Culture

Nouvelles : «Le passé intérieur» aux éditions Marsam

© D.R

Le passé intérieur, le recueil de nouvelles d’Ahmed Laaroussi Chater paru aux éditions Marsam est dans les librairies. Il nous présente un étrange ballet. On y voit défiler des spécimens d’humanité étranges, si simples qu’ils sont parfois incommodants. De plus, ils sont souvent en compagnie d’animaux pas très cathodiques. Ainsi voit-on dans ce recueil un chien qui avise de la disparition de son maître, des moineaux qui «enterrent» l’un des leurs… Mais, les bêtes ne sont pas les seuls êtres extraordinaires qui peuplent ce recueil échevelé : on y trouve une pléiade d’entités surnaturelles aux noms familiers. Aicha Kandicha, le mendiant aux millions, la bicyclette, le revenant …
Les historiettes racontées par l’auteur parlent d’hommes déracinés, de marginaux charriés par les tonneaux de la vie et qui retrouvent la foi, d’animaux revenus à l’état humain, d’événements qui dès l’allumage, partent en vrille dans le mauvais sens. En un mot, elles disent le quotidien sur lequel la perception n’avait pas bonne prise jusqu’à ce que l’écriture s’en mêle. Au contact de cette réalité, l’auteur marie les genres, s’essaie à différents styles et l’on ne sait plus à la fin s’il narre ou s’il nargue. Car bien souvent ses histoires ont un son de déjà entendu. Qui donc n’a pas ouïe dire d’Aicha Kandicha? On la disait dévoreuse d’hommes, certains la voulaient résistante contre l’occupant portugais, l’auteur lui en fait un être surnaturel tout à fait ordinaire. Car s’il y a un lien fondateur dans «le passé intérieur», c’est la volonté de démythification. Voire de démystification.
Pour Ahmed Laaroussi Chater, la réalité veut que derrière chaque mythe il y ait un banal événement enjolivé au fil des narrations. Il faut simplement tapé sur la dernière pour que la poussière du temps s’envole et que le vieux fond se révèle à l’œil nu. Mais l’auteur y met la forme littéraire. Et ce n’en est que tant mieux. Ses récits sont conduits comme des contes de places publiques peu avant la prière d’Almaghrib. L’entrée en matière y est déroulée de manière à détourner l’attention le temps d’asséner un final où tout est révélé simplement, sans fioritures. Mais, on ne guérit pas facilement de 30 ans de pratique du journalisme et l’auteur reste le scrutateur éveillé de la vie qu’il a toujours été. Alors, souvent, au plus fort de l’intrigue, il y a un détail qui flotte au-dessus de la scène. Il suffit parfois à relancer l’histoire dans une direction que ne laissait pas prévoir la mise en place originelle . Et tout aussi souvent, l’histoire revient à son point de départ. Comme fait parfois la grande, celle qui s’écrit avec une majuscule.

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