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Mustapha El Qurneh: «L’autonomie est l’arbre qui ombrage tout sous une souveraineté marocaine»

© D.R

Entretien avec Mustapha El Qurneh, écrivain jordanien

[box type= »custom » bg= »#fdd8c6″ radius= »5″] Rencontré en prélude à la présentation de son roman «Fawda fi Hadikat Achaytane» (Anarchie dans le jardin du diable) à Rabat, l’écrivain Mustapha El Qurneh dévoile les dessous de cette œuvre consacrée à la militarisation d’enfants à Tindouf pour des fins également idéologiques. L’occasion pour lui de raconter les contours de son périple à cet effet dans les provinces du Sud du Royaume. Le tout en mettant en avant la solution d’autonomie ainsi que ses propres projets.

[/box] ALM : Vous avez publié un livre intitulé «Fawda fi Hadikat Achaytane». Une œuvre que vous consacrez à la militarisation des enfants à Tindouf. Quelles sont les raisons qui vous y ont motivé en tant qu’auteur jordanien ?

Mustapha El Qurneh : Tout d’abord, les raisons sont humaines. Après avoir visité le Sahara, les faits se sont bousculés dans mon imaginaire. Encore une fois, il me prend dans sa largeur contrairement à ses habitants. Là, ce vaste désert s’est transformé en endroit fermé pour se rétrécir de plus en plus. Ce désert, également infini et inspirant à la fois, qui rassemble tout en s’en prenant à leurs beaux souvenirs dans leur charmant Royaume du Maroc. Ainsi, cet endroit devient synonyme de tristesse, misère et privation. Dans l’intrigue, le personnage principal, l’enfant Ahmed, qui ne connaît que son enfance, le sable du désert voire l’avion sans connaître celui-ci absolument.

Il en avait peur à le regarder s’éloigner de milliers de kilomètres en direction d’un endroit qui n’est sûrement pas le sien ainsi que vers un espace étrange auquel il n’est pas habitué. Le sable n’y parvient pas non plus. Tout devient étrange en passant par les champs de canne à sucre où les petits enfants étaient obligés d’œuvrer au quotidien et apprenaient à porter les armes face à leur mère-patrie et se voyaient inculquer les idées extrémistes par des écoles militaires latino-américaines dont ils ne connaissaient pas la langue. C’est ce qui s’est passé. Et il y a pire. Entre autres, la répartition des enfants dans différentes directions pour satisfaire une partie ou une autre. Il ne faut pas s’étonner de voir des enfants sahraouis à Madrid ou plusieurs régions de ce monde vaste sous prétexte de courtes vacances d’été qui, cependant, s’étalent pour de bon.

Qu’en est-il des autres personnages ?
De son côté, le personnage S.A, officier méchant du Polisario, plein d’atrocités et de despotisme, reprend de plus belle ses lubies. Il n’était pas seulement despote. Plutôt, il détournait les aides pour les vendre au Mali et dans les pays voisins. Il supervise même les prisonniers au moment de leur descente dans un puits d’une profondeur de 30 mètres. Tantôt les sables du grand désert les couvraient pour qu’ils finissent par les fuir en s’échangeant les places. Le Sahara était dur en ces jours. Il y avait le froid, le manque de nourriture et la colère des gardiens qui n’étaient pas cléments. Tout cela sera vain à l’instar des grains de sable qui se répandent dans tous les sens. Ainsi, ce sable ami devient ennemi. De son côté, la population s’y sent perdue. Des visages étranges font ce qu’ils veulent. C’est ainsi que les Sahraouis y deviennent une minorité. Des personnes de tous les pays y sont ainsi qu’une autorité installée sans être gouvernée par quiconque.

A partir de ce périple que vous avez fait au Sahara, quelles sont vos impressions sur la vie sociale, culturelle, ainsi que le développement voire la sécurité qui y règne?

C’est tout le récit du Sahara que j’ai essayé de tracer en racontant dans le roman ce qui s’y passe. J’ai trouvé ce qui ne devait pas y être. Il s’est avéré, à mon sens, que ce Sahara vaste ne s’étale que sur quelques kilomètres. Plus l’endroit se rétrécit, plus les années donnent des douleurs plus intenses. Il y a des choses que les gens rattrapent. Que feraient ces personnes-là sans espoir, ni liberté ni encore un chemin qui les mènera vers leur mère-patrie, le Maroc !? Que feraient-ils avec peu d’aide et plus d’amertume pour leurs enfants et leurs sorts pendant les années passées !? Tout cela valait la peine d’être raconté dans ce roman. Pour ma part, je suis devenu Sahraoui, qui aime le lait de chameau. Je célèbre le sable quand il se répand dans tous les sens. Je m’expose au vent tout en triomphant pour ces personnes. En général, c’est une expérience qui fonde la période d’après et met en lumière ce qui se passe en espérant que le monde fasse attention aux violations des droits humains.
Vous êtes également membre actif dans l’Alliance pour l’autonomie du Sahara qui rassemble plusieurs personnalités internationales ainsi que des amis du Maroc. D’ailleurs la présentation de votre roman pendant le dernier salon du livre à Rabat rentre dans le cadre des activités de cette alliance. Que pensez-vous de cette solution d’autonomie ?
En général, l’autonomie demeure une solution logique qui satisfait tout le monde et met fin à cette tragédie. Donc elle était une raison purement humaine par excellence. L’autonomie est l’arbre qui ombrage tout sous une souveraineté marocaine, qui serait acceptée par tous en satisfaisant l’ensemble des parties. Le Sahara est une extension du territoire marocain, c’est sa profondeur stratégique.

Vous avez fait une tournée dans plusieurs provinces du Sud du Royaume. Quel bilan en faites-vous ?
La visite du Sahara était riche et intéressante pour moi. Je me suis même rendu à Laâyoune qui a sa propre histoire et culture, ainsi que Smara, la ville scientifique et spirituelle du Sahara. J’ai même étudié la culture de la région, ses coutumes, us et sa nature. Après quoi, je me suis dirigé vers Tarfaya, puis Boujdour.

Qu’en est-il du dernier Salon du livre ? Que pensez-vous de son organisation à Rabat?
Je pense qu’il serait mieux de le garder à Casablanca.

Auriez-vous des projets ?
Ma visite dans les provinces du Sud m’a beaucoup facilité la préparation d’une œuvre dramatique sur le Sahara. J’espère qu’elle gagnera en appréciation tel que cela a été le cas pour le roman prévu d’être traduit en anglais outre l’espagnol voire le chinois.

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