Culture

“Ni de l’abstraction, ni de la figuration”

Aujourd’hui le Maroc : Vous utilisez de grands formats dans votre peinture. Comment faites-vous pour les peindre ? Vous les étendez sur le sol?
Mohammed Kacimi : Oui, il m’arrive très souvent d’étendre la toile sur le sol. Je m’occupe de toute la préparation du support de mon travail en le faisant avancer sur le sol. Je peins sur le sol, je progresse dans ma peinture au contact du sol ; mais à partir d’un certain moment, j’éprouve le besoin de verticaliser la toile. La saisie visuelle ne peut s’effectuer qu’une fois la toile verticalisée. Cela me permet d’avoir le recul nécessaire pour voir vers où va la toile, parce que lorsque l’on a le pied et le nez dedans, on n’arrive plus à distinguer le sens dans lequel se développe la matière. La verticalisation de la toile permet de voir clair dans les figures.
A.L.M. «Figures» ! Il y a de la figuration dans ce que vous peignez…
M.K. Oui, bien sûr ! Je le revendique. La figuration correspond à une démarche réfléchie, à un choix. Mais elle n’a rien à voir avec la figuration académique. Je suis attaché d’une façon profonde et indéfectible à l’homme. Donc ma peinture ne peut être que le miroir de cette préoccupation. Je ne peux que traiter du corps de cet homme qui nourrit ma peinture tout en se confondant avec elle. Ce n’est ni une question d’abstraction ni de figuration : ma technique est tout cela à la fois. Je ne rejette rien de ce qui peut pousser l’expression.
A.L.M. Et votre fascination pour le désert ? Parlons des «Désertiques» de Paris d’abord.
M.K. C’est un ensemble de travaux réalisés au Mali, à Saint-Louis au Sénégal, avec quelques oeuvres commencées là-bas et terminées ici. C’est pour cela que j’ai choisi d’intituler cette exposition «Les désertiques». Quant au désert, chacun a le sien, il y a le désert du mystique, le désert de l’ingénieur, le désert du chercheur de pétrole, le désert du stratège, le désert du militaire… Et chacun le voit à sa façon. Le chercheur de pétrole demande du pétrole au désert, moi je ne demande rien au désert ! Je ne suis jamais arrivé à percer le mystère du désert. Il y a quelque chose de fascinant dans ce vide. Je ne peux pas expliquer mon attachement à ce lieu, qui est aussi un lieu de la mort. Mais en même temps quand je me dis «qu’est-ce que je fais là ?» Je ne trouve pas de réponse. C’est extraordinaire ! Le désert est un lieu peuplé d’absences.

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