Il milite pour l’éducation artistique
Dès l’entrée de sa petite villa à Harhoura, des œuvres de poterie ne passent pas inaperçues. En fait, celles-ci sont conçues par des enfants qu’il initie à ses arts de prédilection et dont il s’y entoure dans son atelier. L’artiste-peintre marocain, Omar Mkinsi, qui finit par troquer sa carrière en ressources humaines dans une entreprise pour celle de céramiste également et de musicien entre autres, est un vif passionné. Un grand amour qu’il exprime calmement tout en dévoilant les raisons de ses choix.
De responsable RH à artiste
«C’est ce poste qui m’a permis d’avoir une certaine approche pédagogique avec les enfants et andragogique avec les adultes», précise-t-il. Durant sa trajectoire professionnelle, l’artiste, d’origine slaouie, fait, tel qu’il le détaille, «le constat unanime que l’éducation est la base de tout développement». «La base de toute éducation solide c’est l’art et la culture. C’est pour cela que mon orientation vers l’art est une continuité. J’y trouve mon compte», enchaîne-t-il sans aucune transition. Le tout en se qualifiant de « militant». «J’ai décidé de défendre la cause de l’art à mon échelle», ajoute-t-il. C’est ainsi qu’il crée son atelier «The Little Workshop». Cette structure, dont l’appellation semble faire aussi allusion à son intérêt pour les enfants, a plusieurs visées.
Un atelier pour «promouvoir un modèle»
«J’ai décidé d’ouvrir cette institution sous forme d’une entreprise sarl pour promouvoir un modèle avec des objectifs autres que la rentabilité», explicite-t-il. Il s’agit notamment dans ce sens de buts «sociétaux dont la pratique artistique». «Cependant il faut qu’il y ait un cadre réglementaire et un statut d’entreprise sociale qui puissent être créés. Il faut que des entreprises, et non seulement que des associations, puissent avoir un statut d’utilité publique en prétendant à des levées de fonds», avance-t-il. Quant à son art, il s’y forme constamment tout en ayant déjà la corde de la musique à son arc. «Outre ma formation en céramique, je me suis initié, à Oulja, à toute la chaîne de travail de la terre», révèle-t-il en rappelant, entre-temps, sa collaboration avec d’autres artistes-peintres comme Rachid Benabdellah pour organiser des ateliers caritatifs de peinture et dessin pour petits.
Venir en aide aux enfants avec des difficultés
«Plusieurs enfants viennent pour se développer à la fin de la séance. Je prends ma guitare et nous chantons ensemble. Nous faisons un peu de tout, peinture, dessin et céramique. Je veux être un semeur de passions», confie M. Mkinsi. Et ce n’est pas tout! «J’ai beaucoup d’enfants qui souffrent de certaines difficultés comme le manque de concentration, des enfants turbulents mais avec lesquels je vois des résultats spectaculaires en termes de motricité fine par exemple. Contrairement à un travail mécanique en RH, je récolte via l’art des récompenses morales et cela a beaucoup de sens», s’exprime l’artiste. D’où sa bonne cause. «Je milite pour qu’il y ait des programmes artistiques pour se renforcer dès le plus jeune âge dans toutes les écoles et tous les quartiers. J’aimerais bien qu’il y ait dans chaque rue un atelier comme le mien», suggère-t-il. Au nom de son workshop, il est sorti voir des associations pour organiser des ateliers pour leurs enfants. Une tâche qui n’est pas toujours évidente «vu le cadre normatif manquant au Maroc». «Il est difficile de faire le juste milieu entre le domaine associatif et celui de l’entreprise. Je ne critique pas l’action associative mais il faut une complémentarité», martèle-t-il en laissant voir un attachement à sa démarche. Le tout en révélant davantage ses prédilections artistiques.
Une originalité en céramique
L’artiste, dont le père défunt était également, intellectuel passionné pour l’artisanat, se confronte à plusieurs disciplines comme le paysage abstrait. Entre peinture, musique et céramique, les univers diffèrent à son sens. «J’ai eu du mal à me spécialiser et définir mon propre style que je prends le temps de développer. Ma priorité était l’acquisition de techniques pour un but de transmission. Je fais aussi du figuratif, des portraits au crayon aussi et au feutre ainsi qu’en noir et blanc», dévoile l’artiste qui tente de préparer une exposition individuelle outre d’autres collectives. Dans son atelier, des œuvres en céramique attirent l’attention. C’est le cas d’un singe en couleur argent. Mieux encore, il fait recours a d’autres tons «organiques de fruits, vivants et naturels». «Je pense me démarquer vraiment par la céramique. J’utilise des techniques très peu communes. J’essaie d’aller dans des formats qui doivent me parler au point de devenir original non seulement par les couleurs que je choisis, mais aussi la technique. Ce sont des secrets, voire des recettes que j’ai développées, des formules chimiques que je mets en place pour avoir un certain rendu», poursuit-il d’emblée. En sculpture qu’il fait également, il utilise la roche brisée avec une peinture de couleur florale. «J’aime aussi beaucoup dessiner les instruments», confie-t-il entre-temps en s’exprimant de plus sur ses dessins dont il fait une série avec le même personnage avec «beaucoup d’introspection». «Je fais également un portrait avec un seul fil outre le tissage et la tapisserie», illustre l’artiste également professeur d’art à l’école belge de Rabat. A son compteur, une autre expérience au centre Al Manar avec d’autres artistes pour les fins d’une quête perpétuelle de perfectionnement.
Forte pensée aux enfants autistes
Par l’occasion, il ne manque pas de révéler des
formations supplémentaires notamment l’éducation d’éducateurs spécialisés en autisme avec une certification canadienne. «Nous voulons recevoir des enfants autistes pour les aider afin de développer leur motricité. Ce domaine est très particulier. Les parents souffrent et les enfants aussi. Pour ma part, j’accepte de tels enfants», conclut-il avec une lueur d’espoir.