Culture

Nadia Essalmi brise les tabous

© D.R

«L’amante religieuse». Voilà un emprunt fait judicieusement par Nadia Essalmi à la fameuse espèce d’insectes appelée mante religieuse pour baptiser son nouveau recueil de nouvelles dont une porte le même intitulé. En voici les détails après lecture et échange avec l’auteure publiée par La Croisée des chemins.

A voir l’intitulé «L’amante religieuse» du roman de l’écrivaine marocaine Nadia Essalmi, le lecteur pense d’emblée à la mante religieuse. Dans les détails, la lecture de cette nouvelle, portant la même appellation du recueil, laisse voir une héroïne fort appréciée par des hommes qu’elle finit par bouder. Une démarche qui s’apparente à celle de cette espèce qui dévore d’autres insectes. Au-delà de cet emprunt, cette œuvre, composée d’une dizaine d’histoires, a une particularité de taille.

Un chevauchement entre peaux féminine et masculine
Après la première nouvelle «Le je (jeu) de l’enfant», qui relate l’histoire d’une fillette violée par son beau-père, « Le corps à corps » aborde un garçon qui se sent fille. Dans cette deuxième nouvelle, l’auteure s’exprime à la fois au nom des deux sexes. De quoi confirmer ce chevauchement qui est, selon Mme Essalmi, voulu. «Il est à l’image du contenu du recueil, une façon de souligner d’un côté mon attachement à la parité et de l’autre montrer que les situations sociales dramatiques peuvent atteindre les deux sexes. Le cri de révolte qui parcourt ce livre peut être exprimé par une femme mais aussi par un homme. «La révolte n’a pas de sexe. Et puis, j’aime cette capacité qu’a la plume de s’immiscer tantôt dans la peau d’un homme, tantôt dans la peau d’une femme. En fin de compte, la plume est asexuée », explicite-t-elle. Outre cette particularité entre autres, l’œuvre laisse voir un côté hilarant chez sa conceptrice. C’est le cas même de la nouvelle «L’amante religieuse» qui met en jeu un personnage masculin qui se fait du mal sans se rendre compte à force de contempler l’héroïne. Aussi, l’histoire de «Sois belle-mère et tais-toi » est marquée par des notes d’humour puisqu’une belle-mère n’apprécie pas sa bru n’étant pas d’origine fassie. Cependant, la publication, dont d’autres nouvelles sont titrées «En chœur » qui met en relation un couple juif et musulman et «Droit dans le mur» qui parle d’un enfant en bidonville, a une autre grande spécificité.

Des questions sociales de taille
Outre le viol dans la première nouvelle et celle intitulée « La fille du pauvre », ainsi que le viol conjugal dans «Le coucher de l’aube », Mme Essalmi aborde le mariage des mineures. «Ce sont effectivement des sujets dont on ne parle pas pour plusieurs raisons. Je peux en citer la honte, la misère et l’ignorance… Nous avons des familles qui subissent l’inceste, mais ont du mal à en parler parce que la honte les submerge et la peur du qu’en-dira-t-on et des voisins. Elles préfèrent souffrir dans le silence. Ce livre parle pour elles. Il faut bien secouer le cocotier et dire les maux qui rongent notre société », répond-elle à la question concernant ses attentes après la sortie de son œuvre en abordant de tels sujets tabous. Quant à ses projets, elle en a, d’après elle, plein la tête. «Je suis en train d’écrire un roman depuis des années, par manque de temps. Comme vous le savez, l’écriture est chronophage et prenante. Je dirais même que quand on écrit, on ne doit faire que cela. Les idées vous mangent la tête et vous accaparent et il faut les coucher sur les pages pour les calmer et surtout les fixer. Or, quand on manque de temps, l’exercice devient laborieux, et à la limite du harcèlement», s’exprime-t-elle.

C’est le titre de la boite
Rappel du parcours de l’auteure
Profil : Nadia Eassalmi est également directrice de la maison d’édition «Yomad» dédiée à la littérature jeunesse. Elle organise également son célébrissime événement «Littératures itinérantes» dont la 5ème édition est prévue le 3 juin à la Marina de Tanger. Une quarantaine d’écrivains en provenance de plusieurs et différents pays y est attendue. Cette manifestation sera également marquée, avec l’appui de l’organisation internationale de la francophonie, par un concours de la nouvelle dédié aux plumes en herbe. Le thème de cette compétition, dont le dernier délai de candidatures est fixé à fin avril, étant « Penser, écrire la Méditerranée». En plus de «L’amante religieuse», qui était récemment finaliste du Prix Ahmed-Baba organisé lors de la 15ème rentrée littéraire du Mali, la romancière a, à son compteur le recueil de textes appelé «La révolte des rêves» publié chez Virgule éditions et préfacé par l’auteur Fouad Laroui.

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