlems jouent désormais dans la cour des grands avec des musiciens du monde entier. Ils s’inspirent de ces différentes collaborations pour enrichir notre patrimoine musical. Chaque année on ressent l’évolution de la culture gnaouie grâce au festival. Notre musique s’exporte. Chaque fois qu’on se produit sur des scènes à l’international, la magie du son gnaoui opère sur le public. Il est séduit d’emblée. Au niveau international, le monde entier connaît Gnaoua grâce au festival d’Essaouira. Le son gnaoui résonne dans des pays lointains comme la Chine. Ce festival est une tribune extraordinaire pour tout artiste.

Quelle est votre source d’inspiration pour créer ces rythmes ?

J’ai grandi en écoutant la musique gnaouie, elle m’a forgé en tant qu’artiste et elle coule dans mes veines. Ma source d’inspiration vient du public. Quand je vois des enfants écouter Gnaoua et le sentiment que cela leur procure ou encore les gens qui viennent nous voir en nous disant qu’ils aiment cet art, on essaye de faire notre maximum pour les surprendre et leur rendre cet amour. Ce sont vraiment les gens qui nous inspirent le plus. L’amour du public nous pousse à exceller dans ce qu’on fait et le public nous suit. Il est très attentif à ce qu’on fait.

Comment voyez-vous l’avenir de la musique gnaouie ?

Il y a des jeunes musiciens qui retravaillent cette musique même s’ils ne l’ont pas appris comme les anciens l’ont fait, c’est-à-dire de manière traditionnelle. Ils la prennent d’un point de vue artistique et recherché. C’est ce qui me plaît le plus dans cette nouvelle génération. D’autres, par contre, sont habitués aux lilas, au chant gnaoui traditionnel et continuent dans cette voie. Ceci participé à ce que le son gnaoui puisse franchir les frontières et cela nous rend vraiment très fiers. Tout cela promet un bel avenir aux artistes qui pratiquent cette musique.

Quels sont vos projets à venir ?

Je viens tout juste de terminer un nouvel album avec de nouveaux morceaux. D’ailleurs, avec mon équipe nous sommes en train de préparer un clip vidéo pour l’une des chansons de l’album. Je surprends le public avec des morceaux qui s’écartent  un peu de Tagnaouite. Ainsi, mes chansons parlent plus de la société et de la vie. Dans certains titres, je donne en quelque sorte des conseils aux gens qui ont des intentions sincères. A travers ces chansons je dis aux gens qu’il ne faut pas donner leur entière confiance. Ce sont des sujets qu’on vit au quotidien. Je n’ai pas encore choisi le nom de l’album.

Pouvez-nous donner un exemple des thèmes abordés ?

Dans une de mes chansons je m’adresse aux femmes. Je dis à «Bent nass» de ne pas perdre son temps, de choisir «un weld nass» qui lui offrirait la vie digne qu’elle mérite. C’est un message d’espoir où je dis aux femmes de garder espoir, même si la vie est difficile et que les expériences nous poussent parfois à baisser les bras et se dire qu’il n’y a aucune issue à certains problèmes. Je dis aux femmes d’aller de l’avant, de ne pas se prendre la tête et ne pas se laisser abattre ou affecter par tous les problèmes qu’elles puissent rencontrer. Je m’adresse à la femme en lui disant de faire les bons choix dans la vie. Cette chanson fera l’objet d’un vidéoclip prochainement. A part cela, mes tournées à l’étranger continuent avec un concert au mois de juillet à Londres et des collaborations avec d’autres artistes.

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