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Rachid Oudghiri : «Nous voulons travailler sur la préservation du patrimoine culturel via tous les élèves marocains»

© D.R

Entretien avec Rachid Oudghiri, président de l’Association marocaine des cultures patrimoniales

L’Association marocaine des cultures patrimoniales a récemment été créée. Son président, également enseignant de musique, en détaille la composition et les missions. Rachid Oudghiri s’exprime également sur ses aspirations au niveau national après son partenariat avec l’Académie régionale de Casablanca-Settat.

 

ALM : Vous venez de créer l’Association marocaine des cultures patrimoniales. Pourriez-vous nous en détailler les missions ?

Rachid Oudghiri : Le bureau de cette association, que je préside, rassemble des personnes de haut niveau intellectuel. Cette structure, créée en janvier, comprend des médecins, avocats, directeurs pédagogiques, directeurs généraux d’écoles privées et publiques et des inspecteurs des impôts, entre autres. En même temps, chacun a un penchant pour un patrimoine propre. Il y en a qui est intéressé à la musique berbère et veut y approfondir ses connaissances. Ces personnes ont l’objectif noble de s’intéresser à ces formes de musique et leur héritage par les générations.

Qu’en est-il des activités de cette association ?

Pour que nous puissions accomplir cette mission et attirer les jeunes à ce patrimoine, il y aura des conférences, des tables rondes, des entretiens avec des chercheurs en amazigh, hassani, malhoun et tous les styles musicaux. Il y aura aussi des soirées. Nous aspirons à l’organisation de grands festivals avec la participation d’enfants et une chorale marocains. Nous voulons qu’il y ait dans chaque ville un groupe d’enfants qui en est issu pour présenter son patrimoine et sa culture. Ainsi, nos maqams, poésies et recueils de notre art marocain classique auront leur propre place.

Vous étiez enseignant dans le privé avant de passer au public. Est-ce que les élèves du deuxième ont le même engouement pour la musique ?

Quand je suis parti au lycée collégial Moulay Youssef à Casablanca, à la suite d’un partenariat avec la directrice de l’Académie régionale de Casablanca-Anfa et le lycée collégial Moulay Youssef où nous avons créé une chorale, j’ai trouvé que les élèves étaient à l’affût d’apprentissage. J’y ai également trouvé de belles voix et un grand enthousiasme. Preuve en est la chanson « Amira tesher lalbab » (Une princesse qui émerveille les esprits) dédiée, pour la première fois, par ces élèves à SAR la Princesse Lalla Khadija à l’occasion de son dernier anniversaire et qu’ils ont préparé en un temps record et dans un grand niveau en maqâms. Dans ce sens, j’ai travaillé en tant que compositeur avec le poète et parolier, Said Oudghiri Hassani. Directement après, ces jeunes enfants ont reçu une invitation pour représenter leur établissement dans la cérémonie de signature de la convention liant le musée du judaïsme à Casablanca et l’académie de la région Casablanca-Settat. Nous nous sommes produits à cette manifestation avec la participation de la chorale du lycée collégial Moulay Youssef. C’était une belle initiative. C’était d’ailleurs la première fois que ce groupe s’initie à la musique, étudie les mesures et les maqâms. Et il l’a interprétée professionnellement. Ainsi les jeunes enfants ont exprimé leur patriotisme avec l’œuvre « Sawt El Hassan Ynadi » (La voix d’El Hassan appelle).

Qu’en est-il de vos aspirations après ce partenariat avec l’académie de Casablanca-Settat ?

Nous œuvrons pour qu’il y ait des partenariats non seulement à Casablanca mais au niveau du Maroc en général pour travailler sur tous les genres patrimoniaux afin de les préserver et soient hérités d’une génération à l’autre. La génération actuelle ne connaît absolument pas son héritage qu’il soit amazigh, andalou ou hassani. Quant aux rythmes, mesures et maqâms (échelle mélodique) marocains, elle ne s’y connaît pas. Nous essayons de densifier nos efforts pour des partenariats entre les académies du Maroc et les ministères concernés pour travailler sur la préservation du patrimoine culturel dans ses différentes formes via les élèves et les établissements scolaires.

Que pensez-vous de l’enseignement de l’art au Maroc ?

A vrai dire, nous n’avons pas encore atteint le niveau espéré au niveau mondial. Il y a des conservatoires et des professeurs, mais il y a toujours ceux qui estiment que la musique est « haram » (illicite) et une honte. Alors qu’au conservatoire, la musique est académique. Notre belle initiative dans les établissements consiste à rapprocher une discipline à l’élève. Ainsi le professeur en classe nourrit l’esprit de cet élève via des maqâms et répond à la passion de celui-ci. Aussi, la musique va de pair avec le domaine éducatif parce que cela donne au jeune enfant une énergie pour passer d’une classe de musique à une autre d’histoire par exemple. Par l’occasion, je dois une fière chandelle à la directrice de l’Académie régionale de Casablanca-Settat, Bouchra Aârif qui a la capacité de lier l’enseignement à l’art et elle nous a aidé dans ce sens.

Pourriez-vous nous rappeler votre parcours ?

Je suis né à Fès où j’ai fait mes études notamment au lycée collégial Moulay Abdesslam Benmchich. Après quoi j’ai rejoint le conservatoire du temps de Feu Abdelkrim Raïss. J’ai reçu mon éducation auprès de grands professeurs en patrimoine musical andalou. Après j’ai intégré les zaouias qui alliaient la musique, les bonnes manières et les arts du madih et samaâ (Louanges) ainsi que le soufisme. Depuis, j’ai affiné mon talent. Par la suite, j’ai rejoint des orchestres de musique andalouse dont ceux d’Abdelfettah Benmoussa, Mekki Mtiri et Tazi Masano. J’ai participé à des festivals et récolté des prix et attestations en Inchad entre autres. A l’étranger, la chorale de 600 élèves j’ai travaillé avec quelques uns en Grenade. Par l’occasion, les chorales d’enfants étaient une monnaie rare. Aujourd’hui, quand je fréquente différentes villes, je trouve que des établissements ont la leur, même dans des associations. Cela fait plaisir parce que la chorale est, pour moi, un rassemblement d’êtres chers. C’est comme une famille joyeuse. Entre-temps, j’ai travaillé à Casablanca en tant qu’enseignant en écoles privées puis publiques. Et j’ai participé à la série syrienne «Rabie Cortoba» (Printemps de Cordoue). Récemment, j’ai reçu, par Dar El Mouatana à Casablanca, le titre d’ambassadeur du bonheur parce que je prodigue de la joie à mes élèves.

 

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