Culture

Nawal Sekkat : «Ce n’est pas en jouant avec les couleurs que l’on peut s’exprimer»

© D.R


ALM : Après avoir fait au début de votre carrière de la peinture figurative et utilisé de la photographie, peut-on qualifier actuellement votre peinture d’abstraite ?
Nawal Sekkat : Cet adjectif qualifie par définition «ce qui ne ressemble en rien à la réalité». Or, dans mon travail, on retrouve en profondeur des éléments de la nature. Mon style est qualifié d’informel et de non-figuratif. Sauf que mon langage plastique n’est pas figé. Il comprend également plusieurs aspects des périodes importantes de mon parcours artistique, notamment le figuratif et la photographie.
À un moment de mon parcours artistique, je prenais des photos et ce pour m’inspirer de la nature sans la copier intégralement, comme par exemple pour traduire en peinture le reflet de l’eau. Le figuratif a été aussi une étape qui m’a permise d’évoluer.
Quels sont les matériaux que vous utilisez et comment définir votre démarche plastique ? 
Je travaille sur les contrastes dans les couleurs ou les matières. Aussi, j’utilise différents supports, tantôt la toile de jute avec sa surface rêche, tantôt des toiles de lin ou de coton, plus douces, en plus d’autres supports non conventionnels comme le tapis traditionnel ou le cuivre. Ainsi ma démarche plastique se définit dans une recherche permanente de la matière.

Quels sont les sujets qui vous tiennent à coeur ?
Plusieurs sujets ne me laissent pas insensible. Par exemple, j’ai fait une série «Transcendance» notamment lors de ma récente exposition à la galerie Lineart de Tanger. Il s’agit de carrés de cuivre sous-verre qui captent la lumière. Instable et mouvante, cette dernière évolue et à un moment donné et les formes du carré changent. Le carré se brise par endroits et les angles s’arrondissent.
J’ai aussi abordé des sujets évoquant l’empreinte du passé sur le présent. Et ce, à travers un travail sur le tapis marocain comme support, un support où existe déjà l’usure du temps et qui est porteur de toute une histoire. Il était question dans une partie de cette création intitulée «Empreinte» de projeter mon art non pas sur une toile mais sur un support où le temps a déjà laissé son empreinte. Le critique d’art Michel Hergot avait souligné que l’originalité de ma démarche est de «se servir du temps pour créer un présent novateur»

Quelles sont vos sources d’inspirations ?
Ma démarche artistique est liée à mon vécu et mes observations  avec un ancrage dans mes racines et une ouverture sur le monde. Le vécu des autres, la nature  qui m’entoure, m’influencent.  Quand je suis dans mon atelier, j’essaie d’exprimer mes émotions et mes différents ressentiments, allant du tragique ou réjouissant. Ce n’est pas en jouant avec les couleurs que l’on peut s’exprimer. Mon besoin d’expression est basé sur la rigueur et le travail. Je me nourris des voyages et du contact avec l’Autre. Je ne suis pas du genre à m’enfermer dans mon atelier pour travailler. J’ai besoin de sortir, voir, observer, faire des croquis, rencontrer des gents, leur parler, échanger des idées pour revenir plus riche dans mon atelier. Je pars de mon atelier pour y revenir.

Vous avez également exposé à l’étranger.
J’ai exposé à Paris, à Nice, à Montréal entre autres, aussi au Musée d’art et d’histoire de Draguignan où une de mes œuvres fait partie de la collection permanente. 

Qu’est-ce qui vous a interpellé à chaque fois que vous avez exposé à l’étranger ?
Bien sûr il y a une différence entre le milieu de l’art au Maroc et à l’ étranger. Chaque scène a son identité et son histoire. Et c’est cela qui est intéressant : sortir, explorer et revenir, promouvoir chacun à son niveau, la culture marocaine à l’international et inviter d’autres artistes à venir découvrir cette culture dont on est fier. Et cela est aussi l’esprit du travail de l’association Ambre-Morroco dont je suis membre et qui œuvre dans cette perspective. Je suis aussi membre de l’Association marocaine des artistes plasticiens.

Que représente pour vous la peinture ?
La peinture constitue pour moi une grande aventure, une exploration dont le but est d’arriver à s’exprimer. Une fois l’œuvre exposée, chacun est libre d’en faire sa propre interprétation. Ma passion pour cet art est née de ma grande sensibilité et de ce besoin d’expression.

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